Adresse au père
67 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Adresse au père , livre ebook

-

67 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Au lendemain des bouleversements géopolitiques et des nouveaux enjeux géostratégiques, Emile H. Malet apporte un témoignage sur les nouvelles relations sociales qui s'établissent, faisant un lien entre le passé et le présent, tout en s'ancrant dans un avenir à géométrie variable (transposable du Maghreb à l'espace baltique). Cette adresse au père est un récit de mémoire et de tendresse, de rébellion et de "responsa", où le judaïsme et la filiation servent de viatique à un itinéraire hors du commun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mai 2010
Nombre de lectures 169
EAN13 9782336256917
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Adresse au père
Judaïsme et filiation - Récit

Emile H. Malet
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296124226
EAN : 9782296124226
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace De Sud en Sud La maison de mon père Le rire de son nom Orient et… France Chaîne de la tradition Bar Mitzva La synagogue de mon père Solfège Un juif heureux Épilogue Du même auteur Mare Balticum
Pour Charles Melman
Si je ne me trompe, c’était Mohamed qui appelait les Juifs le peuple du livre , et ce nom d’une signification profonde leur est encore donné en Orient. Un livre est leur patrie, leur propriété, leur souverain, leur bonheur et leur malheur. Ils vivent dans ce livre, entre ces pages pacifiques. Là, ils possèdent leur inaliénable droit de citoyen; là, on ne peut les mépriser ni les poursuivre; là, ils sont forts et admirables.
Henri HEINE, De l’Allemagne , « Tel», Gallimard, 1994.
Ç A COMMENCE À AGADIR, o u plutôt à Essaouira. Dans une maison aussi haute qu’étroite, un petit patio humide, une cuisine odorante de l’huile d’argan, des escaliers raides jusqu’au toit et, surprise, une cour suspendue sur l’Atlantique, baignée par le soleil marin et des tourbillons de vent. L’ancienne Mogador est aujourd’hui une cité balnéaire à la mode, le Saint-Trop’ marocain avec ses couples adultérins, ses poissonniers canailles, sa mode unisexe et son brouhaha cosmopolite.
Il n’y a plus de juifs à Essaouira. Ou plutôt, il n’en reste plus de l’époque coloniale, juste un petit commerçant comme vestige du temps qui passe et pour égrener des souvenirs pétris de nostalgie. Des photos jaunies d’hommes graves et de belles juives orientales. Des ustensiles rituels, un vieux candélabre, un judaïsme à deviner parmi des brocantes poussiéreuses et hors d’âge. Il y a, comme toujours dans les cités marocaines, un cimetière juif pluriséculaire empli des vicissitudes humaines de l’histoire et les restes marmoréens de synagogues fréquentées par des touristes en quête de souvenirs familiaux et de résonances bibliques. Chemah Israël (Écoute Israël… ).
Mon Maroc à deviner est longtemps resté une énigme. Une énigme précoce et espiègle que je maquillais d’attirance touristique. Une énigme historique et enjouée par la gentillesse et le dévouement des hôtes marocains. Un pays charnellement d’Orient et occidentalement sous-développé avec ses classes sociales et ses rites culturels. Un pays où j’ai longtemps cherché les traces du père mais en feignant la désinvolture méditerranéenne des déracinés. Déambuler sans territorialement en être. Évoquer le père, sa naissance et son ascendance jamais contée, son histoire de famille et son itinéraire scolastique intrépide, me rend pusillanime. Comme un petit enfant inquiet et enjoué qui s’interroge sur les ressorts de la vie et espère trouver quelques linéaments de bonheur dans les chimères de la mémoire. S’y atteler, sans heurter une archéologie foisonnante de réminiscences aussi affectées de distance respectueuse qu’affectivement rieuses. Le rire de l’enfant fait écho au rire du père, mais ce fut aussi longtemps cause d’une insalubrité de l’être. S’il est un bonheur d’avoir un père juif, il n’est pas facile d’être fils de rabbin. Je lui rendrai hommage dans la notice du Who’s who … mais peut-être que la condition du fils who... mais peut-être que la condition du fils n’est jamais confortable, les chrétiens en savent quelque chose, avec Jésus de Nazareth, prophétisé fils de Dieu, les musulmans sont là pour l’apprendre du désordre fondamentaliste et des ambitions contrariées d’Ismaël, son géniteur Abraham privilégiant Isaac pour gratifier la maternité tardive de Sarah. Difficile liberté pour les fils du monothéisme, mais la filiation n’est guère plus accommodante chez les autres peuples où l’inceste embrouille le destin familial des générations impériales d’Asie.
De Sud en Sud
D’Essaouira à Agadir, une heure de route battue par des vents marins qui font le plaisir des amateurs de surf et font tourner à plein régime des éoliennes de fortune.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents