Le Spleen du carré St-Louis
84 pages
Français

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Le Spleen du carré St-Louis , livre ebook

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Description

Les deux compagnons n’ont maintenant plus de différence d’âge devant l’incompréhension d’être en ce monde, au milieu de milliards d’étoiles. Ils se demandent combien d’humains sur la Terre, au même moment, se heurtent à ce mystère insondable. Combien se laissent emporter par cette griserie de l’invraisemblable, par cette joie de la conscience, au centre de la nuit des temps, d’avoir une sensibilité fragile, partageant avec l’autre le sentiment de l’immensité et la découverte de l’humilité au bord de l’infini ? Combien d’humains ce soir, au même instant, s’interrogent sur les fondements du Big Bang ou du Big Crunch à venir ! Un cycle infernal de lumières et d’ombres, de l’illumination de l’amour aux ténèbres d’une matière opaque fermée à jamais sur elle-même, une inconscience absolue. Un effondrement gravitationnel à l’échelle du cosmos, un trou plus noir que noir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2011
Nombre de lectures 7
EAN13 9782923447445
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Spleen du carr St-Louis
Marc Fleury
Le Spleen du carr St-Louis
Roman
R vision
Jean-Louis Boudreau
Dominique Girard
Mise en pages
Pyxis
Photo
Daniel Cantin

Catalogage avant publication de Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada
Fleury, Marc 1949
Le Spleen du carr St-Louis : Roman
ISBN 978-2-923447-44-5
I. Titre.
PS8611.L49S64 2011 C843 .6 C2011-940421-4 PS9611.L49S64 2011
D p t l gal
- Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, 2011
- Biblioth que nationale du Canada, 2011
ditions la Caboche T l phones : 450 714-4037 1-888-714-4037
Courriel : info@editionslacaboche.qc.ca www.editionslacaboche.qc.ca

