Courts poèmes long-courriers
115 pages
Français

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Courts poèmes long-courriers , livre ebook

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115 pages
Français

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Description

Ce recueil, composé de sonnets, est consacré à de longs voyages aériens, vers l'Afrique noire, les Amériques, l'Asie et l'Océanie. Il se prolonge par une méditation sur une destination intitulée "Ailleurs", à la fois plus lointaine et plus intérieure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 110
EAN13 9782296806245
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maquette de la couverture : Osama Khalil
Illustration de la couverture : xylographie de Sergio Birga


Illustrations
Sergio Birga
Courts poèmes long-courriers


Dominique Thiébaut LEMAIRE
Le Scribe cosmopolite – Poésie
Collection dirigée par Osama Khalil


©
Le Scribe l’Harmattan
ISBN : 978-2-296-54655-4


Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Il faut de tout pour faire un monde
Il faut d’abord l’idée du tout
Se dire aussi la terre est ronde
Mais on ne peut en voir le bout

Des hauts des bas du plein des trous
Des jours de joie des nuits profondes
Il faut de tout pour faire un monde
Il faut d’abord l’idée du tout

De la violence et des yeux doux
Sous un ciel qui s’ouvre en rotonde
Le bien qui donne un espoir fou
Le mal qui bruit avec faconde
Il faut de tout pour faire un monde
Matière en feu souffles de vent
Le philosophe avait ses mondes
Cherchant à devenir vivants
Si nouveaux que le front se plisse
Autour de lui faisant la ronde
Sans lui laisser la pensée lisse

J’en ai vu moi aussi plusieurs
Autour de mes yeux se mouvant
Soucieux de choisir le meilleur
Et le plus vrai parmi ces mondes
Certains gravitant gravement
Quand d’autres voguent sur des ondes

N’aurais-je pas faible devin
Laissé le plus radieux d’entre eux
Trop beau pour moi partir en vain
Hanter la sphère des possibles
Et disparaître aventureux
Dans l’éclat d’astres combustibles

A moins qu’il ne soit revenu
Dans une âme plus incendiaire
Ou dans la mienne en inconnu
Sans galaxie comme équipage
Faire en secret de la lumière
Entre les lignes de mes pages
Préface
En publiant après Aérogrammes ce deuxième recueil illustré par Sergio Birga et consacré à des impressions de voyages aériens recueillies au long d’une carrière internationale bien remplie, Dominique Thiébaut Lemaire poursuit un travail séduisant qui, dans une langue superbe, confère des lettres de noblesse à ce genre inédit dans notre littérature.

Au début du XXe siècle, en effet, l’écrivain et poète-voyageur se déplace en train (Cendrars), en cargo marchand (Louis Brauquier), et ce n’est que peu à peu que l’avion, militaire d’abord, puis mythique (l’Aéropostale) – toujours héroïque – gagne en importance. Dans les cinquante dernières années du siècle, devenu moyen de transport de masse, pour hommes d’affaires, diplomates et bien sûr touristes, il n’est plus guère « chanté ». Cocteau aurait-il jeté un anathème sur ce vecteur moderne en se plaignant que les avions voyagent désormais plus vite que nos âmes ?

Dans le parcours de mots (IV) où s’engage ici le poète, est explicitement recherchée la calligraphie d’une aérienne aisance, qui n’exclut pas le ton plaisant du conteur : Si la terre soudain tournait sur un autre axe/ L’idiome des climats changerait de syntaxe (LXX). Comme pour Aérogrammes , ce parcours est balisé par un classement géographique. Rien n’interdit cependant au lecteur qui commence à rêver de composer son propre circuit, feuilletant le recueil au gré des impressions déclenchées par exemple par les toponymes parés des prestiges du voyage.

Quel que soit l’ordre de la lecture-découverte, le lecteur-voyageur ne sera pas déçu : sentiments, rencontres, paysages de différentes échelles, sensations physiologiques – bien-être ou angoisses du voyageur installé dans ce tueur sauveur l’avion (XXIII)… Sans bouder au passage le plaisir de nombreuses notations picturales et symboliques : Dans la brousse non loin les baobabs s’attroupent/ Aérophages lourds à patte enracinée /Portant comme abdomen un grand ciel calciné (XXIX).

Bien qu’il soit tout aussi à l’aise dans la ballade ou le rondeau, Dominique Thiébaut Lemaire utilise ici la forme du sonnet, parfaitement adaptée au propos. La jouissance sonore procurée par une maîtrise savante de l’alexandrin accompagne, sans jamais l’oblitérer, ce voyage qui, bien qu’international, est aussi – qu’on me pardonne ce jeu de mots – vol intérieur.

