Le coeur comme un poing de boxeur
70 pages
Français

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Le coeur comme un poing de boxeur , livre ebook

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70 pages
Français

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Description

Les deux composantes majeures de cette poésie ont toujours été la dictée automatique et le frisson existentiel, tendre ou révolté, brutal ou à peine suggéré. La suite d'images juxtaposées qui constituent le poème est à la fois le fruit du hasard objectif, comme chez les surréalistes, et le produit d'une science de la construction qui accentue tantôt l'écoeurement ontologique, tantôt la nostalgie. "Une irrésistible attraction / une jeune fille même une jeune fille était / ce fantôme blanc / un ectoplasme qui parlait au téléphone / puis le coup du jour en pleine figure / lorsque le téléphone disparaissait / y compris ses chiffres / il se cachait dans un foret / parmi les champignons rouges / comme des signaux d'alarme / on a déchiré ma réalité / et d'en dessous surgit la face du cheval / qui court seul sans jockey".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 191
EAN13 9782296694545
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE CŒUR COMME UN
POING DE BOXEUR
Levee d' ancre
Collection dirigee par Michel Cassir et Gerard Augustin
 
Levée d'ancre est une nouvelle collection privilégiant l'écriture poétique. Elle se propose d'abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris Ie « noyau de prose » par lequel l'roeuvre exprime ce qu'il y a de plus actuel, dans sa construction d'un sens de la poésie.
Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie.
 
Dernieres parutions
 
54 - Christian CAVAILLE, gravités, 2010 .
53 - Alain ROBINET, La poésie n 'illustre pas la peinture, qui n'imite pas ! En 5 théories-fictions prises sur Ie vif du sujet : contre Horace pour Eros, 2010.
52 - Enver ERCAN, Le coquelicot blanc, 2010.
51 - Sebastian REICHMANN, L'Unité a déménage dans Ie monde d'enface (photographies de Gheorghe Rasovsky), 2010.
50 - Pierre GODO, Rue, angle etfeux, 2010 .
49 - Gavin BOWD, Chastellart, 2009 .
48 - Catherine LECHNER-REYDELLET, Æternitas. Nasci - Vivere - Mori, 2009.
47 - Christian CAVAILLE, Instances accrues, 2009 .
46 - Reza HIW A, Rêve et châtiment, 2009.
45 - COLLECTIF, Dix-sept poètes turcs contemporains, 2009.
44 - Siegfried PLÜMPER-HÜTTENBRINK, Itinerrance, 2009.
43 - Dan STANCIU, Les témoins oraculaires, 2009.
42 - Philippe André RAYNAUD, Innombrables parmi les minuscules, 2009.
41 - Nathalie PICARD, Le Mot Amen ne se prononce pas, 2008.
40 - Nanos V ALAORITIS, La boîte de Pandore, 2008.
39 - Maria EFSTATHIADI, Gants avec mains. Traduit du grec par Michel Volkovitch, 2008.
Nora Iuga
 
 
LE CŒUR COMME UN
POING DE BOXEUR
 
Traduit du roumain par Alain Paruit
Préfacé par Constantin Abaluta
 
 
LEVÉE D’ANCRE
L’Harmattan
 
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-11206-3
EAN : 9782296112063
 
