La vie, infiniment
207 pages
Français

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La vie, infiniment , livre ebook

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Description

Une parole dit, seule d'abord, puis raconte, puis se dédouble, en résonance avec une autre, puis une autre, puis d'autres, puis enfin avec une seule, jusqu'au chant. Infiniment la vie ainsi rôde, ponce, polit, polit toute aspérité jusqu'au coeur et, se faisant ainsi, délivre, chants de fleurs et fleurs d'oiseaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 258
EAN13 9782296930537
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La vie, infiniment
 
Ouvrages du même auteur :
 
- « Philomène et Chrysalide », récit, Nouvelle Littérature Éditions, 2002
- « Des gens et des lettres », essai sur la typographie, Éditions du Septentrion 1997
- « De l’ idée à l'objet, CAO-DAO dans les métiers du bois », essai, Éditions Hermès, 1994
 
 
Pour contacter l'auteur : www.textes.net,
ateliers d'apprentissage créatif de I’ écriture littéraire.
Françoise Neveu
 
 
La vie, infiniment
 
 
L'Harmattan
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de I'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10374-0
EAN : 978229610374
 
Préface, prélude
 

 
Il paraît que c’est cela qui arrive
 
quand tu lis les tragédies grecques, quand tu es avec un personnage, un Aveugle, ou Narcisse, ou quand tu reviens t’asseoir avec le chœur pour t’accorder avec son chant. C’est comme ça, sans doute. Parce que ce livre a les façons du mythe, il en a la lucide obscurité, la familiarité étrangère, le pouvoir nécessaire et invincible. Ainsi, ce 5 septembre 1935 qui ouvre Le pré, c’est aujourd’hui, c’est hier, c’est demain, c’est tous les jours dans le temps, parce que ce livre est sans temps, en dehors du temps, il est dans la vie, et c’est ainsi pour chaque personnage, chaque poème, chaque mot, qui en est un geste, un signe.
 
Alessandro Cinquegrani.
Poète et critique littéraire,
directeur de recherche Université de Venise.
 

 
Dans un ventre à l’abri, peut-être
 
« La figure de l’aveugle,
Une absence,
Parlait d’un espace
De bruit, de toucher
Et d’odeur.
 
Et la couleur. »
 
Être au monde comme un aveugle. Être au monde à la manière dont un aveugle touche le monde, vit le mirage, le miracle absent de la lumière. A la manière dont il palpe les choses. A la manière dont ses doigts déshabillent un corps de femme dans ses rêves incolores. Une nudité qui fond entre ses bras, des lignes qui épousent ses lignes. Est remonté à ma mémoire alors que je déplongeais de la prose étincelée de Françoise Neveu ce vers sublime de Sophocle, tombé d’une tragédie à jamais perdue dans les ruines, dans le brasier d’une quelconque Alexandrie : « L’amour est un morceau de glace qui fond dans une main d’enfant. »
 
Il nous faut être malade de solitude pour souffrir à ce point de la vie. De la vie, infiniment. Le mot est craché à la première ligne : solitude ! Et qu’on ne s’y trompe pas : l’ouverture du concerto auquel nous convie l’auteur est râpeusement dédiée : « à personne ». Solitude revendiquée. Mais non solitude aimée. La prison de l’isolement craquera finalement de toutes parts. Les deux derniers mouvements du concerto seront dédiés « à l’autre », puis « à la petite ». Que s’ouvrent alors « les fleurs de pinsons » !
 
Que s’est-il donc passé pour que le cri-certains oiseaux ont ce don -s’achève en chant ? Pour que du trille tragique fuse la note de printemps ?
 
Le long du parcours qui mène du cri au chant, j’ai vu des silhouettes s’agiter, besogner de leurs mains et de leurs corps. Il y a eu Eugène et Louisa, Paul aussi, de nombreux autres encore. Ça courait des Ardennes en Poitou. Ils caressaient le blé à la façon des moissonneurs juste avant le sacrifice et quand ils flattaient les chevaux, les pelages fumaient sous leurs paumes. Tout ce petit monde paysan me replongeait dans les campagnes aimées de mon enfance, de notre enfance. Le paysan de Françoise Neveu est le mien même s’il n’est pas de la même région : « Le paysan parle du tréfonds de la terre. »
 
