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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 19 octobre 2018 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782378772192 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Laurent Vivat
La source primitive
Poèmes
© Lys Bleu Éditions—Laurent Vivat
ISBN : 9-782-37877-219-2
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À mon père
Ainsi
La rencontre
J’avais fait des détours
Et des erreurs aussi
Mêlé les abandons
Et les sourds renoncements
À l’orée de ce bois
Où je m'étais assis
La licorne vers moi
Se tourna et me dit :
« Qu’as-tu fait de ces jours
Que je t'avais donnés ?
Qu'as-tu fait de ta vie
Déjà bien avancée ?
Quand je t'ai mis au monde
Tu avais un défi
Que ne l'as-tu saisi
Ou bien l’as-tu subi ?
La source est encore là
Si tu veux y puiser
Le mystère de l'instant
Qui en fait la beauté
Comme une aube du monde
Lumineuse et féconde
Une longue invitation
À renaître à toi-même
L'énergie survivait
Et je l'ai retrouvée
Quand tu la croyais morte
Au fond des âges sombres
C’était avant l’histoire
Et avant la culture
Les hommes n’avaient pas
Encore créé les dieux
La louve veillait sur toi
Celle t’en souviens-tu
Que tu craignais souvent
Dans tes jeunes années
Son visage émacié
Ses yeux gris et rieurs
Étaient restés gravés
Là-haut sur les frontons
Le souffle vibrait en toi
Je te l’ai rapporté
Des forêts enneigées
Des vallées de porphyre
Recouvert sous les cendres
Des antiques cités
Tu l’avais oublié
Or il comptait sur toi »
Alors je vis enfin
Dans l’onde qui frémit
Dans un rai de lumière
Au sourire diffracté
Le visage des jours
Que je n’avais cueillis
Pourtant à moi offerts
De toute éternité
Et la clarté du monde
Peu à peu m’envahit
Dans cet instant de grâce
Qui fleurissait ainsi
Rendant tous les possibles
Ouverts à l’infini
Là où dansent les elfes
Dans les longs soirs d’été
Je me réfugiai là
Retrouvé à moi-même
Aux abords de la source
Où j’abreuvai mon âme
Dans la fraîcheur des joncs
Sur les ailes des cygnes
Pour un long devenir
Lumineux et paisible
Rocamare
Repose-toi bien
Pourrais-je un jour sourire
À nouveau je ne sais
Il a fui avec toi
L'enfant que j’habitais
Et que j'étais resté
Tu nous laisses orphelins
En plein cœur de l'hiver
Avec ce vide immense
Qui grandit chaque jour
Et ne me quitte pas
Tu disais Tahiti
Pour évoquer l’après
Nous protéger aussi
Effleurer ces moments
Auxquels on ne veut croire
Est-ce que les vahinés
Sont venues te porter
Ces grands colliers de fleurs
Qui coloraient les rêves
Que tu nous racontais ?
Un sanglot dans la gorge
Un sanglot dans la gorge
Une incompréhension
Une sidération
Un abîme béant
L’arrêt brusque et violent
De la marche du monde
Indifférent et sourd
Ignorant des souffrances
Rocamare
I
Je me suis rendu là
Sur ce froid banc de pierre
Perdu dans cet hiver
Où tout vient de s’éteindre
Et la mer métallique
Porte vers l'horizon
Le chant du crépuscule
Et le vol des oiseaux
Je me suis rendu là
Si fragile et si triste
Et toujours solitaire
Comme en pèlerinage
Sans savoir où j’allais
Guidé par les voix sombres
Et toujours répétées
Des entrailles du monde
Je me suis rendu là
Comme sur ta pierre tombale
Pour te parler encore
Et prolonger ta voix
Pour comprendre pourquoi
Ton choix fut de partir
Sans un seul mot d'amour
Ni même un mot d'adieu
Je me suis rendu là
Parce que tu aimais tant
T’asseoir sur ce grand banc
Lors des soirées d'été
Où bercé par tes rêves
Tu regardais la mer
Porter vers l'horizon
Le chant des jours heureux
Je me suis rendu là
Bien pauvre somnambule
Égaré dans le vide
Pour te parler encore
Pour comprendre pourquoi
Tu n'avais pas laissé
Ni un seul mot d'amour
Ni même un mot d'adieu
Je me suis rendu là
Sur ce froid banc de pierre
Où tu venais t’asseoir
Pour être à tes côtés
Pour prolonger ta vie
Pour supporter la mienne
Pour partager encore
Un moment avec toi
II
Ce dialogue avec toi
Se noue et se prolonge
Au-dessus des rochers
Là, à Rocamare
La mer est mon église
Elle prolonge ta voix
Que j'écoute le soir
Là, à Rocamare