Némésis
65 pages
Français

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Description

Chloé jeune trentenaire découvre toute la complexité des relations amoureuses dans une société qui transforme l'être humain en produit de consommation. Sa quête de l’amour semble trouver son achèvement lorsqu’elle rencontre Paul dont le charme et l’attention lui redonnent enfin confiance en la vie. Mais ses secrets bien cachés pousseront Chloé à commettre les actes les plus extrêmes.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 55
EAN13 9791034808120
Langue Français

Extrait

NÉMÉSIS
Georgina Gay NÉMÉSIS Couverture :Maïka Publié dans laCollection Vénus Rouge, Dirigée parElsa C.etMarieLaureVervaecke
©Evidence Editions2018
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“Pour Eric, toujours… “
« Je suis la colère, la rétribution divine. Je suis celle qui s’abattra sur toi, tels cent guerriers, et te punira de ton orgueil. Que ta conduite soit celle que tu attends des autres, traite hommes et femmes à leur juste valeur et le divin avec humilité. Si tu ne sais pas respecter ces préceptes, mon bras vengeur fera justice et ton châtiment sera à la hauteur de tes offenses. » Némésis
Chloé Chloé ressentait un grand vide qui la happait par vagues successives au point qu’elle avait remis en question sa vie tout entière. Elle s’était séparée d’Antoine depuis deux ans. Les premiers mois avaient été diciles. Il était son amour de jeunesse et douze années de relation apportaient leur lot de bagages qui s’amoncelaient dans tous les recoins de votre appartement et de votre tête. Elle sentait parfois son odeur au détour d’une rue et elle ne pouvait s’empêcher de se rappeler les bons moments qu’ils avaient passés ensemble. Ce parfum était rassurant et réveillait en elle les souvenirs de tout ce qui avait toujours été positif avec Antoine. Cette mélancolie ne dura pas longtemps. Très vite, elle ne put supporter le moindre e&uve de cette fragrance et sentait la nausée poindre au fur et à mesure qu’elle e&eurait ses narines. Les défauts d’Antoine et l’ennui qu’elle avait éprouvé pendant les derniers mois de leur relation succédaient à la nostalgie. Chloé faisait son deuil. La jeune femme apprenait à vivre seule, à trouver ses marques dans ce monde qui semblait hostile aux gens qui ne marchaient pas deux par deux, main dans la main. Elle s’était mise au sport, lisait deux fois plus, voyait ses amis autant que possible, occupant son esprit de la plus active des manières pour ne pas avoir à penser à la solitude qui commençait doucement à la taquiner. Après le deuil, Chloé expérimentait une nouvelle phase de la séparation. Elle était libre. Certains rituels s’éclipsèrent avec les bagages d’Antoine. Les poils de barbe qui s’amoncelaient dans tous les recoins de la salle de bains et qu’elle s’acharnait à faire partir en grommelant le matin ; ses a+aires qui prenaient leurs aises dans toutes les pièces, entraînant dans leur négligence une rage sourde qui n’attendait qu’une étincelle pour exploser en gerbes. Puis, les disputes et leurs mots si blessants qui n’égratignaient plus son cœur ni son amour-propre. Elle était soulagée finalement. Chloé était libre, mais elle croyait avec force qu’avec la reconstruction de sa personne en entité unique, qui ne dépendait plus de rien ni de personne, viendrait le grand amour. Le vrai, le bon, l’éternel. Celui qui consumait et passionnait, celui qui vibrait, mais surtout celui qui vous apaisait dans ce fabuleux fantasme qui voulait que deux moitiés se retrouvent, s’emboîtent et s’ajustent par l’opération miraculeuse de la destinée. Leur rencontre ne tarderait plus, c’était une évidence. Elle ressemblait à un oisillon tombé du nid, qui déployait ses jeunes ailes avec toute la force qu’elle pouvait puiser dans ses entrailles pour s’élever à nouveau vers les cieux. Ses parents avaient toujours été un exemple de ce qu’elle espérait accomplir dans sa vie personnelle. Ils fêtaient leurs trente-deux ans de mariage cette année. Elle venait de célébrer ses trente et un ans. Elle était un enfant de l’amour, le vrai et non un simple accident comme elle en dénombrait tant autour d’elle. Elle avait été ardemment désirée, conçue grâce aux sentiments de deux âmes sœurs qui s’étaient vouées l’une à l’autre. Ses parents se détestaient parfois, mais s’aimaient toujours. Après autant d’années de promiscuité qui ne laissaient guère plus de mystère à découvrir et beaucoup trop d’intimité dévoilée, c’était un miracle en voie d’extinction que Chloé enviait.
