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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 04 octobre 2019 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782851136930 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Tine Gabriel
Blue Belles Bulles
Chroniques délurées d’une petite fille qui grandit
Roman
Lys Bleu Éditions—Gabriel Tine
ISBN : 978-2-85113-693-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
« J’ai tenté d’être raisonnable, je n’ai pas aimé »
Clint Eastwood
À mes parents
À mes enfants
Prologue
Parfois, assailli par un embryon facétieux de nostalgie, le temps se met à dégouliner et décide de jouer les rebelles… Jusqu’à plonger à la source de son passé devenu liquide ; même si celui-ci n’est pas forcément liquidé.
Ce besoin impérieux de ce qui n’est plus mais aimerait encore être remonte alors dans une sarabande infernale, une mise à nu impitoyable, un strip-tease étourdissant.
Et ce sont bientôt des milliers de bulles de souvenirs multicolores qui transpercent les profondeurs et finissent par émerger. D’abord impatientes et confuses, puis enhardies, avides et impétueuses...
Les plus délurées, les plus décoincées parviendront à se hisser à la surface en éclaboussant la mémoire.
Ce sont les plus nettes, les plus rondes, les plus belles.
Elles sont toutes bleues comme un ciel de Strumpf en plein bonus karmique.
Avec un clin d’œil malicieux, elles vont venir s’éclater dans l’instant, diluant subitement l’espace de leurs reflets scintillants.
On les appelle les « Blue belles bulles ». Surtout quand elles se mettent à danser.
Avec leur reflet irisé, elles commencent par pétiller dans une effervescence débordante et irrésistible. Et alors...
Il ne vous reste plus qu’à...
Les faire entrer… Alors, faites entrer les « blue belles bulles » !
Indépendance Day
Je suis née dans une fulgurance. Un quatre juillet torride.
Première offrande crachée à l’indépendance dans un brasier haletant.
Comme la plupart des bébés… Enfin… Presque…
C’est après que les choses se sont compliquées.
Pour cause de bidet bouché, maman, enceinte de 8 mois passés, tentait de se laver les pieds dans le lavabo quand, brusquement, elle ressentit une douleur crucifiante.
… C’est alors que le temps s’est accéléré.
Elle n’a même pas eu le temps de remettre un pied à terre que déjà, à cet instant précis, je décidais de piquer une tête dans le monde… Et m’écrasais lamentablement sur le carrelage glacé de la salle de bain, le tapis ayant choisi de glisser malencontreusement sans crier gare…
J’ai doublement hurlé. Maman aussi. Après, je ne me souviens plus.
Beaucoup plus tard, on m’a raconté que j’avais eu un hématome sur le front et que la fontanelle avait frisé le remake sismique de la faille de San Andreas, version 1857.
Heureusement, après une batterie d’examens, les médecins ont décrété qu’ils n’avaient rien trouvé d’alarmant.
Je déboulais juste dans la vie avec une immense frayeur…
… Suivie d’une déglingue indélébile…
Le coût de mon indépendance anticipée. J’étais prévue le quatorze juillet.
Rouget de Lisle ne me ferait jamais hurler...
Poussette story
Vers deux ans, je commence déjà à cerner certains contours de mon existence et plus particulièrement mes trajets quotidiens en poussette.
Ma nourrice s’appelle madame Laflotte. J’ai le droit de l’appeler « tatie » mais pas « tata » parce qu’il paraît qu’elle n’a rien à voir avec la famille...
J’adore faire de la poussette, parce qu’avec une madame Laflotte aux commandes, même quand il ne pleut pas, on n’est jamais sûr de rien, surtout quand on habite dans la Meuse.
Les jours de pluie, madame Laflotte arpente gaillardement le bitume, un chapeau en ciré rouge sur la tête.
Moi, je regarde ce sirop de parapluie dégringoler sur le trottoir, bien protégée sous ma capote bleu marine.
C’est juste que l’humidité a une influence sournoise sur ma petite vessie et généralement je finis par me précipiter sur le pot dès qu’on rentre à la maison.
Madame Laflotte a les cheveux gris foncé comme la souris dessinée sur la couverture de mon livre préféré, celui que maman me lit presque tous les soirs sur mes instances implorantes : « Sophie la petite souris », celle qui collectionne les dents des enfants...
Madame Laflotte, elle, ne collectionne pas les dents mais plutôt les boutons. Elle a une grosse boîte métallique dans laquelle s’entassent des boutons de toutes les couleurs à un, deux jusqu’à quatre trous.
Côté vestimentaire, elle porte souvent un gros gilet vert comme le bonhomme sur le feu pour traverser la route.
D’ailleurs, elle traverse toujours la route quand elle a ce gilet et pendant longtemps j’ai même imaginé qu’il fallait porter cette couleur pour avoir le droit de traverser.
Son gilet est fermé par de gros boutons vert clair magnifiques avec une forme ondulée comme le moule à tarte de mamie et en plein milieu : deux gros trous cernés d’or, enfin c’est ce que je crois parce que ça brille furieusement.
J’en ai donc déduit que Madame Laflotte devait être riche si elle avait de l’or sur ses boutons parce que le gilet de maman n’a que de vulgaires boutons en bois...
Mais Madame Laflotte est aussi une rapporteuse. Elle a raconté à maman que j’avais mangé deux barres de chocolat au goûter au lieu d’une et que j’étais une chipie.
Évidemment, maman m’a grondée en me disant que je risquais une crise de foie.
Et puis l’autre jour, lorsqu’on est rentrées de promenade et que « tatie » s’est baissée pour me sortir de la poussette, un des boutons de son gilet est resté coincé contre un tube du châssis. En forçant pour tenter de le dégager, on a entendu un cliquetis métallique, puis plus rien...
« Tatie » s’est d’abord accroupie précautionneusement sur le carrelage de l’entrée à la recherche de ce bouton malicieux puis a terminé à quatre pattes en pestant car le bouton s’avérait finalement impossible à localiser. Elle a dit un gros mot, le même que mon père dit toujours quand il renverse de la sauce de rôti sur sa chemise. Ça commence par « mer... » quelque chose mais après je ne sais plus.
— Tu n’as pas vu mon bouton ma puce ?
J’ai dodeliné la tête de gauche à droite d’un air espiègle, enfin j