CONTES DES JUIFS DE TUNISIE
225 pages
Français

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CONTES DES JUIFS DE TUNISIE , livre ebook

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Description

La conteuse raconte les manigances des jnoun (djinns) et d’autres œubbeyta, esprits malins qui rôdent autour des humains et n’hésitent pas à leur jouer de mauvais tours. Mais cet univers perdrait beaucoup de sa richesse sans ses rabbins miraculeux  ; et surtout sans le petit rusé Ch’hâ, ou Djoha, le roi de l’absurde, personnage mythique des deux bords de la Méditerranée, tour à tour odieux et attachant, stupide ou finaud, honnête ou voleur, sincère ou menteur selon les circonstances, qui, à lui tout seul, est la quintessence de l’humour juif.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782373800203
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mariée est trop grande La fête battait son plein. La mariée se tenait, immobile… comme une mariée. Assise sur son trône élevé, parée, fardée, attifée comme une poupée, tellement chargée de robes et de bijoux que tout mouve-ment lui est difficile, la mariée attend. C'est une belle et grande femme…un peu trop grande peut-être. Enfin vient le moment de se retirer et d'aller dans la nouvelle mai-son avec son mari. Le cortège arrive devant la porte de la nouvelle demeure, mais ô stupeur, la mariée est bien trop grande ! Impossible de lui faire passer la porte ! Ou alors, c'est la porte de la maison qui est trop basse ! Comment résoudre ce problème ? Chacun y va de son conseil : – Il faut démolir le linteau de la porte ! – Il faut couper la tête de la mariée ! – Non, lui couper les jambes ! On s'échauffe, on s'énerve, la mariée pleure et re-pleure. À ce moment passe Ch'ha. Il observe la scène. Et puis il s'avance et brusquement, il donne un coup sur la nuque de la pauvre fille qui baisse la tête et est projetée en avant. Elle passe ainsi la porte ! C'est le délire ! Les youyous reprennent ! On porte Ch'ha en triomphe !... Quand on ne trouve pas une solution simple à un problème simple on dit : – La porte de la maison est trop basse et la mariée est trop grande.
ISBN 9782910272517
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Aux origines du monde Tunisie Contes des Juifs de Tunisie
Aux origines du monde Flies France
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Aux origines du monde Contes des Juifs de Tunisie
réunis par Sonia Koskas
Illustrations de Susanne Strassmann
Flies France
Collection dirigée par Galina Kabakova
Relecture : Anna Stroeva
Conception graphique de la collection: Susanne Strassmann
© Flies France, 2007 ISBN 978-2-910272-51-7
Je dédie ce livre à mon fils, Camille qui fut mon premier auditeur.
Je remercie mes informateurs Dolly Stioui, Alain Hadjadj, et mon père Marcel Koskas pour leurs histoires, ainsi que André Nahum pour avoir accepté de préfacer ce livre et pour ses corrections et ses conseils, Maurice Delaistier pour son attentive relecture, Galina Kabakova pour son enthousiasme, ainsi que Nora Aceval pour m’avoir mise en contact avec Galina.
Préface
Il était une fois... Cela commence comme un conte, mais ce n’est pas un conte. Oui, il était une fois des Juifs en Tunisie. Ils vivaient dans ce pays de-puis des temps immémoriaux, arrivés peut-être avec les Phéniciens qui fondèrent Carthage. D’autres ont été amenés comme esclaves de-puis la Judée par les Romains après qu’ils eurent détruit le Temple de Jérusalem. Ils connurent la domination de Byzance, puis des Vandales. Ils virent arriver les cavaliers arabes et prirent part aux rudes combats que leur op-posèrent les Berbères sous la conduite de leur reine, la célèbre Kahena, que l’on dit elle-même juive.
Ils participèrent à la splendeur de Kairouan sous les princes Aghlabites puis les califes Fatimides. Ils virent débarquer les Normands dont on se demande ce qu’ils venaient faire entre la Sicile et l’Ifriqiya. Ce fut ensuite une période espagnole lorsque Charles-Quint réali-sa enfin son obsession d’occuper Tunis. Puis la Tunisie devint unvyaletde l’im- (province) mense Empire turc. En 1881, les Français arri-vèrent et imposèrent au Bey leur protectorat. Ils amenaient avec eux leur langue et leur culture dont les juifs ont largement profité. Pour les Juifs Tunisiens qui vivaient jusque-là dans la condition dedhimmis, citoyens de deu-
