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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 septembre 2010 |
Nombre de lectures | 182 |
EAN13 | 9782296936072 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Secrète beauté du monde
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12606-0
EAN : 9782296126060
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Suzanne Mériaux
Secrète beauté du monde
Poèmes
Préface de Alain Duault
L’Harmattan
Du même auteur
Poèmes
Alphabet, Auto-édition, 1978.
D’ombre et de lumière, Le Méridien Editeur, 1987.
Regards, ACM Edition, 1992.
Poèmes de la mer, Barré et Dayez, Editeurs, 1993.
Paroles du silence, ACM Edition, 1995.
Mélanges, Soleil natal, 1997.
Offrande du soir (préface de Alain Duault), La Bartavelle, 2001.
Des mots et au-delà, La Bartavelle, 2004
Et l’homme apparut (postface de Jacques Arnould), L’Harmattan, 2007
Essais
Science et poésie. Deux voies de la connaissance ,
L’Harmattan, 2003.
Aux marches de la Beauté, Editions Lacour, 2010
Suzanne Mériaux et la secrète beauté du monde
Il y a deux possibilités d’échapper au vide du monde : ressentir ou comprendre. La question de la beauté s’introduit dans ce dilemme. C’est là que prend tout son sens la phrase de Guido Ceronetti : « Tant qu’il existera des fragments de beauté, on pourra encore comprendre quelque chose au monde ». N’est-ce pas un programme que la poésie s’assigne, en écho à Mallarmé qui, le 31 décembre 1865, écrit à Villiers de l’Isle-Adam : « Le sujet de mon œuvre est la beauté et le sujet apparent n’est qu’un prétexte pour aller vers Elle » ? Car la poésie peut être (doit être) une réponse au vide du monde. Elle seule peut donner du sens : ce sens, c’est la beauté. Pour autant, cette beauté est une blessure – ce qu’écrit lumineusement Jean Genet : « Il n’est pas d’autre origine à la beauté que la blessure singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve, où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde ». Où l’on comprend que la beauté a partie liée avec notre destinée humaine : c’est de la vie qu’il s’agit.
Car cette compréhension du monde implique une activité, une volonté de creuser à l’intérieur du donné pour atteindre le battement, le surgissement et la ligne intérieure de l’existence, son épure. Nous nous débattons dans un monde de ruines, dans un univers de signes qui nous échappent, dans une galaxie de questions qui s’engendrent les unes les autres : comment faire place à cet humain qui nous aide dans la nuit balbutiante ? Chaque élément dont nous partageons l’émotion devient un fil de ce tissu sans fin – qui, comme un linceul, nous enveloppera à la fin. En désignant cet arbre, cette pierre, cette main, le ciel, la mer à un autre qui va les voir en les lisant, je donne un sens à cet arbre, à cette pierre, à cette main, au ciel et à la mer. Le monde, peu à peu, se construit de ces partages en acte de son existence plurielle.
En fait, l’appréhension de la beauté s’apparente à ce moment que décrit Borges où nous éprouvons le sentiment d’« être admis comme fragment d’une réalité indéniable, comme les pierres et les arbres ». Justement, la poésie, et singulièrement celle de Suzanne Mériaux, s’interroge sur cette « réalité », sur le qu’est-ce que – une forêt, une prairie, une rivière, un visage, le ciel, la mer… Elle cherche du sens jusque dans l’imperceptible. Elle se fait un monde de tout.
Dans son dernier livre, Et l’homme apparut, Suzanne Mériaux remontait les genèses successives, celle de la voix et celle de la lumière, celle de la rencontre, celle de l’amour, cette aurore de la vie, dans une superbe méditation tendue sur notre humaine condition et sur le noyau irréfragable des choses qui existent à travers notre regard, à travers notre sentiment : c’est cette quête d’un être-au-monde qu’elle poursuit aujourd’hui à travers une langue qui tient du fil, de la lame et presque même de la vibration qui fait résonner la corde de l’arc quand la flèche est tirée. Et cette quête est aussi celle de la beauté en ce que celle-ci est l’expression d’un chœur au fond de nous, au fond de la langue, une résurgence face à la violence illimitée du monde et à la dégradation de plus en plus grande de nos destins misérables.