Je parie que tu m’aimes
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Je parie que tu m’aimes , livre ebook

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Description

New York, aujourd'hui.Elle ? Elle est une romancière un peu ratée, mais sûre d'elle. Elle vit dans une maison au style de grand-mère dans le vieux Brooklyn et roule en Coccinelle. Tout le monde l'adore.Lui ? C'est un homme raffiné, élégant et... amnésique.Ils sont issus de deux mondes différents. Mais alors que tout les oppose, le destin semble vouloir les rapprocher. Lorsque Ray rencontre Sarah pour la première fois, ils ignorent qu'ils sont au cœur d'un combat entre le Bien et le Mal, dont le dénouement impactera la vie de centaines de personnes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2020
Nombre de lectures 24
EAN13 9782365388726
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JE PARIE QUE TU M’AIMES Arnaud DARQUES  
 
www.rebelleeditions.com  
1
Une vague en fin de course s’engouffra dans sa bouche entrouverte, dégageant ainsi les grains de sable qui s’étaient organisés autour de ses molaires. Ses yeux s’ouvrirent de surprise au moment où il toussa à s’en extraire les poumons. Il redressa la tête des bris de coquillages et d’algues nauséabondes échouées. Dans cette posture, il ne voyait que du sable à perte de vue. Il poussa alors sur ses bras endoloris et se mit à quatre pattes. L’effort lui donna la nausée. Il en vomit ; de l’eau salée principalement, sur un fond de tequila. Ses tempes pulsaient douloureusement à chaque montée de sang dans ses veines, il avait de l’eau dans les oreilles. Il scruta droit devant lui, au bout de la bande de sable sur laquelle il se trouvait ; la lumière matinale, pourtant douce, lui piqua la rétine comme un millier d’aiguilles. Il écarta les mèches qui recouvraient ses yeux pour voir une rangée d’entrepôts de bord de mer qu’il ne reconnut pas.
Un amas gélatineux glissa sur sa nuque. Ses cheveux mouillés, bourrés de sable, formaient une boule écœurante, comme un rat crevé. Il vomit une seconde fois à cette idée.
Son esprit était embrumé. Il cherchait l’enchaînement de cause à effet qui l’avait conduit jusqu’ici, mais il n’arrivait pas à aligner deux pensées. Il lui fallait faire une bonne mise au point, trouver de l’aide, remettre de l’ordre dans sa tête, dans un endroit confortable, rassurant, sûr et sec.
Il chercha à se relever, mais fut pris de vertiges. Il passa la main sur sa nuque pour dégager les restes du rat. Du sang et de la croûte restèrent sur ses doigts. Il palpa alors son crâne pour découvrir une zone douloureuse. Il était blessé et avait pris un méchant coup sur la tête.
Il réunit la force nécessaire pour se mettre sur ses deux jambes. Il n’avait qu’une seule chaussure. À l’autre pied, sa chaussette gisait telle une méduse échouée, prête à se détacher de ses orteils. Il palpa les poches de son pantalon pour découvrir qu’elles étaient vides. Enfin, pas entièrement puisqu’il y trouva encore du sable.
Le soleil n’était pas sorti, même si quelques rayons partant de l’horizon rebondissaient déjà entre les nuages. Il s’engagea en direction des entrepôts, le pas incertain, chancelant et finalement déséquilibré par son unique chaussure qu’il décida d’abandonner. Il trouva un escalier en béton sur lequel il se hissa pour atterrir dans une zone portuaire désaffectée.
Il n’avait aucune idée de l’endroit où il était. Mais il ne pouvait s’agir que des faubourgs de New York.
Après quelques pas, il se retrouva bien vite dans un dédale de couloirs formés par des entrepôts aux vitres caillassées et aux murs couverts de graffitis. Pas un chat n’osait croiser sa route, tout simplement parce qu’il n’y avait pas un chat. Ses yeux se posèrent alors sur une porte ouverte dans laquelle il s’engouffra dans l’espoir de trouver de l’eau. Potable ou pas il s’en moquait, il avait besoin de se rafraîchir avant tout.
L’entrepôt était vide, sale et désaffecté. Il le traversa pour atteindre une autre porte, tout au fond. Ses pas résonnèrent à la manière de coups de marteau dans ce grand ensemble vide. Elle donnait sur une petite salle d’eau crasseuse et mal éclairée. Deux lavabos, deux toilettes. Il perçut alors un mouvement au fond de la pièce exiguë et fut surpris de voir quelqu’un à l’intérieur. Il ne chercha même pas à se cacher, étant donné son état. Il discernait une épaule et une partie de visage. Il se pencha discrètement et l’autre fit de même dans sa direction. Il était observé.
