Sur les traces du Passé

Sylvain Josserand

Description

La rencontre de gens à l'histoire personnelle remarquable, habitant des régions marquées par l'Histoire. Tels sont à la fois les objectifs et la découverte du jeune voyageur de 17 ans curieux du temps qui passe. En France, l'auteur découvre le Velay, le Haut Gévaudan, le Goulet, les Monts Lozère, le pays des Camisards et ses habitants forgés par la rudesse du climat autant que par la Guerre de Religion quatre fois centenaire. Un an plus tard, au Mexique , il partagera l'existence des bûcherons du Tulancingo et sillonnera les routes de la Sierra Madre, comparable à la vieille Europe du XIXe siècle.

Sujets

• Religion
• Témoignage
• Récit
• Autobiographie
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2003
• Nombre de lectures: 359
• EAN13: 9782296308404
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

SYLVAIN ]OSSERAND
Sur les traces du Passé
Des Cévennes au Mexique
Éditions l'Harmattan
5-7 rue de l'École Polytechnique
75005 - ParisDu même auteur
Sylvain Josserand est né en 1954 à Chambon-sur-Lignon,
lieurefuge en 1940 pour des enfants menacés. Il a édité par
souscription un "Bon Abri", ouvrage dans lequel il relate avec
ses trois sœurs et des anciens la vie d'un Home d'enfants de
1953 à 1986. A l'issue d'un concours littéraire organisé par la
èmeMairie du 11 arrondissement et les éditions Publibook, il a
signé, au Salon du livre 2002, "Contes et Nouvelles du temps présent".
Fondateur de la troupe de marionnettes« Poètes z'et Pantins»
il adapte et met en scène des contes.
CopyrightL'Harmatœn,2003
ISBN: 2-7475-3620-3A Geneviève, Marc et GuillaumeAvant-propos
Cet ouvrage comprend le récit de deux voyages
effectués à 17 et 18 ans, par l'auteur, dans le cadre de la
Fondation des Bourses Zellidja: us Cévennesavecun âne sur les
pas de RL Stevenson et Une secondevieau Mexique, témoignage sur
la vie de Français exilés au Mexique en 1939. Quel lien entre ces
deux voyages?
L'auteur est né au Chambon-sur-Lignon, un petit village
de Haute-Loire, où pendant la deuxième guerre mondiale, sous
la direction d'un pasteur et d'un directeur d'école, toute la
population s'est mobilisée pour sauver pas moins de trois mille
enfants juifs. Toute l'enfance de l'auteur a été bercée par le récit
de cette aventure humaine.
Vivant dès l'âge de douze ans à Fontainebleau, en
région parisienne, il découvre que c'est à Barbizon - en bordure
de forêt - que RL. Stevenson décida d'aller à la rencontre de ses
coreligionnaires protestants qui ont eu à subir, en Cévennes, les
persécutions des dragons du « Grand Roi », à cause de leur foi.
C'est donc sur les traces de ce grand écrivain écossais qu'il
décidera, en 1972, d'entreprendre le premier voyage.
La maison d'enfants, que ses parents ne dirigent plus
maintenant que pendant la période des vacances scolaires, sert
de point de départ à ce périple. Cet établissement fondé par
Robert Frenay, le frère du grand résistant Henri Frenay, a servi
de refuge pour des enfants juifs pendant la guerre. Lucien, le
beau-frère de Robert Frenay, ébéniste de métier, est partisan de
la non-violence. Son épouse Madeleine, professeur de droit, est
juive. Pour ne pas périr sous le joug du nazisme, elle devra
quitter l'Europe en 1939, et ils s'installeront au Mexique. Pour
Lucien et Madeleine, ce sera le début d'une seconde vie. Avec
force, courage, persévérance et détermination, ils installeront à
Pachuca (Hidalgo) une fabrique de contreplaqué, la « Triplay Y
Aglomérados ». Pour son second voyage Zellidja, en 1973,
l'auteur a voulu raconter la vie de ce couple d'exilés. Il relate,
car c'est ce qui l'a plus frappé, leur comportement remarquable
d'humanité à l'égard des trois cents ouvriers de la fabrique.
7N'ont-ils pas eu à affronter le rejet, voire même à subir la
calomnie du milieu patronal conservateur et répressif? N'ont-ils
pas dû lutter pour imposer un traitement du personnel
conforme à leurs idéaux, dans un milieu plus proche de la fin du
19ème siècle européen, que de celui des grandes conquêtes
ouvrières de 1936 et de l'Après-guerre? Ce combat de tous les
jours pour plus de justice sociale, Lucien et Madeleine le
mèneront jusqu'au bout, malgré les brimades et la prison pour
Lucien.
Sylvain Josserand, mars 2003
8I
Les Cévennes sur les pas
de R.L. Stevenson
Voyage avec un âne