Un film en noir et blanc défile sous nos yeux. L’atelier de l’artisan, le café du village, l’échoppe épicière tiennent au chaud de la mémoire les gamins que nous fûmes. Et ce monde-là avait ses mots. Le long rabot s’appelle encore varlope. On projette les étés nouveaux au-delà de l’hiver, au-delà de la mort d’où germe le retour du grain : « Le paysan/ laisse se faire/ La renaissance. »
 
Revenons-en aux mots car c’est d’abord d’eux que ce concerto tire sa force. « Les mots/ Sont des allumettes craquées / Chacun son pouls./ Chacun sa parole. »
 
Est-ce de la poésie que ce texte à l’harmonie changeante, aux silences lourds comme l’absence, aux vertigineux précipités, aux fugaces visions, aux strophes chahutées et brisées, aux alexandrins démontés au burin et remontés au chalumeau, « déconstruits » comme disent les profs de linguistique et autres sciences chic ? La poésie n’est rien d’autre qu’une affaire de rythme. Et chacun a son cœur. Chacun a son pouls. Celui de Françoise Neveu est un drôle de phénomène. Il va l’amble, il trotte, il galope selon l’humeur du moment. Un cheval capable aussi de tomber en arrêt pour écouter son cœur inquiet, une mélodie qui passe, une parole tombée du ciel.
 
C’est un concerto pour bois. Pour flûtes, bassons et hautbois encore vivants au cœur de l’arbre qui les enfante. Pour entendre le bruit du vent dans les branches, pour entendre la chute du chêne sous la hache. Le bois, oui le bois, celui de la forêt qu’on abat, qu’on travaille, qu’on polit, est omniprésent dans cet hymne sauvage. Et le poète est le menuisier de ce bois d’où il tire les copeaux du langage, les mots : « Avec les mots,/ Les sons, /Les images, les couleurs,/ Faire un noyau,/ Une noix,/ Hors de sa bogue. »
 
Toutefois, puisqu’il s’agit d’un concerto, de musique, les mots ne sont jamais isolés de leur sonorité. Car la voix humaine fait du mot une parole. Et c’est sans doute ce qui donne sa valeur profonde à ce texte : une voix unique entre toutes, « une voix pleine de larmes, errante sur les rochers. » D’où vient cette voix qui gémit ? Cette voix qui apaise et guérit aussi ? La petite, à l’écoute du vent frappant à la porte, pose sa lyre le long de son banc d’école : « C’est la voix de ma mère. » Et que dit la voix ? « Il y a de la place pour deux. »
 
Son secret appartient à Françoise Neveu. Ne demandons pas à qui vous guide jusqu’au cœur de son mystère, la torche qui l’éclaire. Son halo suffit à notre émotion.
 
Bernard Lecherbonnier
Romancier et essayiste, directeur de recherche,
Université de Paris.
 

 
La vie, infiniment
 
à ma clairière.
 
Solitude
 
à personne.
 
/ …Face grise deux bleu pâle
petit corps cœur battant seul debout… /
 
Beckett – Sans
 
C’est rude,
ça râpe.
 
 
Ça fait comme le plancher froid
Sous les pieds
Le matin.
 
Ce qu’on a dans le dos
Face au feu de cheminée.
 
Ça poursuit
Dans toutes les conversations.
 
Les doigts croisés,
Assis sur la banquette,
Genoux entrouverts,
 
 
La télé fonctionne.
 
Un appartement
Sans vie.
 
Bord à bord
De deux êtres.
 
Le cœur dans la boue,
Comme une galoche.
 
J’ai le temps, du travail,
 
 
Et rien d’autre.
 
Un vide,
Physique,
À l’endroit du cœur.
 
Il n’y a pas de médicament
Contre la solitude.
 
J’allais sonner.
 
Lumière toujours éteinte,
 
 
Quand je rentre.
 
La pensée est venue, aussi.
 
La femme de ménage,
Une fois par semaine,
Fait bouger les affaires.
 
 
Sable issu des pyramides.
 
Comment font-ils
Les autres ?
 
De l’aube à l’aurore,
Des noms de famille.
 
Rien ne supporte
La médiocrité.
 
L’une
Achète
Un piano.
 
Une autre
Tire à ses fenêtres <

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