Vous pouvez communiquer avec l auteur par courriel : michelmarcfleury@gmail.com

Toute reproduction d un extrait quelconque de ce livre par quelque proc d que ce soit est strictement interdite sans l autorisation crite de l diteur.
Je remercie Dominique Girard et Jean-Louis Boudreau, pour leurs conseils pr cieux en mati re d criture et de structure narrative.
On survit parce qu on oublie et qu on laisse le pass s effacer de lui-m me.
Jean d Ormesson
Le Spleen Caf
Les arbres du carr Saint-Louis se d nudent trop t t. La fontaine est morte. La pluie lourde et froide ach ve les feuilles. Une une elles se r signent, sans espoir, emportant avec elles leurs gloires de l t quand elles r sistaient tous les vents. Dire que ces arbres robustes auxquels elles semblaient accroch es pour toujours, bravant les tourments du ciel, se replient maintenant sur eux-m mes, aimant mieux leur nudit crue que de relever le d fi automnal. Il aura suffi de quelques gel es meurtri res pour d faire la splendeur des panaches verts. Mais non sans r sistance. Avant de tomber dans le silence de l oubli, les feuilles ont donn toute leur beaut jusqu une mort flamboyante.
La lumi re des lampadaires perce peine le brouillard. La ville s abandonne aussi. Il y a dans l air des tristesses de passants, inquiets des froids qui viennent. Martha, frileuse, traverse le parc.
" Non, mais on l a-tu, l automne ? O est pass notre t indien ? Bordel, quel pays ! J aurais d m habiller plus chaudement. Du m tro Sherbrooke Saint-Laurent, c est rien. Si au moins ces rafales cessaient. Ouais! Je vais me caler un bon shooter en arrivant au bar. C est triste de voir la rue Prince-Arthur toute seule. Y a pas si longtemps, a jasait, discutait. Enfin la rue Saint-Laurent ! Le Spleen est deux pas. Vite, vite, j ai froid.
Martha arrive dans son monde tout petit, mais il lui semble vaste. Elle entre avec un coup de vent qui la pousse et referme la porte avec violence. Assis au bar comme d habitude, Roger, avec son cr ne lisse et brillant et sa mince cravate noire mal nou e, se retourne avec joie pour l accueillir.
- Eh ! Que voil la douce Martha. Y vente-tu assez ton go t, ma belle ?
- a, tu peux le dire, y vente en maudit.
- Madeleine ! Offre un verre notre fid le copine. On commen ait s ennuyer.
Martha accroche son manteau tremp . Ses cheveux noirs d goulinent sur ses paules. Elle essuie ses longs cils mouill s avant de foudroyer Roger du regard.
- Raconte a d autres, grand parleur. T avais mademoiselle de Sainte-Croix toi tout seul ! Tu ne devrais pas t en plaindre, grand nigaud ! J ai h te de voir un seul homme qui n en perd pas la boule.
- Voyons, Martha. Je ne suis pas si terrible que a, chacun son genre. T es pas trop mal non plus. Disons plus abondante.
- Ben oui ! Mais toi, Madeleine, t es g n reuse l o a compte pour ces nonos.
- Les filles, vous attaquez mon honneur. On n est pas tous ce point lubrique.
- Dis, t es pas le mieux plac pour faire la le on.
- En plein dedans, reprend Martha en riant, Roger voit rien que a et je pourrais m me apporter des pr cisions.
-C est quoi que j aime tant, puisque t es si fine observatrice ?
- Bas les pattes, gros matou ! T aimes les corps violon, les culs bien ronds, les tailles fines, les balcons bien garnis, les grands yeux de biche. Tu veux que je continue ?
- Enfin, Martha, je ne peux quand m me pas fermer les yeux devant, euh, disons tant de belles vidences.
- C est justement ce que je disais. Tu me confirmes dans mes opinions.
- Oh l ! vous n tes pas diff rentes de nous. Vaut mieux pas creuser le fond de l affaire et passer un autre sujet. Parlons plut t de ce changement de d cor. Il s agit d Art nouveau, vous savez. Le proprio a pay un expert fran ais pour ce concept. J ai toujours aim l art appliqu la d coration.
Roger repense sa derni re phrase, se demandant s il a dit une bourde ou s il a parl en connaisseur.
- Moi, d sapprouve Martha, a tournaille trop mon go t, a me donne le mal de c ur toutes ces tournures.
- Je dirais plut t que ce sont les courbes de Madeleine qui te rendent malade. Tous les habitu s du bar le savent. Pas vraie, Madeleine ?
- coute ! On a eu nos diff rends au d but, mais maintenant on est les meilleures copines du monde.
- Tu veux dire que tu lui laisses tes restes
- Salaud ! On se comprend instinctivement, toutes les deux.
- Oh ! la journ e o je verrai deux femmes attirantes tre amies n est pas demain.
Le caf est d sert. Le temps se chagrine encore plus. La pluie mitraille les derni res feuilles qui tombent sans un soupir. Les couleurs agonisent. Le bar du Spleen Caf devient un phare que traverse la m lancolie du soir. Madeleine attire les naufrag s, mais c est Martha qui dirige le navire et m ne le jeu de la conversation :
