Miss Mousqueterr
539 pages
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Miss Mousqueterr , livre ebook

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Description

Extrait : "– Certainement, Sir John, je vous suis le plus obligée de votre complaisance... Mais de là, à mettre mon cœur en douce palpitation de fiancée, il y a un fossé large, large plus que la Tamise. – Ne me donnerez-vous pas l'espoir au moins ? – J'ai donné, je pense... – Vous avez dit l'impossible. – Cela n'est point mon avis. J'ai dit : Ma fortune, mes banknotes en monceau, cela me cause l'ennui... Et votre richesse de même..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9782335068597
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335068597

 
©Ligaran 2015

PREMIÈRE PARTIE Les assoiffés de lumière
CHAPITRE PREMIER Ce que l’on trouve dans un vieux journal


– Certainement, Sir John, je vous suis le plus obligée de votre complaisance… Mais de là, à mettre mon cœur en douce palpitation de fiancée, il y a un fossé large, large plus que la Tamise.
– Ne me donnerez-vous pas l’espoir au moins ?
– J’ai donné, je pense…
– Vous avez dit l’impossible.
– Cela n’est point mon avis. J’ai dit : Ma fortune, mes banknotes en monceau, cela me cause l’ennui… Et votre richesse de même… Quand je m’écrie : Je veux ceci, ou bien, je veux cela… Il suffit d’ouvrir le carnet de chèques pour acheter… Je ne puis pas dépenser un petit morceau de temps à désirer… et je suis furieuse de ne pas désirer… Et alors j’ai proposé vous trouviez, d’imaginative façon, une chose intéressante pour ma pensée, et que mes livres ou gainées ne pourraient pas acheter… Trouvez, je répète, le chemin de m’intéresser, et je serai de suite fiancée contre vous-même.
Cette bizarre conversation était murmurée, sur la terrasse du Mirific-Hôtel de Nice, par Miss Violet Mousqueterr et Sir John Lobster.
Tous deux avaient vu le jour en Angleterre ; mais là s’arrêtait la ressemblance.
Miss Violet (les Saxons prononcent Vaïolett), de taille moyenne que sa minceur aristocratique faisait paraître grande, montrait ce charme un peu déhanché de l’Anglo-Saxonne sportive. Très jolie avec ses cheveux d’un blond presque fauve, son teint éblouissant, ses grands yeux gris-bleus, à la fois naïfs et hardis, elle possédait au plus haut degré cette grâce un peu raidillonne d’outre-Manche, si opposée à la grâce française, mais qui n’en est pas moins captivante.
Sa « trotteuse » blanche, son corsage blouse de même couleur, ses chaussures de tennis indiquaient qu’elle rentrait du cercle britannique de lawn … Elle pouvait avoir vingt ans.
Sir John Lobster, plus âgé de deux lustres comprimait son torse court, envahi par une obésité précoce, dans un veston de flanelle blanche coupée de larges bandes roses ; un « inexpressible » de même étoffe emprisonnait ses jambes massives, laissant saillir deux longs pieds chaussés de boxcalf jaune.
Il tenait à la main un léger chapeau de paille, adorné d’un ruban vert, et découvrait ainsi sa chevelure rouge, son visage écarlate, si rouge, si écarlate que l’on se demandait, dans le monde sélect réuni sur la Côte d’Azur, si Lobster était pour lui un nom véritable ou un sobriquet.
Ce gros homme était du reste membre de la Chambre des Communes et figurait, dans l’annuaire du London and Country , parmi les plus riches propriétaires fonciers du Royaume-Uni de Grande-Bretagne.
Violet, elle, se trouvait de son côté être l’unique héritière de feu Jem Mousqueterr, de son vivant fabricant illustre de conserves à Brisbane (Australie).
Tout le monde se souvient de l’origine de la fortune de ce hardi spéculateur.
Parti d’Angleterre avec une petite fortune de 25 000 livres (625 000 francs), il s’était rendu en Australie où il avait d’abord passé pour fou.


