L asphalte des condamnés
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'asphalte des condamnés , livre ebook

-

160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre augure la musique verbale, les mots transcendés en sons, une poésie arrachée à la torpeur des poètes poétisants, le clivage des styles est outrepassé, "outragé". La Belgique et le monde s'éveillent au son d'une fanfare atroce, superbement absurde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296464193
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’asphalte des condamnés
T HOMAS T EICHER


L’ASPHALTE
DES CONDAMNÉS


Préface de Jean-Pol Schroeder
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54754-4
EAN : 9782296547544

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Préface
Asphalte. Condamnés. Englués. Les crevasses disent le chemin. Thomas Teicher dit le reste : « C’est l’écriture qui primera, qui lavera d’un torchon brûlé, sale, la trop facile propreté, qui souillera l’homme sanitaire et sa retenue ».

L’écriture, Thomas l’a rivée au ventre, brûlante de désir et de dégoût, engluée - on y revient - de sperme, de bière et de sueur. Solibertude tuméfiée. Physique de l’idée et de l’attente. Rythme : car Thomas (gênes de musicos et suceur d’anches) connaît la limite des mots : il sait qu’ils ne peuvent s’incarner que s’ils se déclinent en termes de rythmes, de timbres, de syncopes. de swing. C’est dit : ces textes swinguent. Et donc, font mouche. La recette est simple - soufflet aux slammeurs du dimanche : le mot juste dans le temps juste. Pour s’en convaincre, lire à voix haute, chuchoter, beugler. L’Asphalte des Condamnés appelle à la mise en musique et le jazz l’attend au tournant. « Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie, elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche ». Léo en connaissait un bout sur le sujet : une syllabe en trop et la sauce tourne. Comme le vomi.

Les mots, le rythme. La provoc aussi. Mais une provoc naturelle, sans marketing ni morve industrielle. Il en faut beaucoup pour me blesser et pourtant - dérapages contrôlés ou brèves de comptoirs -, il est quelques phrases qui me blessent dans ce recueil : c’est ce qui fait sa force. L’élection et les urnes, l’érection et les burnes : ne jamais oublier que le politiquement correct part par la droite, fait le tour et revient par la gauche. Brûlant sur son passage la force des mots comme la puissance des rythmes et des sons. Échos de gueulantes célinoïdales, aussitôt compensées, contredites, transmutées, par des charges de générosité lumineuse - à mon tour de blesser un Teicher pudique jusque dans le glauque et l’outrance !

Thomas dit « bannir les intercesseurs de sa cause ». Tant pis, j’intercède : la parole qui coule sous l’Asphalte des Condamnés est une parole de souffre et de douleur, de liberté et d’alcool vital. De bourre et de don. J’aime ça.


Jean-Pol Schroeder
Directeur de la Maison du Jazz (Liège) - Journaliste et auteur spécialisé en jazz.
Avant-propos
Le Dieu de mon esprit, le démon de ma chair avaient raison.
Les lettres sont comme des lames sur le goudron des porteurs de vitrines, de verres, de vert, de sexes ouvert et sous serre.
Elles se replongent sans cesse dans le noir de l’encre, souillant l’hygiénisme, la torpeur des Bouddha, les médecins censeurs de soi.
Mes mains que je prends en vain n’existent pas. Sauf pour ceux qui veulent bien voir qu’il n’y a pas de pire onanisme - j’entends complaisance - que la main gantée du médiocre sur un phallus de légiste.
Alors c’est l’écriture qui primera, qui lavera d’un torchon brûlé, sale, la trop facile propreté, qui souillera l’homme sanitaire et sa retenue, millimétrée sur la prescription de l’ordre de l’éco-éthique.