- L automne, a me donne l envie des confidences.
Roger se sent interpel par Martha et se pr pare une envol e foudroyante, mais elle l arr te net.
- Ne prends pas tes grands airs, Roger. Ce n est pas ton type de confidence qui m attire. Par contre, Madeleine, j aimerais bien en savoir un peu plus sur toi. Raconte un peu. T es Gasp sienne ? Mais a ne s entend pas. Comment a se fait ?
- Je n aime pas beaucoup parler de moi.
- Allons, insiste Martha, depuis des mois on est ensemble et l on ne sait rien de toi, part que t es belle mourir d envie. T es humaine ?
- Vous me jurez de ne pas raconter mes affaires tout le monde ? Ici, m me les serveuses ne me connaissent pas.
- En passant, f licite le proprio, les nouvelles recrues c est pas du cheap.
- Peut- tre pour toi, Roger, mais nos clientes r guli res ont moins appr ci . Plusieurs se sont plaintes de l talage de la marchandise. Le patron a d pass les bornes. Il n aime que les filles sexy. D ailleurs, il commence me coller un peu trop. Il n arr te pas de me r p ter que dans la vie on n a rien pour rien. S il croit que je vais me mettre genoux, y a pas fini d attendre. Il s est rabattu sur la grande Francine, mais elle aussi, elle l a plac .
- Francine, c est bien la fille qui baye aux corneilles dans la salle manger ? Un beau brin de femme. Tu m introduiras un de ces jours.
- Tout fait ton genre. Elle devrait te plaire : plus bavarde encore que toi, et elle couche facilement. Pr cision : quand elle en a envie.
- Tu sais bien que je n ai de regard que pour toi, Madeleine. Tu les d passes toutes. Tu es le top. Et je prends mon mal en patience.
- a, mon vieux, compte les jours, c est pas demain la veille ! Je te conseille de viser ailleurs.
- Tu vois, Martha, pas de chance. Ses grands yeux bleu outremer me tourmentent. Ses cheveux soyeux comme les bl s me torturent. H las ! je ne plais pas aux blondes.
- Nous chante pas la pomme, tu sonnes faux.
- Non, mais c est vrai, c est curieux, toutes mes blondes ont t brunes ou noires.
Madeleine se met rire :
- " Ma blonde , tu veux me dire o les gars sont all s p cher a ?
- Je ne sais pas, et l on s en fout, par contre, si tu revenais tes confidences, avant que Roger, une fois de plus, nous ram ne ses niaiseries. Comment une Gasp sienne se retrouve-t-elle barmaid au Spleen ?
- C est une longue histoire
- On n a rien d autre faire. Le bar est vide, et si Roger s endort, a ne sera que mieux.
- Non mais, tu me l ches. T es mal bais e, ou quoi ?
- Hein ! a va faire, vous deux. Sinon je me tais.
- Mademoiselle de Sainte-Croix, je n coute plus les sarcasmes de Martha et je suis tout ou .
- Alors, c est bien. Voici ma petite histoire. Mes parents montr alais ont v cu une jeunesse wild . Ils ont fond une commune libre, mais l exp rience a mal tourn . Mon p re a d croch du syst me apr s une grave d pression. Il s est r fugi avec ma m re dans un village perdu en Gasp sie, le Cap-des- glantiers. Mon p re n a jamais aim la vie de ville. Sa maladie a brutalement d clench un changement qui couvait en lui depuis longtemps. C est un solitaire. Un bon gars, mais l ambition, le go t de la r ussite, a lui colle pas la peau. Sa grande affaire lui, c est le temps. Il aime voir le temps. Et dans les lieux isol s, le temps est long longtemps. J ai grandi avec le chant de la mer et les hurlements du vent sans prendre l accent de la r gion.
- Et avec le monde de l -bas, comment a allait ?
La question de Martha assombrit de chagrin le visage de Madeleine.
- Pas fameux. On vivait un peu en retrait du village dans une tr s petite maison, on ne s est jamais bien int gr s. On est toujours rest s des trangers. Mon p re disait qu il vaut mieux s entourer de silence.
- Ton p re travaillait, questionne Roger ?
- J ai honte de le dire. On vivait du bien- tre social. Il a job un peu, au d but, mais il n y avait rien faire l -bas.
Madeleine se revoit marchant sur la berge et discutant avec son p re. " Pauvre Papa, il fallait presque toujours que je m oppose lui. N emp che qu il m a toujours d fendue, et a me manque maintenant, nos longues discussions.
Roger s ennuie, pour faire bien il demande Madeleine comment elle s entendait avec ses parents. Martha ne peut s emp cher de r pliquer :
- Ah ! t es pas encore endormi. Bravo ! Ta concentration m pate !
- Si tu me cherches, comme disent les Fran ais, tu vas me trouver !
- Vous deux ! La paix, s il vous pla t. Pour une fois que je me raconte, fermez-la.
- C est elle qui a commenc . J ai juste pos une question.
- D accord ! Alors, je me bagarrais tou

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