Au pied de la Croix

Tristan Chalon

Description

Ce roman en partie fictionnel imagine l'aventure spirituelle et morale d'une jeune juive qui, séduite par le message de Jésus, s'attache à ses paroles, suit ses pas, rompt avec sa famille et se convertit aux préceptes nouveaux qu'il enseigne. Par avance, elle accepte une vie de sacrifice que couronnera le martyr. Ce récit évoque les épisodes de la vie de Jésus, personnalité exceptionnelle, attanchant, d'une force irrésistible d'émotion et de séduction. Le roman cherche à inciter les personnes novices à en savoir d'avantage sur ce sujet, à découvrir d'autre essais et écrits sur Jésus.

Sujets

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 08 janvier 2018
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782140054686
• Langue: Français

Extrait

Tristan Chalon

Au pied de la Croix Roman

Les impliqués É d i t e u r

Au pied de la Croix

Les impliqués Éditeur Structure éditoriale récente fondée par L’Harmattan, Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire.

Déjà parus

Merone (Lovely),Chroniques d’un oiseau blessé. Le journal de Leslie, 2017. Leconte (Bernard),La mort passe, récits, 2017. Willay Adams (Roland),Le petit chien qui se voulait humain, récit, 2017. Buisson (Georges),Un si joli village ou le combat d'Aimée, roman, 2017. Anglade (Pierre),La stratégie du saumon, suivi de Fragments critiques à l’usage du dernier des Mohicans, 2017.

Von Bülow (Katherina),La gardienne, 2017

Tabary (Bernard),L’Autre Rive, 2017.

Ngouloubi (Malachie Cyrille Roson),Le soleil des élites, poèmes, 2017.

Benayad (Zohra),Le rebelle, récit, 2017.

Konan Kibbou (Séraphin),Syndicalisme et rêve d’émergence,2017.

Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site : www.lesimpliques.fr

Tristan Chalon

Au pied de la Croix Roman Les impliqués Éditeur

© Les impliqués Éditeur, 2017 21 bis, rue des écoles, 75005 Paris www.lesimpliques.fr [e-mail] ISBN : 978-2-343-13473-4 EAN : 9782343134734

Le baptême

Le jour déclinait. La Ville éternelle, Jérusalem, projetait son ombre sur la vallée verdoyante du Cédron. Au sortir du vieil hiver, le Cédron conservait un reste d’humidité. Ses berges touffues étaient envahies d’aloès, de roseaux à plumet, de lauriers. Son cours était jonché de rochers qui formaient des bassins et des abreuvoirs naturels. Descendant du ciel bleu pâle, strié de bandes pourpres, une lumière colorait de rose un troupeau de chèvres qui buvaient, leurs pattes avant fléchies. Les flancs abrupts de la vallée étaient parsemés de vergers, de jardins, de bosquets qui donnaient un aspect riant à cette banlieue.

Situé en dehors de la Ville, près du chemin de Siloé et le Cédron franchi, s’étendait un jardin enclos d’un muret de pierres sèches. A l’exception de la vallée du Cédron, les environs de Jérusalem étaient arides et secs. Le paysage brûlé de soleil portait la marque d’une malédiction. Ce jardin offrait l’asile de ses ombrages, de sa fraîcheur, des chants de ses nids. Il était plein de charme, planté d’orangers et de sycomores mêlés de noirs cyprès. Une petite maison au toit en terrasse permettait de prendre sur place ses repas, d’y faire la sieste ou d’y passer la nuit, de s’abriter du soleil et des intempéries. Mais Eléazar le grand docteur sadducéen, propriétaire de cette modeste résidence de campagne, n’y venait qu’en famille et que de temps en temps, pour une courte promenade en soirée. On regagnait ensuite la Ville et le quartier sacerdotal à l’heure du couvre-feu, de la fermeture des portes, de la prière « Shemla Israël… ». Il était exceptionnel d’y rester la nuit – même en été lors des grandes chaleurs.