Préface
 
D’après le critique littéraire Gheorghe Grigurcu « Nora Iuga est une des auteurs qui illustrent la mutation intervenue, ces dernières années, dans la lyrique féminine. On est passé de la coquetterie, de la grâce, du ton romantique, à la crispation, à la lucidité amère, au témoignage sur la crise, l’aliénation de l’être et la décomposition du langage traditionnel… Nora Iuga aspire à s’affranchir d’une banalité muséale, de l’ennui réservé à la femme, dans son milieu domestique. D’ailleurs, la création en cause est féminine d’une autre façon, récupérée par son caractère maternel, son autoreprésentation comme fruit biologique, portant en son noyau la fatalité de l’évolution. »
Lucien Raïcou, à son tour, médite sur la difficile et trompeuse stratégie textuelle de l’auteur : « … poète même lorsqu’elle n’en a pas l’air, lorsqu’elle fait tout pour se protéger de la poésie, comme d’une calamité naturelle, d’un malheur survenu brusquement… Chez Nora Iuga, la tentative de perdre sa trace, de se cacher et, jusqu’à un certain point, de se falsifier, n’apparaît pas du tout anormale. Ainsi la qualité lyrique reste-t-elle au-delà du doute. En s’arrachant aux tentations faciles de la poésie abusivement féminine, dans laquelle on oublie habituellement que l’acte poétique ne peut se confondre avec l’acte vital, la lyrique de Nora Iuga trouve une indépendance rebelle, très prometteuse, fondée sur la liberté de l’esprit. »
La poésie de N. Iuga est un étrange carrousel tournant à l’infini, mais son mouvement insoumis échappe toujours aux moules prévisibles. Tout est en devenir, les signes unificateurs fonctionnent seulement dans les zones damnées de l’existence, là où « les gens portent des lunettes battent leur chat / jusqu’à ce que le réveil sonne » et « les araignées entre deux répliques / capturent un enfant glabre » ( Mais avec les parapluies …) Des vers brefs, nerveux, comme des flots qui se soulèvent, rapportent des aspects inattendus du réel, les mélangent dans une chimie fantastique. Parfois, le tourbillon est si turbulent qu’il risque d’échapper à tout contrôle, et oblige le poète à évoquer un arrachement, une émergence ; d’autres fois, il pressent le salut qui vient de l’intérieur, comme un accomplissement, une plongée dans l’infini biologique. Ces différents moments révèlent une rêverie tonique, le symbole féminin en reçoit une prégnance biblique : « Ces garçons maigres / qui me ressemblent : / mon mari / le vendeur de citrons (…) s’agenouillent le soir / avant de faire le signe de croix / sur mon ventre / puis glissent dans les mers / comme des poissons oblongs, / comme les feuilles fanées de lune, / me passant toujours dessus / sans déplacer ma lumière » ( Ces garçons maigres).
Les deux composantes majeures de cette poésie ont toujours été la dictée automatique et le frisson existentiel, tendre ou révolté, brutal ou à peine suggéré. La suite d’images juxtaposées qui constitue d’habitude le poème, est à la fois le fruit du hasard objectif, comme chez les surréalistes, et le produit d’une science de la construction qui accentue tantôt l’écœurement ontologique, tantôt la nostalgie. L’aspect confidentiel, la biographie plus ou moins inventée, sert plutôt de contrepoint nécessaire dans une composition aux nombreux paliers tonals. En général, le souvenir est fragmentaire, des taches de couleur distribuées ça et là, mais leur impact est percutant et incite tout le contexte à se transfigurer en rêve métaphorique, libérateur. L’atmosphère est si communicative que « une vieille lèche de sa langue élimée / les lignes de carbone des portes » et « l’odeur des gants et des bas de dame » circule « le soir parmi les classeurs et les anciennes monnaies », prise dans une ombre oblongue qui dégage un magnétisme ineffable. Le sentiment domestique envahit le poète et donne aux vers ce ton spécial, ce souffle qui vient de l’intérieur des objets que nous rencontrons chaque jour. Si les traces de nos vies semblent méticuleusement imprimées dans la mémoire de ces humbles témoins inanimés, c’est seulement un instant imprévu, qu’on appelle souvent l’inspiration, qui est capable d’y débloquer toute la gerbe de jouissances condensées qui résume une existence. En fin de compte, Nora Iuga ne fait qu’attendre et, avec la pointe du crayon, accrocher ces excroissances du néant qui gouvernent notre tumulte intérieur.
Quant à la technique du poète, elle est si impeccablement moderne qu’un ordinateur doué de sentiments l’envierait. Je m’exprime ainsi, car, du point de vue strictement formel, le discours lyrique se trouve à la confluence du collage, de la divagation et des autres procédés propres à la démarche aléatoire : « une irrésistible attraction / une jeune fille même une jeune fille était / ce fantôme blanc / un ectoplasme qui parlait au téléphone / puis le coup du jour en pleine figure / lorsque le téléphone disparaissait / y compris ses chiffres / il se cachait dans un foret / parmi les champignons rouges / comme des signaux d’alarme / on a déchiré ma réalité / et d’en dessous surgit la face du cheval / qui court seul sans jockey » ( De temps en temps c’était mardi ). Le titre même contient quelque peu de l’ironie grave de celui qui connaît ses impuissances et s’en accommode, sachant ainsi qu’on ne peut définir le temps et que ce qu’on nomme consécution, ou normalité, n’est maintes fois que l’œuvre du hasard, phénomène des sens plutôt que du cosmos. L’auteur a eu l’idée de faire un poème de la même façon qu’on simulerait sur un ordinateur un tremblement de terre ou un t

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