Paris moderne
206 pages
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Paris moderne , livre ebook

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Description

Extrait : "On trouvera sans doute très naturel que l'auteur commence par un appel à l'indulgence, qu'il s'excuse en quelque sorte de s'être occupé des Embellissements de Paris, alors que le canon élève sa grosse vois, qui retentit dans le coeur des mère, et que tous les yeux, fixés sur la carte d'Italie, suivent anxieusement les glorieuses étapes que nos braves jeunes soldats arrosent de leur sang."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 25
EAN13 9782335095593
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335095593

 
©Ligaran 2015

Chapitre premier

Qui peut servir à la fois de préface au lecteur et de dédicace à mes bons amis B. St.-H., D.D., et A.M.
On trouvera sans doute très naturel que l’auteur commence par un appel à l’indulgence, qu’il s’excuse en quelque sorte de s’être occupé des Embellissements de Paris , alors que le canon élève sa grosse voix, qui retentit dans le cœur des mères, et que tous les yeux, fixés sur la carte d’Italie, suivent anxieusement les glorieuses étapes que nos braves jeunes soldats arrosent de leur sang.
L’année dernière, lorsque, dans un ouvrage sur les forces militaires des principales puissances de l’Europe, je faisais mes adieux à l’armée dans laquelle j’ai eu l’honneur de servir pendant quarante ans, je disais en terminant : « Nous croyons que le temps est venu d’abjurer toutes ces rivalités, toutes ces haines qui ont si longtemps divisé les nations ; et volontiers nous nous enrôlerions sous la bannière des Amis de la Paix , à la suite de M. Cobden. – Sans croire beaucoup à la réalisation du grand-œuvre, nous aimerions à chanter, avec notre grand poète lyrique, la Marseillaise de la Paix . La guerre viendra, hélas ! toujours trop tôt… »
Elle est venue… et, vieil invalide, je ne puis qu’accompagner de mes vœux mes anciens frères d’armes, qu’applaudir à leurs brillants exploits… Mais hélas ! combien parmi eux dont je ne pourrai plus serrer la main !
Vita brevis vita tristis , la vie est courte et triste ; l’homme ici-bas, la passe en grande partie à souffrir et à chercher l’oubli de ses maux ; mais, bien qu’il fasse, il ne peut jamais se dérober entièrement aux impressions de l’enfance, et nous avons été élevé sous le régime du premier Empire, c’est-à-dire au bruit du tambour ; et alors la guerre était à l’état normal ; pour littérature, nous n’avions guère que les bulletins de la grande armée.
Un de nos camarades en faisait la lecture à haute voix. On nous annonçait une victoire, cela nous paraissait tout naturel, et nous battions des mains à la nouvelle victoire ; nous avions perdu 3 à 4 mille hommes, mais les Russes ou Autrichiens en avaient eu 6 à 8 mille couchés sur le terrain. Nous étions alors charmés, vrais enfants de ces Gaulois que César a peints en deux mots : loquaces et pugnaces , bavards et batailleurs.
Telle était notre éducation du Lycée, et il faut avouer qu’elle était faite pour nous bronzer. Mais si nous voulons être fidèle à la vérité en parlant de cette époque si loin de nous, il faut aussi ajouter que dans l’intérieur de bien des maisons, les bulletins de la grande armée n’étaient pas accueillis avec autant de jubilation ; et bien bas, à huis clos : « Hélas ! bon Dieu ! disait-on, encore une victoire ; cela ne finira donc jamais ! » et plus d’une mère, plus d’un père, qui, sans doute, n’avaient pas été élevés au bruit du tambour, ne s’extasiaient pas à la touche locale du bulletin qui leur montrait le champ de bataille d’Eylau, « où les taches de sang sur les plaques de neige faisaient un effet pittoresque. »
Mais ces braves gens n’étaient en vérité que des Pékins , et nous autres, brillante jeunesse, nous ne rêvions qu’uniformes et coups de canon ; nous brûlions du désir d’aller aussi sur les champs de bataille, et nous ouvrions de grands yeux pour voir nos camarades de la veille, qui venaient à l’heure de la récréation, nous montrer leurs uniformes tout neufs. Combien en ai-je vu partir dans la campagne de France, qui ne sont jamais revenus ! La vue d’un uniforme me faisait battre le cœur ! Aussi ce que j’ai le mieux appris dans mon éducation au Lycée Impérial, ce fut à connaître les revers, parements, retroussis, passepoils et soubises de la grande armée.
La littérature, comme je l’ai dit, se réduisait à peu près aux bulletins ; puis nous avions encore les chansons et les vaudevilles de Désaugiers, que, du reste, on n’a pas surpassés, je dirai même égalés en gaîté. Nous ne connaissions pas Béranger, qui, dans ce temps de gloire, consacrait sa muse à chanter le Roi d’Yvetot . En fait de poésies, je ne parlerai pas des tragédies de M. Luce de Lancival, à peu près aussi soporifiques qu’une composition en vers latins, mais nous possédions assez bien les charmants, gracieux, mais peu orthodoxes badinages du chevalier de Parny. L’ Allemagne , de madame de Staël, avait été mise au pilon, et le Génie du Christianisme, les Martyrs , de Chateaubriand, nous paraissaient une littérature de revenants de l’autre monde.
Aussi, il n’est pas étonnant qu’à peine âgé de seize ans et trois mois j’aie déserté le Lycée et la maison paternelle pour aller m’engager dans un bataillon de fédérés, avec lequel j’ai commencé à connaître les douceurs du bivouac sur les hauteurs de Belleville…
Mon dévouement à la cause de l’Empire était héroïque… je ne prétends cependant pas qu’il ait beaucoup contribué à en retarder la chute et à empêcher la seconde entrée des ennemis dans Paris.

Mais je m’aperçois que je tombe au péché d’autobiographie, et il est question des Embellissements de Paris : ce qui nous a encore encouragé à traiter ce sujet, c’est que malgré les préoccupations du jour, le Corps Législatif vient de voter l’annexion de la banlieue à la Capitale « bien grosse affaire, disais-je il y a quelques jours à un honnête législateur ; on s’effraye en pensant à toutes les conséquences d’une mesure de cette importance, alors que la guerre nous condamne à jeter toutes nos ressources à l’extérieur ; alors que la consommation augmente outre mesure, et la production diminue. » – « Peuh ! me répliqua le législateur, comment cela vous inquiète ? mais en vérité vous êtes bien bon ; et quoi, rien n’est plus simple, que l’annexion d’une commune à une autre, nous en votons tous les jours au Corps Législatif »…
Heureux ces mortels à qui appartiennent le royaume du Ciel et même parfois celui de la terre ! Ils vivent dans une douce sécurité ; on leur parle d’abus, « bast ! des abus il y en a toujours eu, et il y en aura toujours » vous répondent-ils très contents d’eux-mêmes.
Parle-t-on de l’avenir, auquel il faut cependant songer, ils sont philosophes comme Louis XV ; « cela durera bien autant que moi, après moi le déluge ! »
Et ils sautent gaîment, comme les moutons de Panurge ; tant qu’ils trouvent de l’herbe à brouter ; mais s’ils sentent qu’on les tond d’un peu trop près, ah ! alors les voilà qui jettent les hauts cris, ce sont des moutons enragés !

Nous devrions peut-être suivre le précepte d’Horace qui nous conseille d’entrer franchement en matière, médias in res  ; cependant nous demandons la permission, avant d’aborder notre sujet de jeter un coup d’œil autour de nous, sur la physionomie de l’époque prise sous les différents points de vue, et qui nous semble tout à fait comme la médecine d’Hypocrate, expectante …
Mais avant tout nous demandons au lecteur un instant : nous voulons donner un dernier serrement de main à de bons amis que nous ne nommerons pas ; car c’est affaire entre eux et nous ; le seul bonheur que nous ayons eu, dans une vie éprouvée par bien des travaux et des ennuis, c’est à eux que nous le devons, et nous voulons une dernière fois les remercier du fond du cœur, avant de les quitter ; et tout nous dit que l’instant de la séparation est bien proche, aujourd’hui, peut-être, tout au plus demain, car la machine détraquée s’en va ; nous prenons le travail comme un opium à des souffrances tous les jours plus aiguës, et nous répétons sans cesse l’épitaphe que se fit le pauvre Scarron.

Celui qui cy maintenant dort
Fit plus de pitié que d’envie,
Et souffrit mille fois la mort,
Avant que de perdre la vie.
Passant, ne fais ici de bruit ;
Garde bien que tu ne l’éveilles :
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille.
À mes bons amis j’offre en souvenir ce petit livre ; je crois qu’un Cardinal Duboi

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