Au nom du destin
202 pages
Français

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Au nom du destin , livre ebook

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Description

Afin d'échapper à la logique villageoise, qui rime souvent avec les durs travaux des champs, la vie de couple précoce, les maternités multiples, la polygamie et la pauvreté, Ajoa, jeune femme béninoise, décide d'aller tenter sa chance à Lagos. Mais que va-t-elle trouver à Lagos ? Ainsi fera-t-elle son apprentissage de la vie d'immigrée dans deux mondes différents : celui des expatriés et celui des gens de maison.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 132
EAN13 9782296632776
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au nom du destin
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Déjà parus

Serge Armand ZANZALA, Les « démons crachés » de l’autre République , 2007
W. L. SAWADOGO, Les eaux dans la calebasse. Roman , 2007.
Jean-Marie V. RURANGWA, Au sortir de l’enfer , 2006.
Césaire GHAGUIDI, Les pigeons roucoulent sans visa… , 2006.
Norbert ZONGO, Le parachutage , 2006.
Michel KINVI, Discours à ma génération. La destinée de l’Afrique , 2006.
Tidjéni BELOUME, Les Sany d’Imane , 2006.
Mamady KOULIBALY, La cavale du marabout , 2006.
Mamadou Hama DLALLO, Le chapelet de Dèbbo Lobbo , 2006.
Lottin WEKAPE, www.romeoetjuliette.unis.com , 2006.
Grégoire BIYIGO, Orphée négro , 2006.
Grégoire BIYIGO, Homo viator , 2006.
Yoro BA, Le tonneau des Danaïdes , 2006.
Mohamed ADEN, Roblek-Kamil, un héros afar-somali de Tadjourah , 2006.
Aïssatou SECK, Et à l’aube tu t’en allais , 2006.
Arouna DIABATE, Les sillons d’une endurance , 2006.
Prisca OLOUNA, La force de toutes mes douleurs , 2006
Salvator NAHIMANA, Yobi /’ enfant des collines , 2006.
Pius Nkashama NGANDU, Mariana suivi de Yolena , 2006.
Pierre SEME ANDONG, Le sous-chef, 2006.
Adélaïde FASSINOU, Jeté en pâture , 2005.
Lazare Tiga SANKARA, Les aventures de Patinde , 2005.
Djékoré MOUIMOU, Le candidat au paradis refoulé , 2005.
Koumanthio ZEINAB DIALLO, Les rires du silence , 2005.
Koumanthio ZEINAB DIALLO, Les humiliées… , 2005.
Amaka BROCKE, La fille errante , 2005.
Eugénie MOUAYINI OPOU, Sa-Mana au croisement des bourreaux , 2005.
Lottin WEKAPE, Le perroquet d’Afrique , 2005.
André-Hubert ONANA-MFEGE, Mon village , c’est le monde , 2005.
Loro MAZONO, La quatrième poubelle , 2005.
P HILOMÈNE O HIN- L UCAUD


Au nom du destin


roman


L’HARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2007
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http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-02681-0
EAN : 9782296026810

