Sol
90 pages
Français

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Sol , livre ebook

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Description

De tous les éléments, le sol est peut-être le plus humble, le plus mesuré ; il est le présent des présents, l'anachorète de matière, la brûlure itinéraire. Je partage avec le sol une promesse intrinsèque de déploiement. Sans lui, je serai oiseau ou poisson ardent. Récit d'une cosmogonie, d'un jaillissement aboutissant à la déclamation par le sol de sa condition, tout comme la négritude est l'état fondamental et absolu du nègre, la solitude est l'état insécable et incrée du sol.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296703315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sol
Du même auteur
Poèmes en liberté. Collection Poètes des cinq continents, L’Harmattan, Paris, 2002.
Sudalterne suivi de La louve lovée. Collection Poètes des cinq continents (espace expérimental), L’Harmattan, Paris, 2006.
Walid Amri


Sol


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12392-2
EAN : 9782296123922


Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A Riadh Chaffai.

A sa mémoire dont ce sol
demeure à jamais
irradié.
S O L E I L
Aurora Borealis

aurore

premier état du ciel,
quand descend la théine de la lumière

et surprend l’incendie sombre de la nuit,

aurore, jour à petites gorgées,
le soleil est un songe trop oxydé.

des ombres
souriantes,
au loin frétillent

elles portent des fourrures vertes cuivrées,

personne ne semble les voir

même le poète, qui s’en revient, le visage bruni,
à force d’expositions saturniennes

il rentre en son gîte,
le cœur irradié,
et la plume usée de voyages

il ne se lavera pas,
et se couchera le corps puant de découvertes.

un vent
céladon, long tel un train,
nage avec vigueur, au milieu de son bassin

un oiseau
ayant perdu la mémoire,
se pose des questions qu’aucun oiseau ne se pose

est-ce une nouvelle saison ?
où la lumière morte tombe des arbres
laissant une verte traîne ?

où la neige défait son chemisier lisse ?

un cheval
sans vocation,
s’essaye à l’air en son embouchure.

aurore,

saison trop courte pour mériter tel nom,
et pourtant…

quand le matin lézarde, à l’heure
d’intersection,

toutes les particules de sens,
s’échappent des éprouvettes fumantes
des savants,

elles courent,
vers des asiles moins incandescents

avec sur leur dos, leurs secrets de combustion.

* * *
Vert, lumière d’en bas
le vert baigne la forêt
plonge dans ses cheveux feuillus

vert,
lumière sans parole
juste une peau

lumière qui mue

vert,
l’eau est là mais ne se montre pas

tous ces oiseaux qui lui servent de ventre
remontent habillés de chants

j’habite la péninsule de mon cœur
chaque battement m’expulse hors
de lui,

d’un pas rétif,
j’y replonge

presque-cœur

taché de l’éclat des secondes,
et tout le pourpre du soleil

ses veines, ses sentiers désossés

me hèle.

forêt,
bout de nuit expatrié

***
Le cri et la fissure
la lumière en haillons

avec tous ses troupeaux
de lenteur

descend

son corps
entre dans le cercle
de l’arbre

c’est un arc tiré
depuis le loin

le sol n’est qu’à quelques degrés,
il nous fait présents

la lumière a les yeux exorbités
de traversée

elle sait que le cœur de l’arbre
se trouve sur ses branches.

le dernier cri de la lumière
s’est échoué,

il est grelottant.

il sera balafre sur le
visage de la nuit.

* * *
Brûlure de sol
aujourd’hui,

je suis un homme brûlé,

d’avoir habité le sol,
d’avoir cru pouvoir
le quitter

demain.

je porte cette brûlure
pour seule parenté

doublement brûlé,
par deux soleils,
ou deux lunes,

peu importe

je suis
brûlure de jour,
brûlure de nuit

mon savoir n’est rien de plus
que cette brûlure,
qui inlassablement
me consume

je sais que le sol
est asile

jusqu’à la limite de calcination

***
C I E L
Incantation puor l’oiseau
de mer et d’amertume,
l’oiseau est cardé,

son vol dessine
l’air
et son approche innombrable

quand tapisse la nuit
et son cheptel
d’astres étrangers

l’oiseau,
étonnement intégral,

terre et mer
sont pour lui de même interrogation

c’est dans le cri de l’oiseau
que se réfugie le plus caustique
sentier d’éloquence

oiseau,
déclamation de l’ailé

consanguin aux pieds chétifs

oiseau,
tu es la joue
de l’homme
la moins obscure.

***

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