Attention travail !
131 pages
Français

Attention travail ! , livre ebook

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131 pages
Français

Description

Des événements tragiques témoignant du malaise dans le travail aujourd'hui (harcèlement, burn out, suicide, etc.), des travailleurs empêchés de faire et se rendant malades jusqu'à la destruction ont amené les professionnels de la santé à s'interroger sur ces nouvelles formes de violence au travail. Le collectif "Travail et Démocratie" a fait appel aux poètes pour qu'on entende d'autres voix. Paroles libres de travailleurs, de poètes, le peuple du travail et celui du poème se rassemblent autour des textes de 52 auteurs réunis dans le présent recueil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 183
EAN13 9782296254237
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Attention
Travail !

Accent tonique – Poésie
Collection dirigée par Nicole Barrière

Maquette de la couverture
Nicole Barrière

Illustration de la couverture
Railtisse et Martine Glomeron :
Foultitude, graphisme et broderie, 2009.

Poèmes recueillis par
Nicole BarrièreetMartine Glomeron

Attention
Travail !

Poèmes contemporains
sur le travail

L’HARMATTAN

© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11675-7
EAN : 9782296116757

Introduction

«Cerveau et main voudraient s’unir
mais il leur manque le cœur »
FritzLang in Metropolis, 1927

Cette anthologie de poésie est un prolongementde mon
activité professionnelle de psychologue clinicienne à
l’écoute de paroles de personnes sur leurvécuconcernantle
travail. Écouter des mots pris dans les filets des modèles de
gestion, des processus, des modes opératoires, des
réglementations… La subjectivité estmon quotidien
professionnel, l’écoute de paroles déposées dansune place
que j’essaie detenir le plusvide possible, autantqu’il est
nécessaire etdansun lieuoùla confidentialité estle mot
maître.
Entendre du«vsirai »tantestqu’il en estpossible, je
passais plusieurs mois, pendantma pause déjeuner, dansune
bibliothèque de laville dans laquelle jetravaille, à
rechercher, dans les recueils de poésies, des poèmes sur le
travail.
Quel parallèle entre la parole entendue dans mes entretiens et
celle des poètes ? Commentletravail avait traversé letemps
etl’espace depuis Hésiode auVIIème siècle avantJC
jusqu’à Pablo Neruda auChili au? oXXème siècleu tout
simplement, lire de la poésie, découvrir la poétique des mots.
J’ai dactylographié des poèmes, fais des choixdetextes, les
ai assemblés mais les contraintes de l’édition m’ontstoppée
là. Pastoutà faitcar j’ai fait vivre cestextes auPremier acte
public ducollectif Travail etDémocratie, le2mai2009 à la

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Maison des Métallos en animant un atelier de poésie et
travail, « LaTentative Orale», qui a donné lieu à un texte.
Ils ontaussivécuen introduction duséminaire
« Psychanalyse etTravqail »ue je co-anime à Espace
Analytique.

Travail – Poésie – Psychanalyse …

Le langage humain implique la prise en mots. L’humain est
le seul être pris dans les mots, pris par les mots qu’il exprime
par la parole oul’écriture.
Poètes au travail, poésies sur letravail. Mettre l’être humain
aucœur du travail, c’estce qui manque dans letravail.
Letravail, c’estd’abord de l’être humain.
Le langage poétique est une succession de signifiants dontla
chaîne a son origine sur la scène de l’inconscient. Le poète
écritce qui clignote en lui ets’impose aupointde ne pouvoir
échapper auxmots qui coulentsous sa plume.
La parole qu’écoute la psychologue clinicienne du travail à
l’oreille psychanalytique, amène, celui qui parle etcelui qui
écoute, s’il accepte d’être dansune certaine disponibilité,
une ouverture à ce qui estentrain de se faire, en se laissant
surprendre par ce qui arrive etqui étaitlà sans le savoir.
C’estaufur età mesure que l’idée de recueillir les mots des
poètes contemporains s’estimposée. C’estde façontoutà
faitnaturelle que j’ai proposé à mon amie Nicole Barrière,
de faire ensembleun appel auxpoètes. Nicole Barrière, déjà
bien engagée entantque poétesse, du travail, elle en savait
quelque chose par son expérience de métiers etsonvécu
personnel. Cette proposition coïncidaitavec son arrêt

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progressif d’activités … une raison de plus pour lui
demander de m’accompagner dans ce projet de «paroles »
sur le travail.
Les poètes actuels s’intéressaient-ils à la question du
travail ? Elle en doutait.Dans les lieuxoùla poésie se dit, se
lit, peud’entre euxfontentendre cettevoix. Peut-être …
mais des poèmes sur letravail s’écriventcar dès l’appel
lancé, des poètes nous adressaientdestextes déjà écrits,
plusieurs, parfois, nous laissantle choixdu texte pour la
publication. D’autres en écrivaientpour la circonstance.

