Collé à la peau : Roman adulte
83 pages
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Description

À la fin des années 50, dans la petite ville canadienne de Spring Bay, Angèle étouffe. Un jour, son existence bascule lorsqu’un patient lui offre un poste d’infirmière dans une luxueuse résidence américaine. L’ambition et le désir d’échapper à son milieu modeste poussent la jeune femme à tout quitter pour l’extravagante et moderne Californie.
Mais les principes de son éducation traditionnelle sont tenaces et sèment le doute dans sa quête du bonheur. A-t-elle fait les bons choix? S’est-elle réalisée à travers ses succès, ou aurait-elle été plus heureuse auprès de sa famille et de son fiancé, dans sa ville natale?
Denise Ouellette, qui excelle à reconstituer la mentalité et la société de l’époque, nous présente un personnage en réflexion sur son parcours et son existence à différentes étapes de sa vie – sans pour autant négliger le rythme du récit.
L’œuvre d’Herman Melville, Moby Dick, son océan insondable et les multiples possibilités inhérentes en chacun de nous, transparait tout au long du livre. Les citations de cette œuvre accompagnent le personnage principal dans sa réflexion sur la vie et son sens, ses choix et sa quête du bonheur. Des thèmes universels auxquels l’auteure répond humblement à travers le parcours d’une vie – humainement imparfaite?
L’exil loin des siens et la reconstitution d’un foyer, le carriérisme, et le milieu infirmier sont également des thèmes présents dans ce roman.

Informations

Publié par
Date de parution 21 novembre 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782896113064
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

collé à la peau
du même auteur
Le diamant du Jood roman (2007)
Le golé roman (2002)
Quand j'aurai retrouvé mon fils roman (1998)
Bonjour Garde roman (1994)
Denise Ouellette-Berkhout
Collé à la peau
roman
PLAINES
L'auteure tient à remercier Les Éditions des Plaines, et tout particulièrement son éditrice, Brigitte Girardin, pour son attention au texte et ses conseils judicieux.
Tous droits réservés. © 2012 Denise Ouellette-Berkhout © Éditions des Plaines, 2012
Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous aucune forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, par photocopie, par enregistrement ou par quelque forme d'entreposage d'information ou système de recouvrement, sans la permission écrite de l'éditeur.
Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour leurs activités d'édition.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Ouellette, Denise, 1940- Collé à la peau [ressource électronique] / Denise Ouellette-Berkhout.
Monographie électronique en format PDF. Publ. aussi en format imprimé. ISBN 978-2-89611-306-4
I. Titre.
PS8579.U42C65 2012 C843'.54 C2012-905070-9
Dépôt légal, 2012 : Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque provinciale du Manitoba.
Éditions des Plaines C.P. 123 Saint-Boniface (Manitoba) Canada R2H 3B4 Tél.: 204 235 0078 • admin@plaines.mb.ca • www.plaines.ca
Photographie de la couverture: © konradlew/iStokphoto.com Maquette de couverture et mise en page: Gianni Caccia Édition: Brigitte Girardin • Publication: Joanne Therrien Révision: Pierrette Blais
Imprimé au Canada par Friesens Corporation.
Pour Hans
Le monde est un vaisseau dans un voyage sans retour 1 .
Herman Melville, Moby Dick
première partie
Angèle Lebrun
« Tout est vanité. » Tout 2 .
Herman Melville, Moby Dick
Un
« Tu es trop intelligente pour languir dans un tel village, Angel. Pense à ce que je viens de te proposer. »
Ce furent les paroles de Mr. Kelly, le baron du nickel, lorsqu'il a quitté l'hôpital où je travaille comme infirmière auxiliaire. Depuis, je suis obsédée par l'idée de quitter Spring Bay pour un monde meilleur. J'aspire à améliorer ma vie dans un milieu plus beau et plus cultivé que celui dans lequel je vivote. Tout me paraît laid, insignifiant ici. On dirait que la laideur me répugne. Ça me vient peut-être de mon prénom et de la réaction de maman à ma naissance. Elle me dit qu'elle s'est exclamée en me prenant dans ses bras pour la première fois :
— Elle a une belle p'tite face d'ange! Oublions Léopoldine (le nom de ma grand-mère paternelle), on va l'appeler Angèle.
Maman n'aurait pas dû me répéter si souvent que j'étais sa « belle quatrième ». Plus petite, je l'ai crue; adolescente, j'étais mal dans ma peau; et en atteignant la vingtaine, mon insatisfaction s'est précisée. Ma vie étroite s'est mise à me déplaire, mon apparence aussi. Mon nez trop aquilin, mes oreilles décollées que je tente de cacher sous ma chevelure épaisse, et mes seins minuscules.
Dans le fond, mon désir d'être plus attrayante est probablement une façade dissimulant la peur de finir comme ma mère et mes sœurs. Je n'ai jamais manqué d'intelligence et j'ai toujours bien réussi à l'école. Je veux m'épanouir, rencontrer des gens intéressants, étudier, apprendre. Ça n'arrivera pas si je reste au village.
Albert, mon fiancé, a beau me jurer qu'il me trouve plus que parfaite, je suis loin d'être convaincue. Papa prétend que l'orgueil qu'il voit en moi me vient de sa mère, celle dont j'ai failli porter le prénom. Mémère a vécu chez nous durant une douzaine d'années. Papa l'a aperçue un soir, juste avant qu'elle meure, assise dans la berceuse près du poêle. Ses yeux étaient fermés et elle grimaçait à droite et à gauche. Elle se mettait ensuite à sourire de manière exagérée. Il l'a observé refaire plusieurs fois les mêmes gestes avant de s'approcher d'elle. Elle a ouvert les yeux pour les baisser immédiatement, comme une enfant prise la main dans le pot à biscuits. Il lui a demandé si tout allait bien et elle lui a répondu qu'elle faisait ses exercices pour ne pas paraître trop laide dans son cercueil.
Je suis loin d'être aussi superficielle. Je veux tout simplement améliorer ma vie, me rendre à la limite de mes habiletés, ou le plus près possible.
Deux
On a de bons parents, mais ils se sont toujours contentés de peu. « Nés pour un p'tit pain », comme dit papa. Maman pense autrement. J'aime jaser avec elle quand le temps le permet, ce qui n'est pas bien souvent. Je sens qu'elle aurait aimé sortir plus tôt de la vie plate que les circonstances lui ont choisie. Avant de se marier, elle a été maîtresse d'école pendant un an. Elle adore la lecture, mais arrive rarement à ouvrir un livre. Mon père, lui, voulait devenir prêtre, mais sa famille n'avait pas les moyens. Il a été charpentier, employé des chemins de fer, maçon, bûcheron, boucher et boulanger pour mettre du pain sur la table et un toit modeste au-dessus de nos têtes.
Dans la chambre à coucher que je partage avec trois de mes sœurs, je m'assois souvent à la fenêtre donnant sur la cour arrière. La solitude est un luxe chez nous, et l'endroit m'a toujours servi de refuge. Je promène mon regard sur les pommetiers chétifs, les merisiers aux petits fruits noirs surets et le champ de patates qui nourrira la famille durant l'hiver.
L'hiver. Je frissonne en pensant à la saison blanche interminable. Un matin, l'année passée, j'ai regardé le ciel givré et j'ai senti que je n'en pouvais plus. Emmitouflée au point de pouvoir à peine bouger, je me suis plainte à ma mère avant de prendre la route de l'hôpital :
— J'suis assez tannée de ces grosses bottes laides et de ce manteau qui n'est jamais assez chaud!
Maman était surprise. Personne ne se plaint chez nous.
— Mon doux! Voyons, Angèle, c'est pas si pire que ça, ma p'tite fille.
Puis, elle a penché la tête en admettant, l'air un peu défait :
— C'est vrai que la Providence est loin de nous gâter.
Tout le long du chemin, j'ai rêvé de lancer dans la neige ma tuque, mes mitaines, mon manteau gris, mes bottes noires et mon foulard piquant pour les voir disparaître à tout jamais.
Avant d'écarter le mince rideau servant de porte entre notre chambre et l'espace longeant l'escalier où couchent les garçons, mon regard s'arrête une fois de plus sur un coin éloigné du jardin. Les vieux lilas avec leurs grappes mauves desséchées me rappellent que je vis dans un bien triste paysage.
Les commérages des gens du village, rapportés par mes frères et sœurs, me reviennent à l'esprit :
— Elle court à sa perte.
— Une petite fille qui a toujours été à sa place, une bonne garde-malade…
— Fiancée depuis une éternité avec Albert Laplante, ce beau grand gars fin, honnête et bon, toujours prêt à rendre service, qui deviendra sûrement gérant de la quincaillerie un de ces jours.
— Elle en veut trop. P'tite folle!
— On sait jamais avec le monde. Elle avait toujours l'air si douce, fine, souriante, obéissante…
— Elle décide, du jour au lendemain, de tout jeter à l'eau!
— Ça n'a pas de bon sens!
Moi, je sais que, d'une certaine façon, c'est l'offre de Mr. Kelly qui a tout changé. Ça m'a aidé à préciser le malaise qui me chicote. Depuis longtemps, j'en veux à mon fiancé trop aimable, à ma famille trop pauvre, à mon village trop ordinaire, à mon nom, même. Lebrun. C'est aussi fade que Laplante! Les noms anglophones, eux, font toujours plus d'effet : Johnson, Armstrong, Price. Albert a souligné que, partageant les mêmes initiales, elles ne changeront pas en l'épousant. Voilà un autre détail plat de ma vie à venir. Albert et Angèle Laplante. Angèle et Albert. Monsieur et madame Albert Laplante. La femme d'Albert. Je ne veux pas lui faire de peine, c'est un bon gars. À ma fami

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