Au pays des bunkers et des pyramides
214 pages
Français

Au pays des bunkers et des pyramides , livre ebook

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214 pages
Français

Description

Brahim ne fut pas très inspiré sur le choix de l'endroit et du moment où il est né. Sa maladresse l'a fait venir au monde dans un pays qui, sans avoir eu le temps de sortir du Moyen Age, venait de tomber pour cinquante ans sous la férule d'une des dictatures les plus impitoyables de l'Europe de l'Est : l'Albanie. Pourtant Brahim s'accroche à la vie et se fait une place dans la Kadarie, son pays sublimé par l'écrivain Ismail Kadare. Il traverse toute la période communiste. La dictature était cruelle. Sa chute et la liberté retrouvée seront chaotiques. Ce profil du personnage donne à l'auteure la possibilité de reconstituer le contexte de l'histoire politique en se tenant à distance à la fois du victimisme et de la mélancolie.

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Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2019
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140124174
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Elona ZHANA
Au pays des bunkers et des pyramîdes Roman Préface de Besnik Mustafaj Lettres d’Albanie
Au pays des bunkers et des pyramides
Lettres d’Albanie Cette collection est consacrée à la littérature albanaise classique et contemporaine. Elle accueille des oeuvres rédigées directement en langue française ou des traductions de la langue albanaise. Déjà parus Lek PERVIZI,Dans les cercles de l'enfer, récit d'un prisonnier politique albanais,2014. Gjovalin KOLA,Les yeux de la peur,2013.
Elona ZHANA
AU PAYS DES BUNKERS ET DES PYRAMIDES
Roman
Préface de Besnik Mustafaj
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17721-2 EAN : 9782343177212
À mes parents qui ont traversé les péripéties de leur siècle sans jamais perdre leur humour.
PRÉFACE
Dans un des paragraphes de ce récit, l’auteur dit que tous les habitants de la ville ont été les élèves de Brahim ou les parents de ses élèves. Je parle de Brahim Z., le personnage central. J’ai moi-même été un de ses anciens élèves. Dans le contexte du récit, l’auteur donne cette information pour faire comprendre au lecteur pourquoi les habitants de cette ville ont accueilli avec enthousiasme la nomination de celui-ci à la tête du conseil municipal. En ma qualité de témoin assermenté, je peux confirmer que l’auteur dit la vérité. Comme enseignant, Brahim Z. s’était créé un nom dans notre petite ville nouvelle qui dépassait le respect habituel à l’égard d’un bon professeur zélé. J’affirme ainsi que cette prose a une fibre biographique, ce qui rend la narration encore plus authentique. Brahim Z. était une autorité. Maintenant que je m’en souviens, je peux dire qu’il était une autorité étrange parce qu’il sortait des archétypes des temps politique et historique dans lesquels il vivait. Il ne venait pas d’une de ces familles qui formaient les piliers du régime communiste dans notre province et, en tant que jeune intellectuel, il n’avait jamais eu le moindre pouvoir. Quant à sa position officielle, il était simplement un enseignant comme beaucoup d’autres. Plus que les autres, il avait un charisme inné et un talent extraordinaire pour aimer les gens de façon désintéressée. Et dans cette relation aux autres, qu’ils soient ses élèves, leurs parents, ou ses collègues, Brahim Z. a toujours paru comme un homme pleinement en paix avec lui-même, ce qui lui conférait un calme et une patience dans la conversation qui – dirais-je – ne s’accordaient pas à son physique de basketteur. Elona Zhana a choisi d’élaborer son sujet de manière linéaire, depuis la naissance du protagoniste jusqu’aux années 2000 quand il devient grand-père. Elle
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prend bien soin de placer d’abord son personnage dans son environnement familial pour montrer l’influence que ce milieu a exercée sur la formation de son caractère. Comme l’auteur nous le raconte avec réalisme, il s’agit des normes morales archaïques, à savoir éternelles, sur lesquelles reposait encore la vie des montagnards albanais quand les communistes sont arrivés au pouvoir et qui étaient observées de génération en génération, principalement par l’exemple. Parmi ces normes qui ont continué de guider le personnage de Brahim Z., même lorsqu’il a été devenu un homme et a pris sa place dans la société, je soulignerai l’honnêteté, le respect de la parole donnée, la protection de la famille, le sens des responsabilités. Brahim Z. a traversé toute la période communiste, du début à la fin. Il n’a été ni un marginal ni un militant zélé. Ce profil du personnage donne à l’auteur la possibilité de reconstituer le contexte de l’histoire politique en se tenant à bonne distance à la fois du victimisme et de la nostalgie. Sachant que ce texte a été écrit en français et qu’il s’adresse à un lecteur étranger qui ne connaît rien ou pas grand-chose de l’histoire de l’Albanie, ce fait acquiert une importance particulière. Le lecteur non albanais pourra constater que ce régime stalinien, proclamé « dictature du prolétariat » par la Constitution, reposait sur la répression et avait provoqué une pauvreté dramatique dans la population. Mais même dans ce contexte politique et social particulièrement difficile, des personnes honnêtes et de caractère ont réussi à s’adapter pour vivre dignement, travailler, aimer, fonder une famille, élever des enfants et nouer des amitiés durables. Ce sont précisément des gens comme Brahim Z. qui, par leur résistance silencieuse, ont sauvé l’Homme albanais et ont mis en échec l’ambition de ce système de peupler l’Albanie avec l’« Homme Nouveau communiste ».
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Quand la dictature est tombée et que l’Albanie s’est ouverte, le destin a conduit Brahim Z. à Bruxelles où vit sa fille. Le constat d’un médecin mérite d’être rapporté dans ces notes. Tu t’appelles Brahim et tu n’es pas musulman. Tu viens d’un pays communiste et tu n’es pas communiste. Tu es albanais et tu n’es pas mafieux. Qui es-tu ? demande le médecin. L’auteur a ainsi posé une question fondamentale, celle de l’identité, pour y répondre à travers l’exemple de son personnage. Besnik Mustafaj Écrivain Ex-ministre albanais des Affaires étrangères
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