dévers
148 pages
Français

dévers , livre ebook

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148 pages
Français

Description

Christian Cavaillé sait nous surprendre par sa prise inédite sur l'obscur retournement des mots comme un pêcheur masqué qui ne se fie qu'à sa connaissance des profondeurs. [ Il ] a compris l'enjeu véritable de la parole qui s'égare d'abord pour éprouver ensuite la densité de l'air libéré. Sa poétique […] est tendue comme un arc vers une cible invisible où l'être entrevoit un élargissement. Extrait de la préface de Michel Cassir

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Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296490017
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

dévers
Levée d’ancre Collection dirigée par Michel Cassir et Gérard AugustinLevée d’ancreest une nouvelle collection privilégiant l’écriture poétique. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris le « noyau de prose » par lequel l’œuvre exprime ce qu’il y a de plus actuel, dans sa construction d’un sens de la poésie. Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie. Dernières parutions 69 – Alain ROBINET,Alex & G B K suivi de KHORA sont comme les 2 mises en pièces... ... de qques théâtriques en poètiques !, 2012. 68 – Kostas NASSIKAS et Démosthène AGRAFIOTIS,Anthologie de la poésie grecque 1975-2005, 2012. 67 – Gérard AUGUSTIN et Michel CASSIR (sous la dir. de),Les Prémisses du siècle. Poètes de Levée d’ancre, 2011. 66 – Nanos VALAORITIS,Paramythologies, 2011. 65 – Alain ROBINET,« J’OURNAL », De ces tabloïds cuits aux soleils d’Hiroshima, & au micro-ondes de Tchernobyl-Fukushima... ...à ces répliques poétiques séismiques !, 2011. 64 – Michel FALEMPIN,La vie littéraire, 2011. 63 – Ahmed BEN DHIAB,Fulgurances, poèmes et dessins, 2010. 62 – Constantin KAÏTERIS,Aventure dans le commerce des mots, 2010. 61 – Christophe GUYON,La nuit et les spoutniks reviennenttoujours, 2010.60 – Nikos ENGOPOULOS,Le Retour des oiseaux, 2010. 59 – Alain ROBINET,Poetriae Novae » convoquent Homère,« 3 Xénophon, Hérodote, Virgile, Arioste, L. Carroll &... à ce colloque: fil(m)ez métaphores !, 2010. 58 – Hiromi TSUKUI,L'eau qui rit, 2010. 57 – Gérard AUGUSTIN,Athènes dispersée parmi les fleurs, 2010. 56 – Antoine SIMON,Re coudre, 2010. 55 – Nora IUGA,Le cœur comme un poing de boxeur, 2010. 54 – Christian CAVAILLÉ,gravités, 2010.
Christian Cavaillé dévers Préface de Michel Cassir
Du même auteur Poésie : Trois ou quatre choses avérées – avec quatre sérigraphies de Pillard-Valère, Éd. de l’Hôte Nomade, 1996. Instances accrues, L’Harmattan, coll. « Levée d’ancre », 2009. Gravités, L’Harmattan, coll. « Levée d’ancre », 2010. Philosophie : Philosopher depuis Montaigne et après Wittgenstein - Instances des essais, éd. L’Harmattan, coll. « La philosophie en commun », 2008. Parti pris du réel»,, L’Harmattan, coll. « Ouverture philosophique 2011. Façons du réel, L’Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », 2011. Montaigne et l’expérience, éd. SCÉRÉN-CNDP, coll. « Philosophie en cours » (à paraître en 2012). © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96730-4 EAN : 9782296967304
À la mémoire de Gérard Augustin
Inclinaisons Les serpents et les sirènes de la poésie ont cheminé si longtemps dans l’univers de Christian Cavaillé, qu’il en est devenu le « captif amoureux ». Il a sans doute su très tôt que le champ de vision ne connaît pas de bornes, au-delà même de toute littérature. A l’écoute de lui-même, des autres et du monde, poète rare dans le tumulte et les mirages de l’ego qui avalent toute part de réel. Le réel est si présent dans Christian Cavaillé qu’il en fait nourriture de rêve et d’amitié. Et si « Dévers » veut aborder la vie par ses pentes, c’est pour mieux en sentir la dérive, le charme secret, alangui, qui recrée la belle tournure de l’œil en éveil. Les pentes qui glissent si lentement que le fond va s’éloignant au fur et à mesure, alors que le vertige léger monte. En joueur averti, Christian Cavaillé traduit son protocole littéraire en raison déraisonnant pour bien montrer que l’agencement des mots et des phrases poétiques est une manière de creuser le sens sans témoin et de n’en montrer que la trace. Poète discret et souple qui prend le temps de voir monter les énergies, dont la voix prend la pulsation des choses avec la cadence solaire du Sud-Ouest. Mais écoutons sa propre voix ! le chantier à ciel ouvert retourne la  rue abattage des angles familiers ou fortifiantes entrées en matière  lieder inaudibles et gravats en masse  déversés la découverte tuyautée  terreuse déporte tous les rendez-vous
