Azobe
162 pages
Français

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Description

Un jeune Camerounais fraîchement diplômé de l'université se lance dans la vie active. Dans son métier d'enseignant, il va, en une année scolaire, rencontrer des humains, découvrir du pays et partager ses humeurs. Ainsi, en peu de temps, et dans des rapports houleux avec la hiérarchie en place, sa situation professionnelle va le conduire du Sud du littoral au Nord sahélien. Toutes ces péripéties vont lui inspirer des perspectives d'avenir qu'il était à mille lieues d'imaginer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296496743
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AZOBE
Littératures et Savoirs
Collection dirigée par Emmanuel Matateyou

Dans cette collection sont publiés des ouvrages de la littérature fiction mais également des essais produisant un discours sur des savoirs endogènes qui sont des interrogations sur les conditions permettant d’apporter aux sociétés du Sud et du Nord une amélioration significative dans leur mode de vie. Dans le domaine de la création des œuvres de l’esprit, les générations se bousculent et s’affrontent au Nord comme au Sud avec une violence telle que les ruptures s’accomplissent et se transposent dans les langages littéraires (aussi bien oral qu’écrit). Toute réflexion sur toutes ces ruptures, mais également sur les voies empruntées par les populations africaines et autres sera très éclairante des nouveaux défis à relever.

La collection Littératures et Savoirs est un espace de promotion des nouvelles écritures africaines qui ont une esthétique propre ; ce qui permet aux critiques de dire désormais que la littérature africaine est une science objective de la subjectivité. Romans, pièces de théâtre, poésie, monographies, récits autobiographiques, mémoires… sur l’Afrique sont prioritairement appréciés.


Déjà parus

Justin DANWÉ, Le génie du mal. L’assaut des enfants-soldats , 2012.
André Marie AWOUMOU MANGA, Au paradis. Pièce de théâtre en cinq acte s, 2012.
LUCY, Les fils du vent , 2012.
Alphonsius ATEGHA, Clandestin sur son propre continent …, 2012.
Aubin Renaud ALONGNIFAL, La pluie dans le jardin de la vie , 2012.
Christian KAKAM de POUANTOU, Une tribune pour la douleur , 2012.
M. DASSI, Oremus. Poésie et développement , 2012.
Jean-Claude FOUTH, Le cercle vicieux , 2012.
Jean-Claude FOUTH, La règle du jeu , 2012.
Chatchun Tayou Djougla


AZOBE

Récit
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-99068-5
EAN : 9782296990685

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I
C’était l’époque de sa splendeur naturelle et glorieuse. L’époque où, par ses magnifiques plages blanches de sable fin et pur, Kribi damait le pion à sa cousine Limbé aux plages boueuses et bitumineuses. C’était du temps où la belle Kribi, baptisée cité balnéaire du Cameroun, n’avait pas encore été souterrainement pénétrée et souillée par le controversé pipeline tchado-camerounais. ce viol à ciel ouvert, scandaleusement admis avec par bon nombre de nos compatriotes comme le contrat du siècle. Pétrodollar quand tu nous tiens ! La ville de Kribi s’en remettrait-elle jamais ?
Je foulais le sol kribien pour la première fois. Arrivé dans la ville pour enseigner la philosophie au lycée classique, je n’avais qu’une idée vague de ce qui m’attendait, tout autant dans la cité que dans mon métier. Surtout que j’avais obtenu mon diplôme non pas à l’Ecole normale supérieure mais à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Yaoundé, et ignorais tout ou presque des principes pédagogiques de ma profession. Mais à la seule idée de travailler à Kribi, la perspective de découvrir la mer m’avait tellement réjoui qu’une fois cette promesse accomplie enfin, j’avais été rétrospectivement traversé par un sentiment de honte du fait de n’avoir jamais, par le passé, songé à me rendre de mon propre chef dans cette ville-là qui pourtant ne se trouvait qu’à 200 km de Yaoundé où j’avais fait mes études supérieures. Comme quoi, le tourisme intérieur était loin d’être mon fort, tout comme pour tant d’autres concitoyens d’ailleurs.
Je n’avais jamais vu la mer auparavant, et je l’imaginais bleue, d’un bleu turquoise et limpide comme sur les cartes postales ou au cinéma. Ou encore majestueuse et invulnérable comme dans ces surprenantes légendes qui me persuadaient que la mer ne recelait en son sein aucune forme de déchets ou d’épaves. Que tout ce qui y tombait était systématiquement repoussé et redéposé sur le rivage par cette eau narcissique qui ne tolérait que sa propreté. Quelle n’avait été ma surprise quand je m’étais retrouvé devant une vaste étendue d’eau grisâtre et vague. Non seulement l’océan Atlantique, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’était pas bleu à mes yeux là où je le vis, pleurnichant sous la pluie, mais de surcroît, il était sale, sale de ces eaux de ruissellement qu’il engloutissait sans façon, ainsi que de toutes ces vieilles noix de coco et tous ces morceaux de bois qu’il écumait dans son mouvement de sac et ressac en cette approche de la marée haute.
Le lycée n’était pas loin de la plage. Seule les séparait, au niveau du quartier Ngoé-Réserve, la route nationale qui va à Edéa. Il arrivait même quelquefois que des élèves, tout assis dans leur classe, interrompent un cours pour s’extasier devant les prouesses d’un éventuel dauphin paradant à la surface des eaux. Je n’en avais jamais vu personnellement, car toutes les fois qu’en pleine leçon je me retournais pour surprendre ces instants magiques tant vantés par les enfants, il était toujours déjà trop tard. Et cramponné que j’étais à l’ouvrage, certainement qu’à mon insu, bien d’autres trésors extérieurs m’échappaient.
En contrepartie j’avais, un de ces quatre matins reçu en direct dans ma classe une bien cocasse scène de mamy-water apparemment programmée longtemps à l’avance par son initiatrice. En dehors de la philosophie, j’encadrais les élèves de 2 nde dans les activités de Travail manuel (T M) et dispensais des cours de français en 6 ème ,. C’était donc dans cette dernière classe que l’une de mes élèves que je prenais au départ pour une petite fille, qu’elle était d’ailleurs, m’avait fait l’honneur de me permettre de jouir de ce spectacle rarissime, expression terminale d’un aveu public d’amour.
Bien en place sur l’estrade avec dans la main gauche un livre ouvert, j’avais vu Mabali sortir de sa rangée de bancs pour se placer dans l’allée centrale de la pièce sans dire un mot, les yeux braqués sur moi. Dans ma surprise, je m’apprêtais à lui demander si quelque chose n’allait pas quand soudain elle se mit à convulser. Tout son corps était engagé dans des mouvements brusques et saccadés, tout autant frénétiques qu’inquiétants. Le temps de revenir de mon étonnement, j’entendais crier de toutes parts :
Sortez monsieur ! Sortez monsieur ! Elle va vous prendre dans le mamy-water , disaient les autres élèves de la classe.
Si j’étais étonné, je n’avais nullement peur et ne projetais aucunement de m’enfuir. D’ailleurs eussé-je eu l’intention de sortir que je n’en aurais point été capable, car en un mouvement d’éclair, un essaim de bambins partis des classes voisines en entendant les hurlements s’agglutinaient déjà aux fenêtres et portes de ma salle, obstruant de ce fait toutes les issues possibles. A l’intérieur même, les élèves s’embrouillaient dans tous les sens. Et tandis que certains criaient à tue-tête et tambourinaient sur les tables tout en gardant leurs places, d’autres tels des funambules bondissaient machinalement de table en table dans un aller et retour infernal, quand ils ne couraient pas tout simplement se blottir sous les bancs pour ne pas voir arriver le danger. Au dehors, c’était la cohue. Les enfants des classes les plus éloignées accouraient à leur tour et cherchaient en vain à se frayer un passage qui les placerait aux avant-postes de l’événement. Pendant ce temps, je restais figé dans ma posture initiale alors que Mabali, hystérique, avançait résolument vers moi dans une démarche mal assurée mais bien déterminée.
Quelque chose en mon for intérieur, malgré moi, commençait à trembler d’impatience. Je me demandais déjà pendant combien de temps encore je devais continuer à soutenir mon inertie sans rien entreprendre, quand je vis Modila, l’amie intime et voisine de banc de la transfigurée, se lever et farfouiller dans son cartable d’où elle sortit une épingle et un morceau de charbon de bois. Elle s’était approchée de son amie en proie à la tourmente. Avec l’é

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