Elle sortait beaucoup. Il fallait en passer par là pour espérer faire quelques rencontres. Les hommes n’étaient jamais insensibles à son charisme, mais elle finissait par concéder que tous les attraits se valaient une fois la nuit tombée. Les partenaires potentiels qu’elle rencontrait dans les bars étaient pour la plupart soit imbibés d’alcool, soit en couple, voire les deux. Tout ce qui ne rentrait pas dans cette catégorie ne présentait aucun intérêt non plus, trop vieux, trop jeune, trop ou pas assez… Elle se couchait tous les soirs en enlaçant sa déception comme seule compagnie. L’excitation de ces nouvelles rencontres s’était étou+ée assez rapidement. Désillusion après désillusion, elles laissaient un goût amer dans sa bouche et si peu d’espoir auquel se raccrocher. Chloé se rendait compte qu’elle ne regrettait plus son ancien amour, mais qu’elle ne se sentait plus libre non plus. Elle était seule et cette solitude pesait sur son cœur. Elle voulait être heureuse, mais cette option semblait s’amenuiser au fur et à mesure que les jours et les saisons passaient. Elle avait envie de pouvoir reposer sa tête sur une épaule le soir et de sentir des bras l’enserrer au matin. Sa famille et ses amis avaient toujours pensé qu’elle épouserait Antoine un jour. Cela aurait été le cas, s’il lui avait fait sa demande. Elle avait longtemps attendu ce moment. À vrai dire, à chaque anniversaire, à chaque Saint-Valentin, à chaque voyage qui aurait pu o+rir à Antoine le cadre idéal de se déclarer et de consolider leur union. Mais l’attente fut vaine. Elle comprit qu’il ne s’engagerait jamais et que ses rêves de créer ce foyer tant désiré allaient s’évaporer si elle ne réagissait pas. Elle l’avait quitté, espérant en son for intérieur que cette séparation donnerait à Antoine l’occasion de se rendre compte de ses erreurs. Elle était convaincue que certains hommes avaient besoin d’un électrochoc et de sentir qu’ils perdaient tout afin de réaliser leurs fautes et de corriger leurs mauvaises manies. Elle n’eut plus de nouvelles de sa part à partir du moment où l’appartement fut vidé et les clefs remises à son propriétaire. Ce fut un échec retentissant. Il ne devait pas faire partie de cette catégorie… Chloé était seule, elle désespérait. Elle cherchait vainement le moyen de retrouver l’amour aussi naturellement que possible, mais elle était réaliste. Quelles étaient les chances, passé trente ans, de rencontrer quelqu’un sans l’entremise d’un tiers ? Probablement les mêmes que celles de gagner à la loterie le jour de son anniversaire. Il fallait donc contourner les obstacles et donner une occasion au destin de lui o+rir la seule chose qui lui manquait et qu’elle espérait tant : l’homme de sa vie. Patiente, mais en alerte, elle s’adonnait à son plaisir favori, celui des terrasses du mois de juin. Élodie arriva à dix-huit heures cinquante-deux minutes. Le rendez-vous étant =xé à dix-neuf heures, c’était un miracle qu’aucun homme ni femme ne reverrait de son vivant. Elle cultivait son retard comme un jardin qui ne donnait plus de fruits depuis longtemps : avec lassitude. La soirée était jeune et pleine de promesses. Il y avait foule, ce qui rendait encore plus attractives les terrasses de juin. Celles qui s’étaient fait attendre et désirer et qui emplissaient de joie les pauvres âmes qui ne supportaient plus de vieillir entre quatre murs. Elle embrassa Chloé, lui lançant le sempiternel « comment vas-tu ? ». Question qu’elle regretterait quelques secondes seulement après l’avoir posée. Elle le savait pourtant. Pourquoi diable s’était-elle aventurée sur ce terrain ? — Je me sens vide. C’était la seule réponse que la jeune femme pouvait o+rir à Élodie. Cela augurait que les quelques heures qu’elles allaient passer ensemble seraient longues et douloureuses. Alcoolisées, sans aucun doute. — Écoute, Chloé, tu es belle, intelligente, indépendante, tu ne resteras pas seule éternellement. Laisse le temps faire les choses, lui répondit Élodie.
Cette phrase bienveillante, placée au bon moment faisait toujours son e+et. Elle savait apaiser, remettre en bonne disposition et éluder à la perfection les questions insupportables qui auraient suivi si elle ne l’avait pas prononcée. — Ce n’est pas comme cela que je voyais ma vie, ajouta Chloé. Si j’avais su, je n’aurais pas attendu la trentaine pour me préoccuper de ce que j’allais faire de mon existence. La loi tacite qui voulait que le sujet change après qu’une plainte avait été déboutée par une phrase de convenance n’avait pas été respectée. Élodie soupirait intérieurement, espérant secrètement qu’elle ne resterait plus longtemps seule avec Chloé et que les autres personnes attendues ne tarderaient pas trop. — C’est stupide, voyons, lança Élodie, tentant de reprendre le dessus et le contrôle de la situation. Si tu avais su à vingt ans ce qui était fait pour toi, tu aurais été vieille avant l’heure ! Le ton philosophique était donné, la bouteille posée sur la table. Les verres scintillaient d’un remède universel qui soulagerait Chloé de ses états d’âme pendant quelques heures. Le lendemain matin serait dicile et embrumé, la tristesse ne se serait pas envolée, mais elle serait éclipsée par de violents maux de tête et quelques nausées. Chloé ne trouvait pas de solution à ses problèmes, mais elle tentait de combler les =ssures de toutes les manières possibles. Tant qu’elle parvenait à oublier cette sensation amère, tout était bon à prendre. Les amis, la fête, y avait-il un meilleur remède à ses problèmes ? Y en avait-il des pires ?
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