La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 novembre 2010 |
Nombre de lectures | 263 |
EAN13 | 9782296711525 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Cailloux
Jean-Pierre PERRIN-MARTIN
Cailloux
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13330-3
EAN : 9782296133303
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
à Marie-B.
Cailloux de Petit Poucet, égrenés sur plus de soixante ans, recueillis et publiés tels quels, en ordre chronologique, sauf quelques regroupements par thèmes.
Sans commentaires.
Chaque caillou-poème recèle sa géologie et sa dose d’émotion.
1947 – 1950
Fumées
Ils fument tous assis en rond
Autour du brasier simple et rouge
Ils lancent au ciel qui fascine
Leurs courbes représentatives
X 2 + bx au carré
La fumée s’est évanouie
Et le ciel demeure insoluble
Mais c’est un plaisir de fumer
Ils fument tous assis en rond
Autour du brasier simple et rouge
Ils lancent leurs fumées
Chargées de leurs espoirs
Vaisseau fragile espoirs déçus
Le navire s’est disloqué
Sans que l’espoir ait crié "Terre"
Mais c’est un plaisir de fumer
Ils fument tous assis en rond
Autour du brasier simple et rouge
Ils lancent des circonférences
Pour encercler l’immensité
Les anneaux se sont déchirés
Et le monde a refusé
Qu’on lui passe les menottes
Mais c’est un plaisir de fumer
Lourde lourde courbe chape envoûtant de plomb le monde
Quitte et tire et glisse le fil et vire
Pique et perce
Brise l’écrasant craquant pesant
Le soleil clinquant grille son œil d’or
Ligne pâle dans le vide
Blanche fragile et translucide
Hésite et tourne girouette
Vissée sur ma cigarette
Le vent d’ouest avec la pluie
Courbe l’échine à ma jolie
Un fil à bâtir dans l’espace
Mon œil a perdu sa trace
Où se tapit la fugitive
Je veux la trouver morte ou vive
Que dis-je ? Oh vieux radoteux
Pardon donnez-moi du feu
Romantique au clair de lune
Romantique au bord de l’eau
Oh ! La jolie pipe brune
Dont vous m’aurez fait cadeau
Ridicule au clair de lune
Ridicule au bord de l’eau
Romantiquement tout seul
À la fumer en rêvant
Je me brûlerai la gueule
Doucement tout doucement
Ridiculement tout seul
À la fumer en rêvant
Bientôt à califourchon
Sur de magiques anneaux
J’oublierai les conventions
Que vous fabriquez badauds
Oh la la ! Le bel avion
Dont vous m’aurez fait cadeau
Je flânerai romantique
Sur le trottoir du réel
Du grand réel fantastique
Qu’oublient les idiots mortels
Dans les rubans élastiques
D’une fumée de dentelle
Mais comment tenir en l’air
Quand triomphent les badauds
Ah !… La jolie pipe brune
Dont vous m’aurez fait cadeau
Je redescendrai sur terre
La taper sur mon sabot
C’était une école où l’on apprenait à fumer la pipe
On y entrait le 17 février muni d’un extrait de naissance d’un livret de famille et de cinq autres certificats de première importance
L’élève Soissan ayant mal bourré sa pipe allégua qu’il avait les doigts trop courts et trop ronds
Il dut faire un rapport qu’il communiqua au surveillant général qui le livra au secrétariat du proviseur qui n’en prit pas connaissance
L’élève Soissan passa une visite médicale
Le docteur découvrit que son pancréas était mal orienté
Il partit en préventorium
L’école a été fermée pour permettre la création d’une école pipographique classique et d’une école pipographique moderne
Musiques
Bulle de savon bleue
Globe mol diaphane
Sphère hallucineuse
Doigt curieux de toucher
Eclate en gouttes d’eau
J’ai rêvé d’un cristal malléable à ma main
Le soleil a jeté son doigt dans ma pupille
