Aimer d une rive à l autre
236 pages
Français

Aimer d'une rive à l'autre , livre ebook

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236 pages
Français

Description

Avant elle, il ne savait pas ce qu'aimer voulait dire. Avant lui, elle ne savait pas... Aimer comme une évidence, aimer comme le plus grand bonheur et la plus grande douleur. Tout plaquer, tout abandonner, parce que l'amour emporte tout. L'amour qu'ils ne veulent pas perdre entre les rives du lac réunies entre leurs mains.

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Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140121616
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanLouis LOPEZ
Aimer d’une rive à l’autre
Roman
Rue des Écoles / Littérature
Aimer d’une rive à l’autre
Rue des Écoles La collection « Rue des Écoles » est dédiée à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Elle accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus
Le Blay (Pierre),Les grenouilles auront-elles toujours peur des crocodiles ?, 2019. Fainsilber (Liliane),Trois boutures de jasmin, roman, 2019. Tourné (Pierre-Jacques),L’hypnophobe, roman, 2019. Kanyiki (Lumbamba),Chant du corbeau, récit, 2019. Benoit (Jean-Louis),Au sommet de la colline, roman, 2019. Peltier (François),Le club Kierkegaard, roman, 2019. Mallard (Rémy),Manège, nouvelles, 2018. Pittet (Ignace),Promenade d’un rêveur solidaire, récit, 2018. Mathé-Cachia (Marie-Hélène),Le ventre du laboratoire, roman, 2018. Charvet-Bernard (Christiane),y a longtemps que je t’aime Il , roman, 2018. Albaterra (François),Les fausses routes du siècle, roman, 2018. Bitaine de la Fuente (Marie-Thérese),Horizons tremblés, nouvelles, 2018. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Jean-LouisLOPEZ
Aimer d’une rive à l’autre
Roman
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16945-3 EAN : 9782343169453
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Ils ont quitté la rive du lac et ils marchent côte à côte dans les rues de la vieille ville. Leurs pas sont lents maintenant, ils regardent le sol en se jetant quelques regards aussi rapides que timides. Il y a certainement beaucoup de monde qui déambule comme eux : des couples enlacés, des familles ou des touristes, un couple de personnes âgées qui se tient par la main. Eux marchent côte à côte. La bise qu’ils ont échangée tout à l’heure en prenant garde que leurs joues ne se touchent pas ne compte pas. Il reste ce pas à faire, le contact des peaux et des chairs. « Le désir est une affaire de peau », il pense. « J’aimerais juste avoir ma main dans la sienne », elle pense. Dimanche après-midi, la nuit tombe encore tôt, avec elle, le froid des derniers jours du mois de mars. Il montre du doigt l’entrée d’un pub. Elle acquiesce en clignant des yeux. Ils sont toujours côte à côte, assis maintenant sur la banquette en velours du pub. Ils parlent à voix basse en regardant leur verre. Il y a peut-être d’autres couples autour d’eux, des amis ou des familles. Il y a certainement de la musique comme dans tous les pubs. C’est un jeune homme ou c’est une jeune femme qui leur a demandé ce qu’ils voulaient boire et qui les a ensuite servis. Il y a certainement aussi un jeu de fléchettes au fond de la salle
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et quelques joueurs bruyants. Il y a sans doute du bruit, du monde et du mouvement autour d’eux mais ils sont seuls, immobiles dans leur silence, entrés dans un monde invisible où ils se sont aventurés sans le savoir. Sa main à lui s’est posée sur sa cuisse et a glissé sur le velours de la banquette, petit doigt détaché de la main, espérant un contact avec un doigt à elle qui aurait glissé également jusqu’au velours, à l’abri des regards de ceux qui pourtant n’existent pas. Ils échangent des banalités sur leur activité professionnelle mais c’est autre chose que leurs yeux brûlants sous leurs paupières expriment. C’est d’un autre sujet dont il est qu’il question, leur rendez-vous ce dimanche. Un autre sujet que leurs paroles n’ont pas encore abordé, comme si elles ne pouvaient prendre sens que loin des tâtonnements initiaux… Ses mains à lui sont autour de son verre maintenant. Il les ouvre lentement et les regarde comme s’il leur demandait de prendre leurs responsabilités. Elle aussi regarde ses mains à lui, sous ses paupières baissées, comme une femme détaille en rougissant la virilité de l’homme. Elle les trouve belles ces mains. Elle a envie d’y glisser les siennes et de fermer complètement les yeux. Elle remet en place une mèche de cheveux sur son front, dissimule son trouble et le léger tremblement qui la parcourt. Il lui sourit en suivant son geste. – Tu es belle, il fait dans un souffle. Elle lui rend son sourire. « J’ai entendu », font ses yeux. Une femme peut être belle, c’est dans le mouvement qu’elle dévoile son charme. Elle continue à parler pour ne pas perdre pied ou pour perdre pied complètement. Pas plus que lui, elle ne sait ce qu’elle dit. Il répète, toujours aussi bas :
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– Tu es belle. Silence dans le silence. Visages graves alors qu’elle a envie d’éclater de rire, alors qu’il a envie de monter sur la table et de le crier, qu’elle est belle. Gravité d’adolescents conscients de la première fois… La serveuse ou le serveur, ils ne sauront jamais, ramasse le billet posé sur la table et lâche quelques pièces qui rebondissent dans leurs yeux. Dès que l’ombre qui les a servis tourne les talons, leurs visages se rapprochent et, d’un coup, leurs lèvres se rencontrent. Premier baiser caché des regards. Premier baiser furtif, rempli de désir et d’inquiétude. Oser les derniers centimètres en espérant de ne pas être déçu. Ils se connaissent depuis des mois et pensent tous les deux qu’ils ont beaucoup à perdre… Leurs lèvres se séparent déjà, leurs visages se reculent, pas leurs yeux. Le contact n’a duré qu’un instant, leurs langues ont à peine eu le temps de s’effleurer. Ils se regardent sans ciller et sourient doucement. Chacun rassure l’autre et se rassure en même temps. « C’était bon », se dit-elle. « C’était bon », se dit-il. Leurs mains se sont rapprochées et leurs doigts se sont rencontrés sans qu’ils y prennent garde. Ils se croisent, s’entrecroisent, se caressent pour faire connaissance, comme s’ils avaient attendu une éternité ce moment et qu’il leur appartient désormais de dire s’il doit y avoir une suite. Dans la rue, elle repousse la main devenue indésirable qui voulait garder la sienne. Elle est connue dans cette ville et ne voudrait pas… Il essaie de ne pas montrer sa déception et enfonce ses mains dans les poches de son blouson en cuir usé. Un blouson qu’il a acheté il y a plus de 20 ans quand il faisait de la moto. Un blouson qui n’a pas peur des chutes… Ils marchent à nouveau côte à côte
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