Le vers libre dans tous ses états
265 pages
Français

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Le vers libre dans tous ses états , livre ebook

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Description

Ecrire en vers libres résulte d'une remise en question des règles héritées de la tradition : de 1886 à 1914, le champ littéraire offre un exemple sans précédent de réflexion sur l'outil poétique, qui radicalise cette entreprise. Les textes réunis dans ces actes s'attachent à l'émergence du vers libre, avec ses présumés précurseurs, Mallarmé, Laforgue, Verlaine et Rimbaud, et des pionniers tels que Vielé-Griffin, Krysinska et Lous. Ils portent aussi sur ses définitions et ses frontières, sur le verset et sur la pertinence de la mise en musique du vers libre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 253
EAN13 9782336276519
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le vers libre dans tous ses états
Histoire et Poétique d'une Forme (1886-1914)

Catherine Boschian-Campaner
Les textes réunis dans ce recueil sont le fruit du colloque intitulé « Le vers libre de 1886 à 1914 : naissance, discours et réception » organisé par le Centre Écritures, qui s’est tenu à l’université Paul Verlaine de Metz les 19 et 20 mars 2008.
Comité de lecture
Laurent Mattiussi Henri Scepi Catherine Boschian-Campaner
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296092310
EAN : 9782296092310
Sommaire
Page de titre Page de Copyright AVANT-PROPOS Première partie - L’émergence du vers libre : Précurseurs et Pionniers
Mallarmé face au vers libre : une position critique Verlaine et le vers libre : une position ambiguë et un rejet idéologique Rimbaud et les vers libres de La Vogue Jules Laforgue : les conditions d’émergence du vers libre dans les derniers poèmes (1886) La naissance du vers libre dans la correspondance entre Henri de Régnier et Francis Vielé-Griffin Vielé-Griffin et l’Amérique Sur la supercherie de Marie Krysinska Vers une lecture sérieuse de Symphonie en gris Bilitis & le vers libre (France, Belgique, Allemagne) Des Vers anarchistes ? Les poétesses de la Belle Epoque et le vers libre
Deuxième partie - Le vers libre en débat : définitions et frontières
Pour une définition du vers libre Un « Franc duel à belles armes claires » autour du vers libre au sein de la jeune Nouvelle Revue Française «La réforme de l’instrument poétique» : Dujardin et les premiers poètes du vers libre Le vers libre et ses frontières Le verset claudélien, ou le souffle de l’Esprit créateur Vers libre et verset dans les ouvrages de versification et de théorie littéraire de 1886 à 1914
Troisième partie - Mise en musique
Comment mettre le vers libre en musique ? - Serres chaudes , de Maurice Maeterlinck et Ernest Chausson Les poèmes en vers libre de Francis Jammes au tournant du XXe siècle et leurs enjeux musicaux : libération ou contrainte pour le compositeur ? Les vers libres dans l’espace du chant en français, au tournant des XIX e et XX e siècles - Problème de la forme des paroles de chant, entre vers et prose Du mot-librisme marinettien au futurisme musical : La déstructuration des codes d’expression
AVANT-PROPOS
En 1908, Georges Périn (1873-1922) écrit : « Les grands vers-libristes, ont aéré l’ambiance où respirent aujourd’hui les jeunes poètes. Ayant relégué au rang des jeux estimables mais sans portée la simple exactitude à ramener les rimes, ils ont rendu possible la minutieuse sincérité du rythme, et animé d’une souplesse, sans cesse gonflée de vivants effluves, la robe des vers 1 . » Le constat est loin de faire l’unanimité. Depuis la publication par La Vogue , en 1886, de ce que l’on s’accorde à considérer comme les premiers vers libres dits « modernes » ou « symbolistes », la question suscite un débat qui s’étendra sur plusieurs décennies. La réforme poétique en cours, innervée par des discours qui font figure d’arts poétiques a contrario, connaît des détracteurs méprisants. Selon Remy de Gourmont, le vers libre consiste en un découpage arbitraire, pour d’autres, c’est un vers amorphe introduit par des étrangers qui ne maîtrisent pas le français. Gide, quant à lui, redoute qu’il ne conduise à la fusion des genres, au profit de la prose. Des réserves et des critiques à confronter aux œuvres produites et aux textes fondateurs de la notion, lesquels dénoncent la systématisation de la versification traditionnelle et prônent la transgression de la prosodie, ou le total rejet de ses règles.
