AFFRANCHIS   RECIT
100 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Elle a toujours aimé les contes, les "histoires à rêver", les écrits de la Bible, les grands textes d'aventures... Geneviève Chincholle-Quérat, analyste junguienne, voyageuse et artiste, nous livre quelques réflexions poétiques avec les rêves, les contes et, en filigrane, l'initiation d'Ulysse à la recherche de sa terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296801189
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Affranchis
Geneviève Chincholle-Quérat


Les Affranchis

Récit
Du même auteur

Fin de folie, faim de vie
Éditions Terres de braise (épuisé)

La Lézarde
Éditions Espace santé (épuisé)

Site Internet : http://genevievechinchollequerat.com


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54190-0
EAN : 9782296541900

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
Nos chaos et nos épreuves se chargent de nous rappeler que nous ne serons jamais qu’en chemin.
A travers l’histoire de l’esclavage, s’affranchir passait par couper les chaînes qui vous maintenaient loin et hors de votre pays, de votre histoire et de votre identité.
Cet affranchissement passe par la reconnaissance des parties les plus sombres de notre humanité, ce qui signifie que s’affranchir passe par la reconnaissance de nos multiples « possessions ».
C’est dans la connaissance et la reconnaissance de tout ce qui nous compose que nous nous affranchissons du besoin de voir le mal toujours ailleurs qu’en soi, graine de tous les racismes.
S’affranchir enfin de l’illusion de croire que l’on peut être l’Un sans être l’Autre.
Introduction
Je vais vous raconter une histoire. Elle m’est arrivée il y a une trentaine d’années, mais dans ma mémoire, c’est totalement présent et scintillant comme tout ce qui est à la fois dans le temps et hors du temps.
Je rentrais d’Afrique et traversais le désert avec un camion trans-portant des moutons et quelques hommes, clandestins, commerçants changeant de pays, fuyards de quelques guerres, je ne sais pas trop. Un jour que le camion était en panne, nous attendions du secours. C’était au « beau milieu de nulle part », évidemment loin de toute civilisation. Le voyage était dur, autant physiquement que psychologiquement. J’avais trop chaud et trop soif.
Il y avait un homme bon parmi cette dizaine de personnes en partance vers ces destinations inconnues. Il était long, maigre, avec des yeux profonds, vifs, qui avaient toujours l’air de rigoler un peu, tout en étant le plus sérieux du monde. Il m’offrait souvent un peu de thé qu’il fabriquait de façon étrange, lente et cérémoniale. Le soir, il disparaissait à l’horizon du désert qui pour moi était insondable, et revenait avec un peu de bois, alors il faisait du thé, et ça durait des heures, des heures, des heures… Tout devenait essentiel, la mise en route du feu, l’eau de la théière, le thé et la menthe, le sucre. Les verres étaient minuscules, mais ils étaient immenses… Après quelques heures de soleil brûlant, un camion passa sur la piste, je m’étais levée, sûre d’être sauvée, mais le camion ne s’arrêta pas. Le temps que défilent toutes les émotions que vous pouvez imaginer, l’homme cria et rit, il me fit signe que nous étions « Maintenant », que ce qui était passé était fini, et il riait, riait de mon attitude dépitée… Je pris alors conscience qu’il vivait dans un temps infiniment plus resserré et présent que le mien. Lui, il vivait comme si chaque instant était à la fois le premier et le dernier, ou plutôt le dernier et le premier… Pas moi !
Ce qu’il y avait de plus étonnant pour moi, c’est que cet homme parlait toujours à Dieu, comme à un ami cher. Parfois, il prenait Dieu à témoin des comportements agressifs des hommes fatigués par la route et la poussière. Cet homme restait distant, car j’étais une femme, mais en même temps, il fut mon guide et il m’adopta comme sa petite protégée. Cet homme vivait le moment présent. Quand je me mettais en avance ou en retard sur le temps que nous partagions, il éclatait de rire, criait « OH OH » ! et je revenais au « Maintenant » et à la vie qui nous traverse.