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Que représente pour Christian Cavaillé l’éternelle danse des mots qui se placent, s’abouchent ou s’entrechoquent ? Un monde ludique où il serait encore possible d’enchanter les objets, les êtres et retrouver leur extravagance ? Une philosophie dont le mouvement même crée l’immanence et la survie ? Une mise en lumière du jongleur et de son double immobile ? Christian Cavaillé sait nous surprendre par sa prise inédite sur l’obscur retournement des mots, comme un pêcheur masqué qui ne se fie qu’à sa connaissance des profondeurs. Il en est amoureux au point de céder sa posture d’observateur à l’imprévu crépuscule surréaliste, tout en sachant recueillir le flux ouvert du visible dans la paume des mains. Mais cette profusion, cette immersion dans l’abondance des signes ne cerne-t-elle pas la douleur première et sa métamorphose en réel ébloui, en réel rêvé ? la vie dérive lente le long des jours  noire la colère des moires sur nous  les virages de fond trahis en surface  où l’effacement des sillages l’emporte  jusqu’à l’indistinction la nuit les repères  perdus et des chants cherchant sortie qui chutent Christian Cavaillé a compris l’enjeu véritable de la parole qui s’égare d’abord pour éprouver ensuite la densité de l’air libéré. Sa poétique est surtout dans l’écoute, aussi bien dans le bruissement de la vie que dans la négation de son évidence. Elle est tendue comme un arc vers une cible invisible où l’être entrevoit un élargissement. Ce moment du fléchissement du paysage humain et de ce que l’on appelle son âme est tout entier dans la quête du poète. Il porte l’intuition d’autres chants jamais perçus qui sont à la fois annonce et piège. Le poète est continuellement
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dans ce va-et-vient entre l’éblouissement et le doute. Christian Cavaillé qui s’est beaucoup imprégné de l’univers des poètes avant d’élever son propre cri n’ignore pas les dessous de la lumière. Ces mêmes dessous qui fabriquent l’insoutenable conscience. au jeu des quatre coins tu ne quittes guère  le centre vide et la posture sans poste  virements d’un extrême à l’autre sans toi  sans toit sous l’orage visage battu Le poète est à la croisée des chemins, il est comme le balancier qui voit s’écarteler les forces centrifuges qui le séduisent en tentant de happer sa sérénité. Mais il résiste car cette posture le multiplie et fait remonter à travers lui toutes les sèves. Mais il est aussi orphelin de tous ces possibles tronqués. ruissellent d’évidence la pluie les larmes  l’eau sur la mousse des murs les jours banals  les mains lancent leurs doigts d’aventure aveugle Le poète est observé par un quotidien qui à son extrême limite l’oppresse, mais il sait aussi que la salvation est une sorte de fuite en avant. L’aventure, si elle signifie retrouver la racine, est aveugle puisque cette dernière disparaît au moment même du désir. Christian Cavaillé est alors comme cet explorateur qui se méfie de ses découvertes et les confronte à son esprit inquiet qui ne veut pas tromper sa liberté de digressions évidentes. Et pourtant le voyage est entrepris car lui seul permet de sonder l’or dans sa gangue.
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longue apnée en eau trouble le fleuve rend  les yeux blancs déjà le visage livide  et le retour dans la lumière flagrante  au tempo percussionniste de la rue  la tête de pont dans l’avenir en cause Et ne vaut cette plongée que l’air épuré qui en suit comme une musique soudaine ressuscitant la palpitation de la terre et ses veines gonflées d’amour neuf. Christian Cavaillé ne perd jamais de vue ce rôle de la poésie de reprendre prise sur « l’universel lisible dans les plaies » avec la puissance de la « matière noire des mots ». Mais l’auteur de « Gravités » intègre aussi dans l’office de poète ses instruments ludiques.  l’apnée dans le suspens pensif de l’air le bricolage de mots  d’esprit frappeurs les comptines murmurées dans les va-et-vient au jeu des quatre coins Michel Cassir, 8 avril 2012 10
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