1972Je riens à remercier plus particulièrement, pour leur aide
au cours du voyage, Monsieur et Madame Miahle (Langogne),
Dom Claudius Valour (frappe Notre-Dame des Neiges),
Monsieur Diet (Chalet du Mont Lozère), Monsieur Liguière
(Saint-Germain-de-Calberte), Monsieur Martin (Saint-Étienne
Vallée Française), Madame Depousier (Fontainebleau), ainsi
que de nombreux habitants anonymes du Velay, de la Lozère et
des Cévennes.
10Introduction
Ce document n'est pas la copie d'un récit de voyage
du siècle dernier, trouvé dans une malle au fin fond d'un
grenier, mais bien le témoignage d'une histoire vécue en 1972.
Mes objectifs se résument ainsi: suivre à la lettre le tracé
indiqué dans le livre de Stevenson avec pour tout bagage un sac
de couchage, des effets personnels strictement indispensables,
de l'avoine et de l'émouchine; identifier tous les endroits où
l'auteur a séjourné; réaliser seul un grand voyage, afin d'être
mieux préparé à une vie où l'autre n'est plus un obstacle, mais
un allié pour une meilleure compréhension de sa propre liberté.
Enfin mon intention s'inscrit dans la phrase de
JeanJacques Rousseau: ((J'aime à marcher à mon aise et m'arrêter quand il
me plaît, la vie ambulante est celle qu'il me faut. Faire route à Pieds par
beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma
course un objet agréable: voilà de toutes les manières de vivre celle qui est le
))plus de mon goût.
Ce récit se déroule dans le Velay, le Haut Gévaudan, le
Goulet, à la Trappe Notre-Dame des Neiges, au Mont Lozère
et en pays Camisard. Il alterne de brèves évocations
comparatives sur les lieux visités par l'auteur et par le célèbre
écrivain anglais, avec des anecdotes sur la vie quotidienne avec
une ânesse, Modestine. C'est la rencontre d'un jeune homme,
d'un animal têtu, mais très attachant, et d'une région de France
dont la rudesse du climat et les Guerres de Religion ont marqué
la population d'une empreinte indélébile. C'est un peu comme
une histoire d'amour contrarié et de retrouvailles entre l'auteur,
exilé malgré lui en Région parisienne, et les habitants de ces
hauts plateaux du Mézenc balayés par la burle, de ces forêts
sombres du Gévaudan, de ces pentes escarpées des Monts
Lozère, et de ces vallées riantes du Haut-Taro. Un peuple
réservé, parfois austère, attaché à des valeurs d'hospitalité et
d'entraide, mais qui ne se livre qu'aux seuls étrangers qui ont
11pris le temps de l'écouter et de l'apprécier. Jean-Pierre Chabrol
dit que le «Jeu de quilles cévenoles» est un jeu fait pour des
géants. N'y aurait-il que ces billes de bois pour rendre ces
populations montagnardes semblables à des géants?
121
VELAY
Le Baudet, la charge et le bât
Première partie
Depuis Fontainebleau je me posais la question suivante:
Peut-on encore acheter un âne dans le Velay en 1972 ?
Stevenson avait probablement plus de chance de trouver un âne
en 1878 que moi, lorsqu'il décida de quitter ses amis peintres de
Barbizon pour se lancer dans son périple à travers les Cévennes.
En dehors des âniers du jardin du Luxembourg et d'un manège
à Recloses, en forêt de Fontainebleau, les ânes ont
pratiquement disparu du paysage en France. Ils ne sont plus
utilisés comme au temps jadis pour le portage ou les travaux
agricoles. La réponse positive de Monsieur Avouac, négociant
en bestiaux, que j'avais contacté sur les conseils du Syndicat
d'Initiative de Monastier-sur-Gazeille, donnait par ailleurs
raison aux démarches que j'avais effectuées au
Chambon-surLignon pendant les vacances de Pâques. Ce village, situé à
quarante cinq kilomètres de Monastier-sur-Gazeille, est une
station pour enfants qui inscrit à son actif de nombreux homes
d'enfants. Je travaillais alors comme moniteur dans l'un d'entre
eux, chez mes parents. Il m'était donc facile de rencontrer des
commerçants et des paysans pour acheter un âne. Un boucher,
Monsieur Goyet, m'indiqua l'adresse d'un maquignon à Tence,
village situé au bord du Lignon, en aval du Chambon. Une
visite trop précoce risquant de nuire à la bonne marche de mon
projet, je reportai celle-ci à plus tard, tout en m'assurant par
avance qu'il vendait bien des ânes.
Au début du mois de juillet, dans ce carrefour entre le
Velay et le Vivarais, dans ce lieu où tout respire le calme et la
paix, où, comme l'écrivait un poète local, « l'eau sembleJaillir du
13mystèredes bois