J’ai crevé le cristal "Terre" "Plomb" " Noir"
Cordes aiguës sautillent se brisent en pleurant
Mon violon n’a gardé qu’une corde grave
La cavatine
Au violon douce cavatine
Tardait ses notes prolongées
La plainte au piano câline
Se réveillait en triolets
Les phrases longues en sourdine
Glissaient plaintives sous l’archet
Puis quelques notes argentines
En un sourire s’égrenaient
Les accords vibraient sous les doigts
Un refrain que le cœur devine
Eternisait longtemps sa voix
Quand s’évadait la cavatine
Les notes chahutent en chœur
Sur les dents jaunes d’un piano
Devant les paravents moqueurs
Cabriole un allegretto
La charmille au soleil somnole
D’un béat sommeil d’amnésie
Sa paupière verte rigole
D’un rire creux de pupazzi
En entrechoquant leurs caboches
À l’occiput blanc chauve et rond
Du soleil s’en vont les bamboches
Dans le long placard horizon
Dans les branches dégingandées
De la lune les gais kobolds
En dansant sont dégringolés
Pour dérouler leur farandole
La clé de sol joue du biniou
Les noires et les doubles croches
Sur les fils de portée debout
Claquent cadencées leurs galoches
En patinant à cloche-pied
Sur un signet doré de lune
Le dernier lutin s’enfuyait
Et refermait le gros volume
La farandole était finie
Et rangée sous les autres pages
La charmille s’est endormie
Comme s’endorment les images
La nuit cintre une alcôve sombre
En verrouillant sa reliure
Et dans le gros livre empli d’ombre
Veille une nouvelle gravure
Deux faibles lueurs aériennes
Lentes flânent sur le clavier
Comme une douce cantilène
S’est évanouie la journée
Chanson du jeune kangourou
Sous les arbres velus
Aux gros troncs gris
Dans les buissons touffus
Et rabougris
Danse
En cadence
Petit kangourou
Roux
Pour toi danseur du soir
La forêt noire
Plaque sa silhouette
En frange nette
Sous le ciel de la nuit
Clos et géant
Les arbres ont tari
Leurs jeux mouvants
Pour te laisser danser
Plus solitaire
Le vent s’est enfoncé
Dessous la terre
Dans l’étang le rivage
Et l’horizon
Reflètent leurs visages
Sans un frisson
Sous les arbres velus
Aux gros troncs gris
Dans les buissons touffus
Et rabougris
Danse
En cadence
Petit kangourou
Roux
Danse du kangourou moyen
Jette-toi dans la longue danse
Étourdissante et sans cadence
Kangourou Roux
La folie tourne dans le ciel
On ne naît pas pour le soleil
La tête du sorcier du jour
Ricane au bord de l’horizon
Le rêve de la nuit trop court
Eclate en sèches dérisions
Le soleil crache sa lueur
Sur la forêt multicolore
Mais je ne connais de couleur
Que le noir que me tue l’aurore
Le vent s’est arraché de terre
En spirales tourbillonnantes
Le fantôme de la lumière
Secoue ses chaînes dissonantes
Jette-toi dans la longue danse
Étourdissante et sans cadence
Kangourou
Roux
La folie tourne dans le ciel
On ne naît pas pour le soleil
Pur
Je sais jongler pourtant avec les mots qui dansent
Je sais cabrioler sur les lettres moqueuses
Je casse leur cristal en dansant et je lance
Leurs serpentins clinquants en boucles lumineuses
Je sais tirer l’archet des douces harmonies
Je sais pourtant chanter la villanelle aimable
Et je sais suivre les longues rides jaunies
Où montent les sanglots des douloureux vocables
Je sais crier pourtant les syllabes choquantes
Et piétiner rageur les accords dissonants
Je sais bien secouer les phrases breloquantes
Pour cracher leurs tessons aigus en hurlements
Mais quand pourrai-je enfin dire le mot trop dur
Qui trébuche ma voix sur des lettres qui mentent
Mes deux lèvres charnues bourdonnent imp