Pourtant ce petit domaine présentait de nombreux agréments. Il était à la fois proche de la Ville et néanmoins

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assez éloigné pour que l’atmosphère y fût calme et champêtre, l’air plus pur. On tirait du puits une eau saine, sapide et bien glacée qu’aucune pollution ne risquait d’altérer. La vue sur Jérusalem au-delà du Cédron présentait un panorama impressionnant de grandeur : se dressaient les puissantes murailles et tours crénelées de l’enceinte ; à l’intérieur des murs, le mont de Sion portait une couronne de cyprès d’un vert foncé ; le quartier d’Ophel rappelait l’antique cité de David ; la masse, de marbre et d’or, du Temple aux soubassements cyclopéens dominait, écrasait la ville basse ; ce sanctuaire incomparable, les fastes du palais d’Hérode-le-Grand, la redoutable forteresse Antonia et ses quatre tours, le donjon de David signalaient la ville haute, siège des trois pouvoirs : Rome, le tétrarque Hérode, le pontife du culte hébraïque ; et, depuis des siècles, perçant le roc, le canal d’Ezéchias captait l’antique fontaine de Gihon et alimentait les piscines de Siloé…

En cette fin d’après-midi, deux jeunes filles – Sarah nièce d’Eléazar et Ruth fille d’Ismaël – prenaient le frais au jardin des orangers et des sycomores. Elles respiraient un mélange enivrant de parfums et de bonnes senteurs qu’exhalait la végétation assoiffée. Elles étaient assises à l’ombre, sur un banc de pierre, adossé à la rustique demeure. Le bandeau mauve d’une glycine ornait les murs crépis à la chaux. Un âne, tête baissée, attendait. A l’intérieur de la bâtisse, Noémie une vieille servante s’activait et l’on entendait un remuement de vaisselle. Un couple de cigognes veillait dans son nid perché au rebord du toit en terrasse. Vêtues d’une tunique de lin, un voile jeté sur leurs cheveux, Sarah et Ruth étaient tellement absorbées par leur conversation qu’elles avaient laissé choir à leurs pieds l’ouvrage auquel chacune travaillait : Sarah reprisait un linge liturgique bordé de fine dentelle, Ruth brodait une nappe d’autel.

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1 – Comme je t’envie, Ruth, d’avoir pu te rendre à Béthanie sur les bords du Jourdain et rencontrer ce saint ermite, ce Jean dit Baptiste.

– Demande à ton oncle Eléazar la permission de faire ce voyage, il ne te la refusera pas.

– Je crains qu’il s’irrite au contraire de ma démarche. Car je sais qu’il tient Jean le Baptiste pour un dangereux imposteur, qu’il s’inquiète, qu’il s’indigne de ses propos, de son comportement. Une délégation des gens du Temple s’est rendue à Béthanie pour y rencontrer Jean, l’interroger comme hérétique et agitateur, statuer sur son sort.

– Quelles sont les conclusions de la délégation ?

– Je l’ignore. Mon oncle Eléazar n’y a fait aucune allusion. Mais selon les bruits qui courent le jugement de la délégation est alarmant. Jean a déclaré qu’il n’était ni le Messie ni Elie ni le Prophète. Mais il a refusé de dire qui il était. Ce qui suscite la peur.

– J’ai appris, Sarah, que le préfet surveille Jean ; qu’Hérode hésite et manifeste à l’égard de Jean une sorte d’attrait, une certaine indulgence ; mais que son épouse, la terrible Hérodiade, poursuit de sa haine le baptiseur et exige sa tête. Il faut craindre le pire : Hérode cet « esclave aveugle et couronné… ce roitelet qui tremble devant 2 Rome » risque de céder à sa femme.

– Tu connais mon oncle Eléazar : c’est un homme bon, droit, juste et sage, mais entier, dur et sévère quant au respect du dogme et quant à la pratique de la religion. Je 1 Il existait deux villages de ce nom : un Béthanie proche de Jérusalem et où logeaient Marie, Marthe et Lazare et un Béthanie au bord du fleuve du Jourdain. 2 « Vie de Jésus » par François Mauriac.

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