C’est que le recueil s’élargit, pour finir, et sans emphase, à des considérations plus générales. Ces visions, ces paysages, cette dynamique du voyage qui passent par le langage conduisent l’auteur à s’interroger : Reste-t-il de l’inconnu digne qu’on l’explore … / Dans le grand jeu du langage (LXV) et à suggérer une solution : Que le secret n’est pas dans le fond des cieux vagues/ Mais dans le mot premier dans l’amorce de braise (LXXV) – étant précisé que le mot premier n’est pas forcément celui par lequel débute le poème.

Que le lecteur n’hésite donc pas à explorer cet état du monde que l’auteur lui offre à partager dans un parcours de mots. Sachant que le plaisir de poésie n’est pas seulement de parcourir la réalité sensible, mais aussi d’approcher l’indicible : les mots parfois on en tire/ Le fil et l’on trouve encore un mystère (LXXXV).


Philippe Démeron
Revue Les Citadelles
Envoi
I
Avec toi j’ai plaisir quand le souci désarme
A écouter le temps chanter un air mineur
Au rythme d’une marche anagramme de charme
Ou dans la flânerie de songes promeneurs


Lorsque sur nos yeux clos d’un pas déchaux de carme
En douceur Psyché glisse au matin de bonne heure
Avant de te donner un éveil sans alarme
Parce que de bonne heure évoque le bonheur


A toi qui me manquais aux limites terriennes
Lorsque vers le retour comme des fils d’Ariane
Je voyais concourir les lignes aériennes


Je dédie ce recueil dont les poèmes tiennent
Par les fils mystérieux par les étranges lianes
Où sont liés les cœurs de ceux qui se souviennent
II
La beauté qui vous touche est-elle blanche et propre
Aime-t-elle tanguer comme une danseuse âpre
Assurée de rester invulnérable au stupre
Ensorcelant celui qui voudrait la corrompre


Apparaît-elle aux lieux où l’on fume le chanvre
Où viennent se griser des hommes toujours ivres
Est-elle en un musée ou dans les mots d’une œuvre
Attendant qu’un lecteur lui prête voix et lèvres


Elle n’est pas pour moi déesse au corps d’albâtre
Objet de mots parfaits et de la plus belle encre
Elle n’est qu’une enfant dans la grâce de naître


Une petite fille ouvrant des yeux de nacre
Et turquoise timide étonnée à la vitre
A l’aube de la vie où merveilleuse elle entre
III
A PF qui progresse et s’avance acrobate
Sur le fil de ses pas les premiers qui s’arc-boute
Sur le sol inégal par décision subite
En suivant un ballon d’aller marquer un but


A Fred qui court entre l’ordi et le couloir
En criant « Washington » s’élance à toute allure
Qui disloque sa chaise il n’est pourtant pas lourd
Quand il oscille et sur l’écran soudain sait lire


Aujourd’hui le premier préférant à Venise
L’Empire du Milieu m’explique la genèse
Des métros qu’il a faits dans les villes chinoises


Le second est parti rêvant d’idées nouvelles
Etudier quelques mois à Delhi bénévole
Comment fournir de l’eau gratis aux bidonvilles
Sans milieu dans les airs
IV
Dans un parcours de mots qui vont de Terre Neuve
Au socle immémorial des forêts scandinaves
Des plus vieux souvenirs des ruines de Ninive
Aux côtes rebattues que l’océan rénove


Des rivages mousseux que l’océan savonne
Aux contrées adoucies de douceur angevine
Du nouveau monde indien caraïbe et havane
Aux mosaïques d’or des tombeaux à Ravenne


Le voyageur léger qui porte en sa besace
Les sons les tours les voix de la langue française
Pour jalonner sa route au long cours indécise


Au loin ne cherche pas la plus belle oasis
L’illusion de l’ivresse et les magies qui s’usent
Mais la calligraphie d’une aérienne aisance
V
Celui qui aimait bien les mansardes les combles
Et regarder la vie depuis une lucarne
Au grenier dans les airs sans que la vue retombe
Domine des sommets que la hauteur décharne


Quand l’hôtesse lui met sous le nez une darne
De colin surgelé de saumon rose ou d’omble
Un jour maigre d’enfance intact se réincarne
Au détour d’un passé que ce trajet surplombe


Un bien-être ronronne au fond du bruit qui ronfle
On oublie les habits tombant fripés du coffre

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