Si le vers-librisme est caractérisé par un polymorphisme qui ne peut aller de pair avec l’instauration d’une nouvelle technique uniforme, ses partisans semblent cependant se rejoindre dans l’ambition de créer des rythmes qui signifient, qui soient « les symboles des mouvements de l’âme » 2 . Pour ces poètes, il s’agit d’une révolution dont les commentateurs d’une enquête publiée en mars 1914 par La Terre Latine 3 dresseront un bilan sévère. Le vers libre y est stigmatisé par des critiques qui en prédisent la disparition prochaine, quand ils n’y font pas allusion comme à la « lèpre de la poésie », ou à « un avorton […] qui ne mérite même pas le nom de vers ». C’est dire, à cette date, l’encore illégitimité d’une forme perçue essentiellement en tant qu’infraction au canon métrique, et dont Francis Vielé-Griffin (1863-1937) affirmera qu’elle est : «une conquête morale ». Le débat n’est pas clos, le vers libre, longuement évoqué par Jacques Roubaud dans La Vieillesse d’Alexandre , ne cesse de poser question.
Jusqu’à ces dernières années, cette forme n’avait pas fait l’objet d’une étude globale décrivant son émergence. Le colloque intitulé « Le vers libre de 1886 à 1914 : naissance, discours et réception », qui s’est tenu à l’Université Paul Verlaine de Metz les 19 et 20 mars 2008, est né du souhait de combler cette lacune. L’initiative rencontre celle qui a présidé à la parution, à la fin de la même année, de l’ouvrage de Michel Murat intitulé Le Vers libre 4 . Une coïncidence qui invite à penser à l’opportunité de cette réflexion dans le champ de la critique actuelle.
L’étude de la genèse du vers libre impliquait de répertorier les tentatives de ses défenseurs d’en donner une définition susceptible de rendre compte d’un nouvel outil poétique qui, en dépit de sa ductilité et du polymorphisme de ses réalisations, conquiert une identité qui le constitue comme une forme productrice d’œuvres originales. Dans cette optique, la question a été réévaluée par des approches plurielles, littéraire, historique, comparatiste, stylistique et musicologique. Les travaux présentés ont porté sur les précurseurs et les pionniers de la libre versification, puis, sur ses frontières et ses critères définitoires, et enfin, sur a mise en musique.
L’enracinement du vers libre a constitué un premier axe de réflexion, avec des contributions consacrées aux précurseurs, terme après lequel il convient d’ajouter un énorme point d’interrogation tant le rôle, dans cette révolution, de ceux que l’on considère comme tels doit être nuancé. Mallarmé est, pour Pascal Durand, un « témoin à distance », tout à la fois approbateur et réticent, dont le Coup de Dés peut figurer « comme une allégorie toute mélancolique de [l]a position dans le champ poétique fin de siècle ». Quant à Verlaine, Catherine Boschian-Campaner souligne l’impossibilité qui est la sienne de cautionner une forme perçue comme un danger pour l’identité nationale. Ce sont ensuite « Marine » et « Mouvement », avec lesquels Rimbaud aurait été considéré comme l’auteur des premiers vers libres, qui ont fait l’objet du propos de Yoshikazu Nakaji, lequel réévalue l’inspiration qu’y auraient puisée les poètes vers 1886. Aux confluences de ces « précurseurs » et des pionniers, Jules Laforgue semble le seul des quatre poètes évoqués à approuver sans réserve le vers libre. Selon Henri Scepi, qui en retrace les conditions d’émergence dans les dernières œuvres du poète, si Laforgue « est bien convaincu que cette forme émancipée est vouée non à supplanter les formes métriques classiques mais à cohabiter avec elles, […] il n’en reste pas moins persuadé qu’une nouvelle écoute, une nouvelle façon de lire, c’est-à-dire de voir et d’entendre, est impliquée par le vers libre. »
Pionnier tout autant que théoricien, Francis Vielé-Griffin s’est longuement entretenu de la question du vers libre avec Henri de Régnier, au cours d’échanges épistolaires et de dialogues commentés par Pierre Lachasse, dont la contribution met en relief le caractère militant des propos griffiniens. Le goût de ce poète d’origine américaine pour les oeuvres d’Edgar Poe et de Walt Whitman a été pris en compte par Henry de Paysac, dans une étude qui met l’accent sur les influences étrangères qui se sont exercées sur la poésie de Vielé-Griffin, lequ

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