Fabrication numérique : Socprest, 2012
I Le départ du village
« Ils sont partis mais ils reviendront avant que le temps ne les oublie et que leurs souvenirs ne s’effacent de la mémoire collective, tu verras ». Telle résonne la voix rauque de la mère d’Ajoa lorsqu’elle évoque avec résignation l’absence de ses proches comme si la volonté d’émigrer s’inscrivait nécessairement dans la conviction d’un retour programmé au village natal. Dans son esprit le retour reste intimement lié au départ et, plus singulièrement, à la date du départ qui demeure suspendue au temps qui passe. Car on ne part pas pour ne pas revenir, on part pour mieux revenir et pour faire parler de ses réalisations.
Ainsi, Ajoa a toujours aimé revoir ceux qui partent pour réaliser leur rêve de grandeur sociale. Elle éprouve une joie contagieuse en redécouvrant le visage rayonnant des parents et amis revenus au village après plusieurs années d’absence. Même si certains traits de leurs visages se sont effacés de sa mémoire de jeune fille, elle reste toujours émerveillée par le timbre familier de leurs voix qui la replonge dans son enfance passée à l’ombre des manguiers géants, le repère préféré des candidats au départ.
Baignant dans un environnement où les départs se justifient et les retours se fêtent, elle a toujours idéalisé l’ailleurs. Depuis son adolescence, elle nourrit secrètement l’espoir de découvrir de nouveaux horizons plus roses que les crevettes qu’elle trimbale dans son panier à double fond à longueur de journée.
Née dans une région pauvre mais néanmoins riche en ressources maritime et forestière au sud-ouest du Bénin, Ajoa, comme la plupart des jeunes filles de la région de Grand Popo, se prédestinait à la vente de produits issus de la mer, source nourricière pour la majorité de la population.
Cependant, sa vie prit une tout autre direction lorsqu’elle fit la connaissance d’une de ses tantes maternelles de retour au village après vingt années passées à Lagos, une ville de plus de douze millions d’habitants située au sud-ouest du Nigeria, le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest par sa population et par son influence sur la scène politique continentale.
En effet, ancienne capitale politique de la République fédérale du Nigeria détrônée par Abuja à la fin des années 80, Lagos est une des plus grandes villes du continent africain en raison de sa densité démographique. Zone côtière et lagunaire, elle demeure toujours le poumon économique et financier du pays. C’est une ville frontalière avec les régions situées au sud-est du Bénin, ancien Dahomey, avec lesquelles, en plus du commerce de réexportation et de contrebande, elle partage une histoire commune qui remonte à l’époque précoloniale. La présence des Yoruba, ethnie majoritaire dans le Sud-ouest du Nigeria, de l’autre côté de la frontière béninoise, est une réalité ethno-sociologique de cette histoire commune, preuve d’une grande mobilité caractéristique des populations de cette partie du Golfe de Guinée avant et après le tracé des frontières, consacrées dans leur caractère immuable par l’Organisation de l’Unité Africaine {1} .
C’est en suivant l’exemple de ses aînés que Justine, la tante maternelle d’Ajoa, s’est installée pour de longues années à Lagos dans l’espoir d’une vie meilleure. Elle est revenue dans sa région natale avec assez d’argent pour aider les membres de sa famille à égayer leur quotidien sans oublier de disséminer, de gauche à droite, de bonnes paroles pour donner envie aux jeunes, et plus singulièrement aux jeunes filles, de suivre ses traces et de s’exiler à Lagos.
S’abreuvant des paroles de sa tante tel un chameau ressuscité devant une oasis après avoir été abandonné dans le désert, Ajoa prend secrètement la décision de lui emboîter le pas, et de tenter sa chance comme les autres sans attendre la bénédiction d’un homme ou d’un mari. Elle ne veut pas rater le train de la réussite sociale.
Bien qu’ignorant le métier exercé par sa tante ainsi que ses conditions de vie, elle était décidée à quitter les rivages du fleuve Mono pour les abords des lagunes lagosiennes où vivent et cohabitent plusieurs communautés étrangères dont les Béninois longtemps installés à Lagos. Après tout, il n’y a rien de surprenant dans sa décision. Toutes les personnes qui sont allées travailler à Lagos reviennent avec des vélos, des motos et surtout de l’argent pour aider leur famille à bâtir des maisons ou monter des commerces. Les exemples de réussite ne manquent pas, et les ambitions se déchaînent face à la volonté de partir à n’importe quel prix.
Persuadée que la vie serait sûrement plus agréable à Lagos, elle décide un beau jour de prendre son courage à deux mains et d’annoncer à ses parents qu’elle troquait ses bassines de poissons et de crevettes contre un ticket de taxi-brousse pour la frontière bénino-nigériane.
C’est ainsi qu’Ajoa, jeune Béninoise sans histoire, s’est moralement et émotionnellement conditionnée pour partir à Lagos alors qu’elle n’était jamais allée dans une grande ville auparavant. Elle ne connaissait même pas la ville de Cotonou, la capitale de son propre pays, avant ce fameux jour où elle foula le sol du marché international de Dantokpa pour la première fois, cherchant le taxi pour Sèmè, la frontière entre le Bénin et le Nigeria.
Etourdie par le trafic incessant des zémidjans, taxis motos, ainsi que par les cris des racoleurs routiers qui ne sont autres que des rabatteurs en culotte courte, Ajoa monte précipitamment dans une Peugeot 505 grise dont l

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