Je ne peux voir la vie que comme un ultime orgueil, une ultime naissance, dans un ventre qui est le mien et rien que le mien, des viscères qui ne sont redevables de personne parce que si j’avais à mettre l’an 0 sur l’an 0, j’en serais à sucer des seringues, à me pisser dessus.
Alors je réitère le vœu d’une infinie splendeur de l’instant, j’appelle à la candeur d’un premier mysticisme et je bannis les intercesseurs de MA cause !
Elucubration
Définitivement,
il faut en finir avec ces fantômes du passé, ces éternelles injonctions de la Science à me vouloir
Rouage,
Automate,
Absolument psycho-moteur ,
Boulonné sur les boutons blancs de leurs axiomes, fornicateurs de culture cadavérique, empalé sur la cardio-convulsion de leurs examinassions…

Ah ! L’examen, l’expérimentation, l’analyse, la thèse et l’antithèse…
L’ardoise qui toise le triste doubleur-dédoublé sous l’ombre de la soutane enseignante.
Bannissement logique…


*


On nourrit des cervelles pour bouffer de la cervelle !
On n’a jamais rien fait d’autre que ça, bouffer de la cervelle !
Convertir, combler les lacunes, voilà ce qui marche encore et toujours chez les dresseurs, redresseurs, formateurs et autres, c’est-à-dire à peu près tout le monde !
Vous ne serez jamais que des exploiteurs de capital humain.
De la mine à l’étude, vous ne pourrez rien considérer de plus important que le nombre et sa croissance.
Il vous semble inconcevable que l’esprit se fonde lui-même, qu’il puisse croître au-delà des chiffres, qu’il plonge lui-même aux racines de l’être et s’arroge de lui-même un savoir que bien sûr vous nommerez inculture.
Et pourtant on baisera toujours seul,
on agonisera toujours seul,
et cela toutes vos méthodes, vos scientifiques du corps et de l’anus n’y feront jamais rien !
Juste donner l’impression que l’on ne l’est pas - seul - qu’il y quelqu’un supérieurement « qualifié » pour nous guider.

La modernité est solidaire par manque d’intériorité, par infériorité proclamée des esprits, de l’esprit.
On pense sincèrement qu’il ne puisse y avoir de vérité en nous qui défraie la thèse scientifique.
Ce sont toujours les termes de la prose scientiste qui expliquent la déviance, parce que la poésie remettrait trop le feu et la frayeur de l’unique au centre de l’être.

Aucune structure ne pourra me faire croire que ce que je recherche tel un enragé, entre dans un champ figé de physique, que ce que je creuse est le monticule de vos technologies entassées et rien d’autre…

Alors, que m’importent les monopoles industriels, toutes vos prospérités concurrentielles, vos soubresauts qui se terminent en mégalopoles…
J’ai déjà monopolisé l’entièreté de mes articulations vitales faisant de mes organes une architecture sacrée, excommuniant la fanfare scientifique qui me semble maintenant bien inepte, alors que j’ai résolu avant les écritures, toutes les défaillances de l’après-Golgotha.
J’ai marié la pensée à son frère, le sexe, ces deux unijambistes qui se fuyaient fiévreusement avec des prothèses d’or, la présomption prométhéenne sur le dos !
Que m’importe la voltige du cerveau sur la corde huilée de la langue, la mienne est un venin sans vaccin, un silence qui trace sur le sol un fil d’Ariane.


J’ai fondé le rire dans un chant funèbre, quand j’ai su avant tous que l’amour n’était pas un cimetière mais une fosse commune.
Point de fuite
J’erre dans un cercle
Je tourne dans ce cercle
Où je me lave
Sur l’anus du grand Satan
Bouffant la salissure
D’un miroir mauve.

Je recercle la bave
Je racle la rage
Je gerbe la suie
Des sages et des sophistes
Car je n’ai pas appris,
J’ai pris, j’ai volé,
Je me suis servi.

Ravissant aux Dieux
Le cierge éternel
Des sentences
De vierges et de putains
Ravissant au ciel
Le chromatisme des arcs
Et le prisme scintillant
Jouant avec le cosmos
Et sa couronne bleue.

Je tourne toujours
Je joue avec l’astre
Sur la roue de Saturne
Sur le rayon d’une fortune - oisive
Pour faire de mon cloaque des saturnales.

J’erre sur la plaine
Du cirque d’œil sarcastique
Ou des bourgeons de sexes
Éclosent en chardon noir…

J’habille la pudeur
D’un linge pourpre
Et je magnétise ma folie
Sur l’orgasme d’une pute.

Ah ! J’assène un dernier coup
Sur le cerveau de la misère
Scellant l’ossature de la d&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents