Châteaux de sables
276 pages
Français

Châteaux de sables , livre ebook

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276 pages
Français

Description

Guiv, étudiant en droit d'origine iranienne, est tiraillé entre sa passion pour Karina, une étudiante colombienne engagée, et son dévouement pour son père dont il vient d'apprendre qu'il a la maladie d'Alzheimer. Il s'empêtre dans des choix qui risquent de lui faire perdre et l'un et l'autre.

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Informations

Publié par
Date de parution 14 novembre 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140135156
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Charles Mohtashami
Châteaux de sable Roman
Rue des Écoles / Littérature
Châteaux de sable
Rue des Écoles La collection « Rue des Écoles » est dédiée à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Elle accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus
Lalande (Laurence),De l’autre côté de la Manche, 2019. e Miège (Colin),L’aventurier enraciné. Récit d’une vie dans leXXsiècle, 2019. Capdeillayre-Miollan (Marie-Claude),Regards obliques, Nouvelles, 2019. Ruiz (Dominique),La griffure du jaguar. Au cœur de la forêt lacandone, 2019. Duhamel (Philippe),La fin de l’ancienne firme Saint-Frères en Picardie. Un ancien du textile français témoigne, 2019. Leccia (Jean-Baptiste),Fredianu le Sarde et le jardin de Plutarque, 2019. Chertier (Dominique Jean),GOVENN, Les Destinées contrariées, 2019. Breklé (Charlotte),Le pont de Kehl. Une adolescente dans la guerre, 2019. Robin (Jean-Paul),Tu seras encore jeune, je ne le serai plus…, Récit, 2019. Loiseaux (Edwige),Fécondes ruptures, roman, 2019. Redouane (Najib),L’envers du destin, roman, 2019. Gioanni-Chicaud (Brigitte),Gens de Saorge. Ceux que j’ai aimés, 2019. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
Charles Mohtashami Châteaux desableRoman
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18907-9 EAN : 9782343189079
1 Elle arriva précipitamment et s’assit au coin d’un banc, sur lequel Guiv était installé : un banc avec deux faces, l’une tournée vers Notre-Dame, l’autre vers le jardin où quelques touristes asiatiques étaient assis. C’était un de ces beaux jours ensoleillés du mois d’avril à Paris. – Mon nom est Claire.Tu es français ? Guiv jeta un coup d’œil à Claire mais ne répondit pas. – Je dirais que tu es grec, ou espagnol ! Et avec un petit sourire en coin, elle ajoute : – Peut-être ni l’un ni l’autre ! Guiv, piqué au vif, dit : – J’ai la nationalité française. – Ah ! Donc tu n’es pas d’origine française. En plus tu as un petit accent ! Guiv regardait les statues des saints sur la façade de Notre-Dame – des saints qui n’auraient jamais imaginé être représentés sur les murs d’une des plus grandes cathédrales du monde ! Il était choqué par l’attitude familière de Claire et voulut, dans un premier temps, répondre que cela ne la regardait pas, mais finalement il n’en fit rien. Claire insistait : – Hé ho ! Tu es dans la lune ? Je te parle !
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Guiv détourna alors les yeux de la cathédrale et la regarda. D’où il était, il ne voyait que son profil : c’était une fille jolie, sans plus, mais pleine de charme. Il lui trouvait un enthousiasme enfantin et une curiosité somme toute féminine et un peu gênante. Il lui répondit, indifférent : – Tu t’appelles Claire, c’est ça ? – Oui, je m’appelle Claire, et toi ? Tu ne m’as pas encore dit comment tu t’appelles. – Écoute Claire, nous ne nous connaissons pas et dans quelques minutes nous nous séparerons et nous ne nous reverrons jamais. À quoi cela te servirait-il de connaître mon prénom ? – Tu penses vraiment ça ? C’est vraiment ce que tu veux ? – En fait, ce que je voulais te dire, c’est que tu perds ton temps avec moi. Si tu cherches un mec, les sites de rencontres sont faits pour ça ! Claire fronça les sourcils : – Tu es idiot. Tu crois que j’ai besoin d’un mec ? Guiv ne répliqua pas. Ils restèrent assis ainsi quelques minutes puis Claire ouvrit son sac. Guiv jeta un coup d’œil involontaire dans le sac en cuir noir de la jeune femme. Il était plein de journaux et de magazines pliés. Sur un journal du soir, un grand sens interdit barrait la photo d’un des rédacteurs en chef. Guiv ne sut qu’en penser. Claire ouvrit la fermeture éclair d’une des poches de son sac et en sortit un peu de marijuana. Elle la mit soigneusement dans une petite feuille de papier à cigarette qu’elle roula, puis elle en mouilla le bord avec ses lèvres. Elle s’appliqua pour coller les deux côtés, laissant une trace de rouge à lèvres sur le bord de sa cigarette. – Tu as du feu ? – Je ne fume pas.
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– Dommage ! Elle fit tourner le joint entre ses doigts longs et fins en scrutant les gens aux alentours. Soudain, elle se leva et demanda du feu à un touriste qui était en train d’allumer une cigarette. Elle alluma son joint et retourna s’asseoir sur le banc un peu plus près de Guiv que la première fois. Elle inspirait profondément la fumée. – La fumée ne te dérange pas ? Guiv haussa les épaules. Claire, sans paraître gênée de son silence, lui sourit : – Peut-être que tu aimerais ! – Les flics rôdent partout, tu n’as pas peur de te faire attraper ? Claire rit comme une enfant. – Avoir peur ? Pourquoi ! Ces temps-ci, les flics surveillent plutôt les terroristes. Ils ne s’intéresseront pas à moi. Et puis certains d’entre eux fument aussi ! Elle jeta un regard en coin à Guiv et lui lança, espiègle : – Et toi ? Tu n’es pas un terroriste par hasard ? – Moi, terroriste ! Que ce soit bien ou mal, sache que je ne prends rien suffisamment au sérieux. À ce moment, un peintre ambulant s’approcha d’eux et demanda à Guiv : – Voulez-vous que je dessine le portrait de votre fiancée ? Un sourire s’esquissa sur le visage triste de Guiv mais il ne répondit pas. Claire dit : – Va trouver quelqu’un d’autre. Il y a de nombreux touristes assis juste derrière ce banc. Le peintre mécontent poursuivit son chemin en grommelant.
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– Je suis peintre moi-même tu sais, ajouta-t-elle à l’adresse de Guiv. Ce dernier la regarda avec intérêt. – Quel style peins-tu ? Classique ? Moderne ? Impressionniste ? Romantique ? Il était en train de continuer son énumération lorsque Claire le coupa : – Arrête ! Tu m’as vraiment prise au sérieux ? Oublie cette bêtise et dis-moi quelle heure il est ? – Il est quinze heures. – À quinze heures trente, je dois être à la mairie de Paris. Je travaille là-bas. Et elle ajouta comme pour elle-même : mais si l’héritage vaut le coup, on ne m’y reverra plus… et toi ? Tu ne travailles pas ? – Si, je travaille à mi-temps au secrétariat de la Cité universitaire. – Tu es étudiant ? Guiv garda le silence. Quelques minutes plus tard, Claire proposa à Guiv d’aller dans un café. – Qu’est-ce qui ne te plaît pas dans cet endroit ? – Ici il n’y a rien à boire et j’ai envie d’une bière bien fraîche. Guiv, n’ayant pas son porte-monnaie sur lui, fouilla de ses doigts le fond de la poche de son pantalon en espérant trouver quelques euros mais ce fut peine perdue. Il se rappela les avoir dépensés pour déjeuner : – Claire, je n’ai pas d’argent sur moi. – Ne t’inquiète pas je t’invite. Allons-y. Guiv hésita un instant puis se décida. D’un côté, il n’aimait pas l’idée d’être invité par une inconnue mais, de
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l’autre, il se dit que boire une bière pourrait soulager son inquiétude. Claire jeta le reste de sa cigarette par terre et l’éteignit du bout de sa longue botte en cuir. Ils traversèrent la Seine en direction du boulevard Saint-Michel. Ils dépassèrent ensuite la librairie Gibert jeune, passèrent la fontaine Saint-Michel et se dirigèrent de l’autre côté du boulevard. « Pourquoi un parcours si long pour aller boire une bière ? » se demanda Guiv, mais il la suivit sans lui faire la remarque. Ils s’assirent l’un en face de l’autre à une table ronde sur le trottoir d’un restaurant et Claire commanda deux demis au serveur. Guiv vit pour la première fois Claire de face. Elle avait un visage doux, enfantin et gai, avec de grands yeux noirs. Ses cheveux étaient assez longs, noirs également et ramenés sur sa nuque en queue de cheval. La frange qui barrait son front bouclait à cause de l’humidité de l’air. Elle portait une veste en cuir noir sous laquelle on distinguait une chemise foncée à fleurs roses. Claire dit avec un air taquin : ? Est -ceTu n’es pas très aimable, qu’est-ce que tu as que tu as toujours cet air déprimé ? Tu as raison Claire, je ne suis pas dans mon assiette aujourd’hui. Ok… Au fait, tu ne m’as toujours pas dit comment tu t’appelles ni qui tu es. Je m’appelle Guiv, je suis d’origine iranienne mais j’ai grandi et passé la plupart de ma vie ici en France… Tu es satisfaite ? Claire le dévisagea attentivement et se dit qu’il ne ressemblait pas aux Iraniens qu’elle avait déjà vus à la télé.
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