Comment en effet désigner autrement un homme qui employait une grosse part de son capital à élever d’immenses hangars qu’il remplissait d’appareils coûteux et étranges… Le plus fort, c’est qu’aux questionneurs il répondait en souriant :
– Je ne sais pas encore quelle industrie fixera mon choix… Pour être prêt, je fais toujours construire l’usine.
C’était un insensé pour parler ainsi !
Or, ce fou avait remarqué que toute l’Australie souffrait d’un mal effroyable, la pullulation des lapins.
Ces rongeurs, en nombre incalculable, ravageaient les plantations, les récoltes… Les cultivateurs hurlaient, les assemblées législatives s’émouvaient ! Un beau jour, on décida par une loi la destruction de l’ennemi à quatre pattes.
Une battue géante s’organisa. Plus de cinq cent mille chasseurs se ruèrent au massacre. En six jours, on extermina près de cent millions de lapins.
Jem Mousqueterr n’attendait que cela. Des courtiers, engagés de longue date, parcoururent le pays, achetant en bloc, chair et peau, les lapins qui, vu leur abondance, étaient tombés à un prix dérisoire. En un mois, l’usine de Jem transformait en « pâtés » trente millions des intéressants rongeurs, avec un bénéfice net d’environ six pence (0 fr. 60) par unité, et la fortune de l’usinier passait de 625 000 francs à dix-huit millions.
Ses détracteurs s’épuisaient à présent en clameurs d’enthousiasme. La marque « Jem » concurrençait victorieusement les plus célèbres conserves américaines, et quand Sir Mousqueterr, conseiller privé de la Nouvelle-Galles du Sud, décoré de quarante-trois ordres, tant Anglais qu’étrangers, baronnet, etc., etc., rendit sa belle âme au Seigneur, il laissait à son héritière, élevée dans les meilleurs établissements scolaires d’Angleterre, la bagatelle de deux cent soixante-quinze millions.
Le « Roi du Lapin » avait bien fait les choses. De nombreux gentlemen songèrent à faire mieux encore, en canalisant à leur profit cette fortune si honorablement acquise. On demanda la main de Violet pour trois lords, pour un duc héréditaire allemand, pour un prince prétendant à l’un des trônes Balkaniques ; un grand-duc russe même, épouvanté par la marche de la révolution au pays moscovite, ne craignit pas de se mettre sur les rangs.
Violet refusa tous les aspirants à sa jolie main, fine, longue, aux ongles roses. Croyait-elle mériter mieux que ces soupirs intéressés ? Non. Tous ces messieurs l’ennuyaient, voilà tout. Elle souhaitait désirer une chose, que la fortune ne lui pût donner… Quoi ? Elle n’en savait rien et dans son ignorance de ce qui lui semblait devoir lui amener le bonheur, elle avait décidé, de façon irrévocable, qu’elle épouserait seulement celui qui lui donnerait la sensation neuve, inconnue, cherchée vainement jusqu’à ce jour ; celui qui serait doté d’un esprit assez original pour découvrir à ses yeux une joie, un plaisir, que l’or ne lui pût procurer.
Elle voyageait beaucoup. Seul, John Lobster s’était acharné à la suivre.
Ce représentant de la Chambre des Communes s’était juré à lui-même que miss Violet serait sa femme, la gardienne charmante de son home . Et, en homme qui a réussi à conquérir les suffrages de ses concitoyens électeurs, il ne doutait pas d’obtenir un jour celui de la jolie orpheline.
Il s’évertuait donc à satisfaire ses moindres caprices. À cette heure même, sur la terrasse du Mirific-Hôtel, dominant le jardin, fleuri en dépit de la saison d’hiver, et aussi les palmiers de la promenade bordant la mer bleue, où se reflétait le soleil radieux, John apparaissait chargé d’une multitude de petits paquets.
Il les dénommait tout en les posant sur un guéridon de jardin.
– Aoh ! Vous dites des choses douloureuses pour l’entendement d’un aimant fiancé, dear Violet, mais je pense mes soins vous feront prendre un avis différent… Voici le face-à-main écaille et argent, que vous avez regardé hier… Et aussi les nouvelles balles de tennis créées par l’ingénieur Strible… et encore la loge pour le théâtre… Voici, de plus, votre raquette égarée… Elle avait été emportée par mégarde… C’est le prince Nielsa, vous savez, qui réside à Monte-Carlo, Buckingham-Palace, chez la tout aimable et spirituelle M me Norès. Il a renvoyé la raquette par un groom avec force excuses et ce bouquet.
Distraitement, la jeune fille murmura :
– Tout cela s’adresse à mon argent… N’est-il donc rien qui soit inachetable  ?
– Poor Violet… Toujours ce rêve.
– Toujours.
– Vous cherchez l’impossible.
– Lui seul m’attire.
– Eh bien…, un désir irréalisable, cela existe, by Jove… ! Désirez la lune, vous ne l’aurez pas.
Elle fronça ses jolis sourcils.
– Une Anglaise n’est point une folle… Elle ne saurait marquer des désirs de ce genre.
– Cela est droit, en effet… Seulement si vous repoussez aussi les folies, je ne vois pas

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