Ecrire – Dire àvoixhaute - Lire …

Lorsque je lisais cestextes collectés d’une cinquantaine de
ème
poètes du 2de c1 siècleultures parfois différentes, je
retrouvais des mots identiques, symboliques du travail autant
dans ceux-là que dans ceuxdes siècles précédents. Un mot
retenaitmon attention, moi, pour qui l’être humain entant
que pris dans sa subjectivité estl’essentiel dans letravail,
c’estcelui de main.

De main à main

« Qu’on nous donne des mains» ditl’homme qui croule
sous letravail.
L’humain estréduità sa main, à son outil detravail. Une
partie de son corps symbolise l’humain au travail… pourtant,
la main sans le cerveaun’estrien. Ce qui la faitfonctionner
estnié etau-delà, le psychisme, aussi … Hu! Main.

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Existe-t-elle encore la main-d’œuvre, fière de son travail
qu’elle façonnait avec professionnalisme, de père en fils?
Avoir en main un métier était important pour les parents, un
métier qu’on se passait de main en main.De petite main
d’abord, l’ouvrière façonnaitson ouvrage puis passait
première main avantd’être seconde main pourterminer son
travail de main de maître. Etl’une etl’autre mettaientla
main à la pâte, se donnaient un coup de main pour maintenir
le collectif detravail.
Letravailleur quiutilise sa main ouses mains est un
travailleur ditmanuel … la main à charrue mais la main à
plume ? … la main estcommandée par le cerveau, celle qui
ma(i)nœuvre etcelle qui écrit. Si la main à plume estsouvent
droitière, la main à clavier, plutôtles mains à clavier sont
droitière etgauchère.
De la main, hand en anglais, auhandicap, il n’ya qu’un pas :
letravail fournitdes «bras cassés», êtres humains dontle
corps a été cassé par letravail… Le bras, prolongation de la
main … le bras cassé, symbole de l’usure professionnelle et
symbole de celui qui gêne le rythme des activités, les
collègues, la gestion duservice, celui qui dérange letravail
établi par les règles de gestion envisageantles diminutions
de coût.
Bras cassé… c’estsouventbien autre chose qui estcassé,
symbole de rupture d’un lien queviennentrythmerun
organe,un membre défaillant, rupture avec le monde du
travail, letemps de le soigner mais aussi retourversune
période antérieure de lavie,vers des difficultés
relationnelles au travail,un avant,un après … re-classement.
Après avoir été classé dansune case professionnelle,un

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métier, une fonction, le fonctionnement de ce bras, de ce
membre, de cet organe cassé, amène l’humain dans une autre
classe professionnelle, une autre activité, une autre filière, de
classe en classe : de la primaire à la professionnelle, le corps
exprime ses frustrations scolaires, regrette les choix, les
décisions, les obligations professionnelles.De classe en
classe : du technique à l’administratif, l’humain continue son
histoire etle prixà payer passe par les souffrances ducorps
etdupsychisme mis à l’épreuve du travail etde la
subjectivité.
Dubras cassé à demain …duchemin a été faitpour
continuer savie professionnelle, personnelle, l’une etl’autre
se faisantimmanquablementmain dans la main.
Affaire classée ?
D’une main oud’un bras, cassés ounon, il n’estpas possible
de réaliserun métier. L’humainyestavectoutson corps,
corps pulsionnel, corps physique. Le savoir etle savoir-faire
dumétier passe par le corps, par lestrous ducorps. L’être se
reconnaîten l’autre qui a dumétier eten acquiertl’espritet
les gestes. Être dans le faire pour exister, le monde du travail
le permet. Prendre letemps d’être, de produire des
signifiants sur son métier pour devenir suje

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