Honnis soient-ils !
133 pages
Français

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Honnis soient-ils ! , livre ebook

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Description

Romance historique - 253 pages


Apolline et Célestin vont enfin pouvoir vivre loin de l’opprobre qui pèse sur leur famille. Amélia est rassurée. Tout se met en place pour lui offrir une existence plus paisible. Elle va pouvoir enfin vivre sereinement auprès de Côme.



À moins que le destin en décide autrement !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9782379612046
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Honnis soient-ils ! Livre 4 : Jehan

Livre 4 : Jehan


PATRICIA LE SAUSSE
Livre 4 : Jehan


PATRICIA LE SAUSSE



Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-204-6
Photo de couverture : Misha Lazar
Modèle : John Toyane
Remerciements

Pourquoi changer une aussi bonne équipe ?
Donc, encore un grand merci à :
L.S. Ange, créatrice et directrice des éditions Elixyria, qui chouchoute ses auteurs comme personne.
Didier, toujours aussi efficace et talentueux.
Muriel et Aurélie, mes bêta-lectrices d’amour.
Chrys, pour son sourire, son enthousiasme, son soutien.
Toi, cher lecteur, chère lectrice, pour ta fidélité et ta confiance.
Que me reste-t-il ?
Rien… Tout ?
À moi de décider !
CHAPITRE 1

