Notre Dame des Oasis
94 pages
Français

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Notre Dame des Oasis , livre ebook

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Description

Geneviève Clancy est la nouvelle source de la poésie française de la résistance de la seconde moitié du vingtième siècle. Dans l'expérience de la perte, tant de poèmes non écrits nous manquent : sa voix d'au-dessus des camps doit encore faire son chemin, car si elle est enracinée dans la langue et le coeur des poètes "aux pieds nus", par sa résistance, ses utopies, ses sentiments, elle attend que nous sachions rendre l'aveuglante simplicité, la pureté du feu de la poésie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296808683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Notre Dame des Oasis
Geneviève CLANCY
 
La beauté résistante
 
Accent tonique – Poésie
Collection dirigée par Nicole Barrière
 
 
Maquette de la couverture
Nicole Barrière
 
 
Illustration de la couverture
 
Alpes slovènes vues du ciel, Photo Nicole Barrière
Nicole Barrière
 
 
Notre Dame des Oasis
Geneviève CLANCY
 
La beauté résistante
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-54945-6
EAN : 9782296549456
 
Il suffit que nous parlions d’un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l’objet nous désigne plus que nous le désignons et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit. Parfois nous nous émerveillons devant un objet élu ; nous accumulons les hypothèses et les rêveries ; nous formons ainsi des convictions qui ont l’apparence d’un savoir. Mais la source initiale est impure : l’évidence première n’est pas une vérité fondamentale. En fait l’objectivité scientifique n’est possible que si l’on a d’abord rompu avec l’objet immédiat, si l’on a refusé la séduction du premier choix, si l’on a arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première observation. Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l’objet. Elle doit d’abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l’étymologie enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée.
 
La psychanalyse du feu,
 
Gaston Bachelard, Idées Gallimard
 
Geneviève CLANCY, la beauté
résistante
 
 
« Accepter de ne plus combattre est un devenir dont la finalité est de vider l’infini ».
 
Geneviève Clancy
 
Ces belles paroles sont de la grande poète Geneviève Clancy qui aura été la nouvelle source de la poésie française de la résistance dans la seconde moitié du vingtième siècle. Elle est à jamais cette parole souveraine qui fait taire toutes les voix de l’oppression et de la haine.
Elle semble trôner au milieu de nous comme une pietà, avec sa douleur dans les bras, son sourire las, sa présence intimidante, sa beauté haute, le portrait de la belle saison inaltérable de son visage.
Voix de basse sur les poèmes, elle incarne la douleur et la force de la résistance à toutes les dictatures. Si fortement, que de son œuvre poétique, on se souvient des poèmes écrits pour témoigner, avec des millions de gens, sur l’injustice et la disparition qui frappent les êtres : ce sont des textes qui passent de main en main sur les territoires occupés et sont le réconfort de populations soumises aux dictateurs fous et sanguinaires.
Son œuvre importante va de la poésie parfois hermétique et philosophique à celles des passeurs d’âmes au plein du ciel, aux œuvres de témoignage de la douleur du monde. Toujours elle apparaît comme une figure de la résistance, à chaque époque qui amène ses flots d’horreur, dont elle disait parfois dans les dernières années, qu’on avait atteint un point tel de déshumanisation qu’il y avait là un in-pensé de la philosophie. L’humain déshumanisé.
Et Geneviève Clancy souffrira beaucoup ces malades-dictateurs-psychopathes qui sévissent sur la planète; elle leur survit par les mots en devenant l’étendard des pauvres, des persécutés et des martyrs. Tandis qu’elle est universelle, elle qui vivait sous l’aile de la mort, ils resteront boue de l’humanité.
Son départ en octobre 2005, à l’automne des hêtres, en souveraine du verbe et de la dignité, après avoir traversé les épreuves de la vie comme une pietà, une madone de la douleur, en étant jusqu’au bout proche de tous les fronts, y compris celui de son propre mal, traversant les frontières de l’existence comme les oiseaux migrateurs, avec son aura et sa faculté à universaliser la radicalité de sa conviction.
Expérience de la perte dans sa mort : tant de poèmes non écrits nous manquent et marquent aujourd’hui la victoire des salauds. Cette voix d’au-dessus des camps doit encore faire son chemin car si elle est enracinée dans la langue et le cœur des poètes « aux pieds nus », par sa résistance, ses utopies, ses sentiments, elle attend que nous sachions rendre l’aveuglante simplicité, la pureté du feu de la poésie.
Il est douloureux de voir tant de fausses gloires en présentoir ou de serviles laquais du pouvoir (il n’est pas besoin de citer de noms), alors que pour entendre quelques bribes de poèmes de Geneviève Clancy, un long chemin est nécessaire, quand même morte, elle est frappée d’interdit.
Nécessaire est sa poésie, nécessaire est sa présence pour retracer le cheminement commun, nécessaire est le devoir de se souvenir de cette nature profondément aux aguets des signes de la vie et du destin. Profondément mystique, elle était en même temps totalement moderne dans ses relations à l’Autre, n’hésitant pas à proclamer ses convictions de femme, de poète et de son attachement viscéral à la liberté.
Il est toujours hasardeux de tenter de décrypter la vie des autres : elle est née sous le signe de l’universalité, prédestinée à la quête de la vie. Et si ni la paix, ni l’amour, ni le rire ne sont abondamment donnés, la douleur est la plus proche amie du tragique de la condition humaine dont elle a témoignée, la liberté qu’elle affirmée et l’égalité qu’elle n’a cessé de clamer.
Geneviève Clancy est d’une certaine manière initiatrice dans les rencontres, non dans la vénération mais dans le mysticisme de l’acte créateur, mais dans la croyance absolue de la puissance de la Parole et de la force du Verbe. Sa personnalité la fait devenir la figure de proue de la poésie de résistance en France.
L’erreur est sans doute de laisser aux œuvres le destin de guider nos pas.
 
Le choix partisan ne demande pas à l’œuvre de faire naître l’inconnu mais en attend la résistance à l’aveuglement de l’imprévu. La lumière émise déplace le point d’abîme, elle efface la transparence du sensible pour laisser passage au songe des choses dans les formes.
 
Dans le temps éclair de la révolte on ne veut pas le pouvoir puisqu’on a la liberté.
 
Temps où l’échafaud hésite si près du ciel.
 
Temps où vivre est ce bord d’accueil à l’infini du pays intérieur. C’est la ruine de l’histoire narrative des décors, pour une histoire détachée de la brûlure des peurs. C’est le secret de la lenteur libre de l’aile et du vol.
 
Le bois de vivre, Geneviève Clancy
 
Introduction
 
 
Il ne s’agit pas d’ajouter une docte étude à d’autres études, juste saluer une très grande dame de la poésie, Geneviève Clancy, sans verser dans l’idolâtrerie mais en permettant un accompagnement humble de la lecture de ses poèmes, à la manière des petits fascicules « Poètes d’aujourd’hui » des Éditions Seghers ou des « Écrivains de toujours » des Éditions du Seuil, que je cite avec émotion car ils ont accompagné bien de mes lectures.
J’ai dû attendre pour approcher cet effroi de la langue, pour accompagner la lecture des poèmes de Geneviève Clancy, épreuve du non-savoir affrontant les affres du supposé savoir.
J’aurais pu me tenir aux catégories qui enferment la poésie oxymorique, philosophique, politique, qui définissent la poésie de Geneviève Clancy, j’ai choisi d’explorer la liberté, l’immédiateté et la fulgurance sans être encombrée des ambiguïtés de la biographie, j’ai voulu oser une lecture de la poésie au-dessus de tout.
Passé l’éblouissement, commence

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