— Excusez-moi ! Je… Je ne voulais pas déranger. Je pensais qu’il n’y avait personne.
Il eut la curieuse impression de parler avec la voix d’un autre. L’eau dans ses oreilles sans doute.
L’inconnu ne répondit pas. Et tout comme lui, il ne bougeait pas. Tant pis, il tenta un pas en avant jusqu’à l’interrupteur noirci par la poussière accumulée et par des mains pas toujours propres. À sa grande surprise, l’inconnu s’était lui aussi avancé. Il appuya sur le bouton et une ampoule souillée se mit à cracher une lumière poisseuse.
Il réalisa alors qu’il était seul avec lui-même. L’homme qu’il avait vu en face de lui, ce parfait étranger, était en réalité son propre reflet dans un grand miroir. Il palpa son visage avec effroi, ses traits lui étaient complètement étrangers. Il ne reconnaissait pas ces yeux-là, ces joues non plus, ni cette bouche. Il en conclut, le souffle court, qu’il avait oublié qui il était. Le coup sur la tête avait laissé des séquelles.
Pris de panique, il dut se retenir à la paroi. Qu’avait-il pu se passer ? Il était complètement perdu et il n’avait aucune idée de comment il allait pouvoir se sortir de ce mauvais pas. Il n’avait ni argent, ni téléphone, ni papiers. Pour couronner le tout, il ne savait absolument pas vers qui se tourner.
Il actionna un robinet qui lâcha quinze secondes de boue avant de lui offrir une eau acceptable. Il emplit ses mains jointes et se rafraîchit le visage. Puis il y alla plus franchement en passant sa tête tout entière sous le jet, espérant que le froid lui éclaircirait les idées. Tout irait mieux ensuite, il essayait de s’en persuader du moins. Ce ne pouvait être que l’effet du choc, du coup qu’il avait reçu…
Le sable jusque-là pris dans ses cheveux s’enfuit par le trou d’évacuation dans une eau pourpre, puis rosée et claire pour finir. Il toucha l’arrière de sa tête, c’était douloureux. Il avait une belle bosse, mais la blessure n’était finalement pas si grave.
Lorsqu’il se redressa, c’était toujours un étranger qu’il voyait dans le miroir. Un homme atteignant à peine les quarante ans, parfaitement rasé, aux cheveux mi-longs grisonnants, les yeux marron aux pattes d’oie sûrement rieuses en d’autres circonstances. Un physique agréable en somme, mais un parfait inconnu.
Il refusa de boire cette eau chargée en bactéries, pensant trouver de l’aide rapidement. Il lui suffisait d’aller à l’hôpital le plus proche et son calvaire prendrait tout simplement fin. Peut-être même que le temps de s’y rendre il recouvrerait de lui-même la mémoire.
Un scintillement sur son cou attira son attention. Comme une lueur d’espoir. Il dégagea une chaîne en or porteuse d’un médaillon sur lequel il put lire un simple nom, un nom qui lui parlait vaguement : Ray . C’était le sien, sûrement. Qui porterait le nom d’un autre à son cou ?
Lorsqu’il sortit, le soleil éclairait tout de sa lumière réconfortante. Les premiers quartiers habités étaient aussi peu engageants que les entrepôts, mais il s’y aventura néanmoins. C’étaient des immeubles de trois ou quatre étages en vieille brique poreuse. Ils semblaient vides de toute vie. Des tricycles dans des courettes, du linge oublié sur un étendoir, de la mauvaise herbe le long des trottoirs, un chat en chasse, une voiture qui démarre un peu plus loin… Mince, il aurait pu demander de l’aide si elle n’était pas partie aussi vite. Curieusement, il n’osait pas frapper chez les gens. Il se sentait tellement démuni dans ce lieu sordide qu’il avait peur de se retrouver face à un quelconque criminel. Le style de quartier collait parfaitement aux rixes et aux gangs. S’il avait eu un véhicule, il ne l’aurait sûrement pas laissé le long de ces trottoirs lézardés et envahis par la mousse, car il était certain qu’il aurait été complètement désossé dans le quart d’heure.
Il lui fallut encore de longues minutes de marche pénible avant d’apercevoir quelqu’un. Une femme aux rondeurs disgracieuses et légèrement vêtue. Strass assortis au motif léopard et talons hauts (très hauts). Même en été, il faisait froid en cette heure matinale, il la prit donc pour une professionnelle sans trop de risque de se tromper.
Il remarquait bien qu’elle tentait de l’éviter, mais il l’accosta tout de même. Il avait besoin d’aide, de soin, de boire et de manger. Et puis, il se sentait bien trop faible pour entamer un autre kilomètre.
— Excusez-moi, Madame, je…
— Madame ? Voilà bien longtemps qu’on ne m’a pas gratifié d’un « madame »,

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