C’était un Seigneur de la Terre, un « Citoyen du Maintenant », léger et impeccable dans sa présence, et c’est à lui, que je ne revis jamais à la sortie du désert, que je dédie ce livre.
La croisée des chemins
Nous voici enfin à la croisée des chemins…
Peut-être y étions-nous depuis longtemps sans vraiment nous en rendre compte.
Les réponses aux questions qui s’imposent quant à notre évolution ne peuvent plus être celles d’un siècle révolu. Il nous faut inventer, innover, chercher, comme un jour des marins courageux ont dépassé leurs peurs, monstres et dragons cachés dans les océans, à la ligne d’horizon, et sont partis en haute mer, loin des lumières côtières.
Les qualités demandées pour quitter les rivages connus sont le courage, les qualités de cœur, ce qui a mon sens est un peu la même chose, l’honnêteté, l’impertinence, la patience, la foi, le feu, l’ardeur, la curiosité… Toutes qualités demandées il y a bien longtemps par les alchimistes qui avaient le projet de transformer le plomb en or.
Pourtant, les êtres humains sont plus mal que jamais. Il m’arrive, quand je sors de mon cabinet, de me dire que c’est la France entière qui est dépressive ! J’accompagne avec l’analyse jungienne et la création depuis trente ans. Je m’étais dirigée vers le métier de comédienne, puis, de ma propre construction au travers des années, j’ai fait ma profession. Plus que par des connaissances théoriques, c’est par ma curiosité, intuition, ardeur, que j’ai pu être thérapeute, aider des êtres à se remettre en selle, à retrouver le goût de vivre, et à « alchimiser » eux-mêmes leur vie, en se servant de leurs épreuves, de tout ce qu’il y a à l’intérieur d’eux, y compris ce qui peut sembler le plus sombre ou le plus dangereux, pour cheminer. « Alchimiser » signifie pour moi, se servir des chaos et des épreuves aussi bien que des cadeaux et des époques généreuses.
Si pour les Shadoks {1} il fallait des petites pompes pour les petits problèmes et de grosses pompes pour les gros problèmes… et des pompes pour les problèmes qui n’existaient pas encore, la thérapeute que je suis devenue utilise également différents outils !
Chaque être humain est unique et ma façon de travailler avec chacun l’est aussi.
N’étant ni médecin, ni psychiatre, je n’ai pas eu la tentation d’utiliser les médicaments, d’ailleurs prescrits à « tour de bras » pour un oui, pour un non, comme si les gens n’étaient plus capables de vivre un deuil, de traverser une grave maladie, de se servir d’une épreuve pour grandir…, qu’il leur fallait forcément des béquilles pour ci et des béquilles pour ça... Les médecins ne misant pas sur leur force, mais sur leur faiblesse. Triste pari.
Et pourtant... Tous ceux qui ont réussi à se servir d’une dépression, d’une épreuve pour aller plus loin et dépasser la frontière du connu, de leur connu, sont sortis grandis et allégés. Ils ont alors trouvé en eux l’ardeur et la sensibilité, la source, le sentiment de gratitude devant la vie et le fait d’être « un vivant », la force d’accepter l’ombre et la lumière, le plein et le vide, le travail de la vie et celui de la mort qui nous mènent à nous renouveler et non pas à reproduire « du même ».
Ils ont cru dans « l’impossible » et ont créé une réalité tout autre que ce que le monde dit « normal » leur avait laissé imaginer. Et c’est vrai pour tout style de guérison, physique, psychique…
Cette idée de « se servir de l’épreuve pour grandir » m’a toujours accompagnée. À dix-sept ans, je « montais », comme on disait, les textes de Rimbaud, et j’étais fascinée par cette idée que l’on puisse « cultiver des verrues sur sa figure » ou, dit autrement, que l’on puisse connaître et comprendre le mal, la souffrance, en la prenant sur soi, puis en s’en libérant.
Se posait déjà à moi le problème du « bouc émissaire », le rôle de la maladie dans la famille ou le groupe, la découverte que le malade n’est pas toujours celui qui l’est, ou celui dont on parle. Je découvrais « l’enfant symptôme », celui qui met dehors le mal-être de toute une lignée. Je me mis en quête des chemins qui permettent d’échapper

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