Pleurs dans la nuit
298 pages
Français

Pleurs dans la nuit , livre ebook

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298 pages
Français

Description

Pleurs dans la nuit est l'histoire d'un instituteur qui perd son emploi à la suite d'un licenciement massif d'enseignants ayant répondu favorablement à l'appel de grève lancé par leur syndicat. Sa femme, également institutrice, n'observe pas la grève et demeure le seul pilier financier de la famille. Le couple idéal se dégrade rapidement au détriment de l'homme. Débute alors pour lui une nouvelle vie, pleine de rebondissements.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2015
Nombre de lectures 19
EAN13 9782336365473
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tiémoko Rémy Sermé
PLEURS DANS LA NUIT
Roman
L’Harmattan International, Burkina Faso
05/12/14 23:19
Pleurs Dans la nuit
Encres Noires
Collection fondée par Maguy Albet et Emmanuelle Moysan La littérature africaine est fortement vivante. Cette collection se veut le reflet de cette créativité des Africains et diasporas. Dernières parutions N°378, Baba HAMA,Kalahaldi, 2014. N°377, Faustin KEOUA-LETURMY,Coupe le lien !, 2014. N°376, Joseph Bakhita SANOU,Il était une fois aux Feuillantines,2014. N°375, Marie-Ange EVINDISSI,Les exilés de Douma. Tempête sur la forêt. Tome III,2014. N°374, Aurore COSTA,Folie blanche et magie noire. Nika l’Africaine,tome IV, 2014. N°373, Kouka A. OUEDRAOGO,La tragédie de Guesyaoba, 2014. N°372, Kanga Martin KOUASSI,La signature suicide, 2014. N°371, Ayi HILLAH,L’Exotique, 2014. N°370, Salif KOALA,Le cheval égaré, 2013. N°369, Albert KAMBI-BITCHENE,Demain s’appelle Liberté, 2013 N°368, Diagne FALL,Mass et Saly. Chronique d’une relation difficile, 2013. N°367, Marcel NOUAGO NJEUKAM,La vierge de New-Bell, 2012. N°366, Justine MINTSA,Larmes de Cendre, 2012. N°365, Ralphanie MWANA KONGO,La boue de Saint-Pierre, 2013 N°364, Usmaan PARAYAA BALDE,Baasammba maa Nibe nder koydol, 2012. N°363, Stéphanie DONGMO DJUKA,Aujourd’hui, je suis mort, 2012. N°362, Néto de AGOSTINI,Immortels souvenirs, 2012.
Tiémoko Rémy Sermé
Pleurs Dans la nuit Roman
L’Harmattan International, Burkina Faso
Ce livre a reçu le second prix littéraire au concours du GPNAL e (Grand prix national des arts et des lettres) de la 16 édition de la semaine nationale de la culture au Burkina Faso, qui s’est tenue du 24 au 31 mars 2012.© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05196-3 EAN : 9782343051963
La sanction « Patron. » Pas de réponse. Incroyable ! Pourquoi, assis à peine à dix mètres d’eux, le patron ne répond-il pas à leurs appels ? Moumouni était assis sous un arbre et supervisait son chantier de construction. Les ouvriers ne comprenaient pas son mutisme et commençaient à s’énerver. C’était la troisième fois qu’ils l’appelaient en moins de trente minutes pour demander son avis sur la suite des travaux à effectuer, mais à chaque fois il ne répondait pas. Et quand ils s’avançaient juste devant lui pour l’amener à les écouter, celui-ci semblait un peu nerveux. Il était effectivement soucieux et ne cessait de se répéter : « Et si c’était vrai, que deviendrais-je ? Si ces 1 révolutionnaires parvenaient à battre le STE-HD et à maintenir la mesure de licenciement des enseignants grévistes, que vais-je devenir, moi fils de paysan, seul enfant de ma famille à avoir réussi à l’école ? » Kopa Camara, Gary Traoré, Bill Tamini et Lary Zanga, quatre jeunes officiers, venaient de s’emparer du pouvoir 2 au Hôron-Diamana et avaient proclamé la RDN dirigée 1 STE-HD : Syndicat des Travailleurs de l’Éducation du Hôron-Diamana. 2 RDN : Révolution Démocratique Nationale
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3 par le CNP . Quelques mois après, le STE-HD partait en grève. La réaction des dirigeants ne se fit pas attendre. Les 4 CPR , une milice qui avait aussitôt vu le jour dès le déclenchement de la révolution, avait eu pour mission de relever les noms de tous les enseignants qui avaient déserté leurs salles de classe dès le premier jour de grève et les avaient remises aux autorités administratives. En ce qui concerne la ville de Zood-Tenga, localité où Moumouni exerçait son métier d’instituteur, ces noms avaient été remis au préfet. Dans la nuit, la sanction était tombée, implacable : « Tous les enseignants grévistes sont licenciés. » Tout le monde avait minimisé le problème. Sur les six instituteurs de l’école de Zood-Tenga, trois, dont Moumouni et une femme, avaient observé la grève. Quant aux trois autres, deux hommes et une femme également, ils avaient hésité le premier jour à les imiter avec tout le risque d’être traités de lâches. Ils espéraient emboîter leurs pas les jours suivants. La femme non gréviste était l’épouse de Moumouni. L’inquiétude soudaine de Moumouni était fondée sur le fait que la veille dans la nuit, deuxième jour de cette mesure, sa femme lui avait simplement dit : « Et si la mesure était maintenue ? » Il l’avait rassurée en minimisant le problème. Elle n’avait plus ajouté un seul mot et ce silence avait été trop lourd à supporter. Il avait ensuite essayé de dormir mais n’y était pas parvenu. Les « et si…, et si… » se succédaient dans son esprit. Après une nuit blanche, le doute finit par avoir raison de sa sérénité. Quelque chose persistait à le convaincre qu’il venait de commettre l’acte le plus grave de sa vie, qu’il
3 CNP : Comité National Populaire4 CPR : Comité Populaire de la Révolution
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venait brusquement de basculer dans le clan des chômeurs. Le nouvel univers où il venait de plonger lui semblait irréel. Une foule de questions se pressaient dans sa tête parmi lesquelles, comment achever cette maison qu’il était en train de construire ? Les jeudis et les week-ends, lorsqu’il était de repos, il s’amusait sur le chantier à composer des poèmes. Ce matin là, il avait emmené avec lui le nécessaire pour écrire afin de se libérer de ses angoisses en occupant sa pensée par ces écrits. Brusquement il se leva car depuis plus de deux heures qu’il était assis, il n’avait rien noté. Cela avait fini par l’irriter. Il lança à l’endroit des ouvriers : « Ecoutez, je rentre à la maison ; je reviendrai vous voir ce soir. » Ce soir-là, le grand cabaret d’Augustine avait retrouvé son ambiance habituelle. C’est ici que chaque soir la plupart des fonctionnaires se retrouvaient pour causer 5 autour d’une jarre de dolo . Tous les membres du groupe de Moumouni, à savoir Paul, Seydou, Eugène, Zacharia, Nassé, Jacques et Jean, étaient présents, à l’exception de lui-même, et les débats étaient houleux depuis un certain temps, actualité oblige. — Je vous dis que ces gens là ne feront même pas un an au pouvoir. Nous finirons par les pendre haut et court. Cette déclaration fut suivie de grands éclats de rire. À son tour Eugène prit la parole. — Je suis d’accord avec ce que vient de dire Zacharia. Leur seule chance est de revenir sur leur décision d’ici un mois au plus tard. Au Hôron-Diamana, c’est le STE-HD
5 Dolo : bière de mil
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