1 er septembre 1475

Les heures qui suivirent la naissance de Charles, ainsi l’avait nommé Jehan, et la mort de Madeleine en ce premier jour de septembre, furent abominables. Entre les pleurs du bébé que le linge trempé de lait de brebis n’arrivait pas à rassasier assez vite et les gémissements de peine de Côme, endormi dans mon lit, perdu dans ses cauchemars, je ne réussis pas à trouver le sommeil. Je n’étais plus toute jeune, bientôt trente-huit automnes, et n’avais plus les capacités physiques pour vivre cet enfer nuit après nuit. Au petit matin, ma décision était prise. Quoi qu’en pensât Jehan, je ne resterais pas ici !
Je refusais l’idée de ne pas avoir Célestin à mes côtés pour ses derniers jours de présence avant notre séparation devenue inéluctable. Mon cœur se déchirait déjà à cette idée. J’avais l’intention également d’emmener mon mari avec moi. La vision des sursauts qui avaient accompagné ses réveils au cours des heures nocturnes, l’effroi qui avait paré son regard quand il avait cherché le mien pour être rassuré, avaient fait remonter à la surface tout l’amour que je lui portais. Ses tremblements, ses sanglots muets, alors qu’il se terrait dans mes bras pour tenter d’oublier ce qu’il avait vu dans cette chambre, m’avaient convaincue qu’il avait besoin de moi. Je serais là pour lui.
En une soirée, tout avait changé. L’implacabilité du destin, l’inflexibilité des desseins de Dieu m’étaient apparues dans leur immensité. Rien ne servait d’essayer d’aller à leur encontre. Si Dieu avait décidé une telle vie pour moi, autant la vivre le mieux possible puisque tout m’y ramenait, même s’il m’en coûtait finalement mon âme. Je préférais attendre ma rédemption au purgatoire avec Côme plutôt que d’atteindre le paradis sans lui.
Avec la mort de celle qui devait me succéder en tant que bourrelle, mes rêves d’une existence paisible sans le poids de la malédiction pesant sur la famille de l’exécuteur venaient de se volatiliser. Je ne pouvais plus me soustraire à mon devoir. Jehan ne le permettrait pas.
Jehan ! Ce fils que je ne reconnaissais plus. Que lui était-il arrivé ? Pendant que je me torturais l’esprit encore et toujours, je n’avais pas remarqué combien il se refermait sur lui-même. Avais-je pris pour de la sérénité ce qui n’était au fond qu’un replis vers quelque chose de plus noir, de plus obscur que notre vie ? Je n’en savais rien.
Je revoyais en pensée l’affolement de Côme face à ce que proposait de faire Hakim : ouvrir le ventre de Madeleine pour en faire sortir l’enfant. « Dieu ne le tolèrera pas », s’était-il exclamé. Sur quoi, Jehan avait répondu : « Je m’en expliquerai avec lui. Lui et moi nous comprenons. »
Certains y auraient entendu un blasphème, je préférais croire qu’il ne s’agissait que des paroles malheureuses d’un jeune homme peu habitué à s’exprimer, perturbé par la tournure des événements.
J’y pensai toute la nuit et, au matin, quand des bruits me parvinrent de la cuisine, je décidai de descendre pour mettre les choses au point sur mon départ de cette demeure. Après un regard à Côme et Charles qui dormaient tous les deux, j’inspirai profondément, serrai les poings avant de les détendre, et m’engageai sur la première marche.
Jehan se trouvait bien dans la pièce principale. À mon entrée, il se tenait dos tourné, en train de relancer les braises dans l’âtre. L’inquiétude grimpa d’un cran en moi, contractant mon ventre, devant son absence de réaction. Il ne pouvait pas ne pas m’avoir entendue descendre, cherchait-il à m’humilier en feignant l’indifférence ? En étions-nous arrivés à un tel point de non-retour ? Me détestait-il ? Je l’avais traité de meurtrier, me le pardonnerait-il ? Un hoquet de souffrance se bloqua dans ma gorge, gênant ma respiration.
J’allais faire demi-tour et remonter dans ma chambre, incapable en définitive de faire face au désamour de mon enfant, quand il se redressa laborieusement et vira sur lui-même. Ses gestes étaient lourds, pesants, lents. Mon cœur de mère rata un battement. Que lui arrivait-il ?
Quand enfin son visage se tourna vers moi, je découvris ses yeux coupables. Un rire faillit m’échapper. Malgré le vingt-troisième anniversaire de sa naissance qui arrivait, je retrouvais le petit garçon fautif, celui qui craignait les remontrances, qui souffrait à l’idée de m’avoir déçue. Je ne pus m’empêcher d’aller vers lui pour prendre ses mains et lui offrir un sourire rassurant.
— Je suis désolé, mère. Je n’aurais jamais dû vous rembarrer ainsi. Je comprendrais que vous vouliez partir et ne plus jamais m’adresser la parole.
— Ne fais pas ton jobastre ! Tu étais bouleversé comme nous tous. Moi aussi, je me suis égarée. Dans ces moments-là, on dit n’importe quoi ! J’en parlerai à Dieu… J’espère qu’il ne t’a pas entendu et n’a pas l’intention de venir nous faire la causette !
Mon trait d’humour le dérida un peu, avant que l’un et l’autre fassions un signe de croix rapide. Jehan y rajouta un pater-nôtre avant de retourner à la marmite de gruau mise sur le feu. Rassurée, je m’activai à mon tour, cherchant les bols sur les étagères. Plus rien n’était comme par le passé, tous les rangements avaient été réorganisés. J’eus une pensée pour Rose et Ursuline, ma belle-sœur décédée et sa servante en fuite, cela les aurait horrifiées. La cuisine avait été leur domaine pendant si longtemps.
Côme nous rejoignit. En une nuit, le gris avait pris le dessus dans ses beaux cheveux bruns. La démarche peu assurée, il s’affala sur le banc à mes côtés. Tête baissée, il attrapa une cuillère en bois, la trempa dans son bol, mais ne la porta pas à sa bouche, se contentant de la tourner dans un sens, puis dans l’autre. Le voir si triste, si abattu me secoua. Je ne pouvais pas le laisser ici. Il allait dépérir, devenir fou à se ronger les sangs ainsi, submergé par la culpabilité. Pire, il allait en mourir ! Le réaliser me coupa le souffle de souffrance, cela m’était insupportable. Je ne pouvais plus reculer, la confrontation entre Jehan et moi était inévitable. Je regardai mon garçon s’asseoir, cherchant le courage de me lancer. Il fut le plus rapide :
— Mère, je me rends compte que vous ne pourrez pas, nuit après nuit, rester éveillée pour alimenter ce bébé et faire de même le jour. Il lui faut une nourrice.
Côme releva la tête à ces mots, sourcils froncés. Je m’apprêtais à redire ce que je lui avais déjà signifié quelques heures auparavant, quand, d’un geste apaisant des mains, il nous fit comprendre qu’il n’avait pas fini de parler.
— Je sais qu’aucune femme allaitante ne voudra entrer ici. L’emmener dans votre demeure et le confier à une des filles-mères pour qu’elle le nourrisse me paraît la meilleure solution. Vous aviez raison. J’y ai réfléchi et je conviens qu’il vaut mieux que je le laisse à votre garde jusqu’à ses six ans. Ensuite, comme Côme l’a fait avec moi, je le prendrai en apprentissage. Il viendra vivre dans cette demeure. D’ici là, je passerai de temps en temps afin qu’il s’habitue à ma présence, qu’il me connaisse.
Jehan me fixa, attendant mon assentiment. Éberluée par ce retournement de situation, je demeurai muette. Il insista :
— Y voyez-vous à redire, mère ?
— Bien sûr que non ! ronchonna Côme en se levant. Je vais chercher les affaires que Madeleine avait préparées pour son petiot.
Sa voix se brisa sur ces derniers mots. Il s’enfuit plus qu’il ne sortit de la cuisine pour se rendre dans sa chambre qui était devenue celle de cette femme, avant de se transformer en lieu de carnage. Allait-il pouvoir y entrer sans s’effondrer ?
— J’ai tout nettoyé, me rassura Jehan qui avait compris mon appréhension.
— Je l’emmène aussi avec moi, fut tout ce que je réussis à lui répondre tant les mots avaient du mal à franchir le nœud obstruant ma gorge.
Jehan se contenta d’un hochement de tête en retour avant de sortir dans la cour. Je le regardai s’éloigner, interloquée. Une petite voix au fond de moi trouvait cela trop facile. Mon côté mesquin ricanait qu’une nuit à entendre pleurer un bébé avait eu raison de sa volonté. Je n’eus pas le temps de m’appesantir sur ce ressenti, un bruit de chute à l’étage me précipita dans l’escalier. Sur le palier, par la porte entrouverte, je découvris Côme, les mains au sol, assis sur ses talons, recroquevillé sur lui-même. Je parcourus les derniers pas me séparant de lui et m’agenouillai.
Il priait. Je pouvais voir les larmes couler le long de ses joues mangées par une barbe de plusieurs jours. Doucement, je l’encerclai de mes bras et l’attirai à moi pour le consoler. Son front en appui sur mon épaule, ma main caressant ses cheveux, nous restâmes longtemps ainsi, immobiles. Lui, se repassant dans sa tête l’horreur de ce qu’il s’était déroulé ici la veille, et moi cherchant que dire pour en minimiser les faits, les rendre plus acceptables. Je n’y parvins pas, seul le temps, peut-être, en atténuerait le souvenir. Pour le moment, je ne pouvais qu’être présente.
Je réussis à le relever et le conduire jusqu’à ma chambre où Charles commençait à se manifester. Le plus simple pour ne pas se laisser abattre étant de vivre coûte que coûte, je déposai le bébé sur les genoux de son père naturel, adoptif, ou de son oncle, je ne savais pa

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