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xième zone, protégés par l’Islam moyennant le paiement d’un impôt spécifique, lajazya, ainsi qu’un certain nombre de limitations et pas mal d’humiliations, la période française fut incon-testablement l’une des plus heureuse, sinon la plus heureuse de leur histoire. À la veille de l’indépendance, près de 150.000 Juifs vivaient en Tunisie et il n’y avait pas de ville ou de vil-lage qui ne possédait sa synagogue. Il en reste aujourd’hui moins de deux mille. Les autres se sont dispersés à travers le monde, surtout en France et en Israël. Leur langue, le judéo-arabe, un mélange d’arabe, d’hébreu, avec des em-prunts à l’italien, l’espagnol et le français a pra-tiquement disparu. Il faut remercier Sonia Koskas d’avoir par cet ouvrage contribué à conserver une partie de leur folklore. Avec elle on retrouve la foi profonde qui les animait, leurs coutumes et aussi leurs superstitions. On retrouve lesjnoun(djinns) ou lutins qui tenaient une si grande place dans leur vie. Ces djinns omniprésents étaient, croyait-on, ca-pables de tout le bien comme de tout le mal et il fallait absolument s’assurer leurs bonnes grâces au moyen d’encens, d’offrandes de fruits secs et de séances d’exorcisme dont l’ori-gine vient du fond de l’Afrique. Les musiciens spécialisés dans ce genre de cérémonie se dé-plaçaient à trois dans les rues de Tunis. L’un jouait de la cornemuse ou du biniou, le deu-xième tapait sur un tambour et le troisième agi-tait des cymbales. On les hélait depuis les balcons et les fenêtres et moyennant quelques
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francs, ils animaient unstambali (la fête ac-compagnée de la musique par les Gnaoua, ori-ginaires de Guinée), au cours duquel, dans les lourdes fumées de l’encens, les femmes dan-saient jusqu’à la syncope pour extirper le dé-mon qui était en elles. Pas un djinn ne pouvait leur résister. Et après leur départ, on pouvait être certain que tous avaient été ramenés à la raison. Tunis-la-juive, c’était aussi les rabbins miraculeux dont on invoquait la mémoire à lon-gueur de journée pour leur demander d’inter -céder auprès de Dieu. Les pèlerinages à Testour sur la tombe de Rebbi Fragi Chaouat, El Seyed (« le seigneur »), un rabbin illustre venu d’Es-pagne au dix-septième siècle ou à El Hamma, petit village de la région de Gabès au mausolée de Rebbi Youssef El Maarabi. Mais comment parler du folklore tunisien sans évoquer les facéties et les bourdes de Ch’hâ, ou Djoha, le roi de l’absurde, person-nage mythique des deux bords de la Méditerranée, tour à tour odieux et attachant, stupide ou finaud, honnête ou voleur, sincère ou menteur selon les circonstances. Il y avait beaucoup plus de pauvres, très pauvres, que de bourgeois ou de riches parmi cette commu-nauté, mais tous partageaient la même joie de vivre, le même optimisme et Charles Aznavour a bien raison quand il chante : « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ». Ils avaient aussi en commun les séquelles de leur long passé d’opprimés : la peur, la honte, la crainte du péché qui restreignaient énormé-
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ment leur dynamisme et les empêchaient de s’épanouir comme ils le firent après l’exil. C’est pourquoi l’évasion leur était indispensable vers le merveilleux, le conte, la légende qui leur fai-saient oublier les difficultés de leur condition dans les ruelles sordides de la Hara, leur quar -tier d’origine aujourd’hui détruit, inondé de soleil et de poussière à la saison chaude, trans-formé en bourbier à la moindre pluie. C’est aussi à cette Hara, haut lieu de la foi, si bien décrite par Paul Sebag que Sonia Koskas a vou-lu rendre hommage, sur les traces de Vehel et de Ryvel, deux enseignants de l’école de l’Al-liance israélite qui furent au début du ving-tième siècle les tout premiers à la faire vivre dans leurs livres. Aujourd’hui, c’est seulement dans les livres et dans les mémoires qu’elle existe encore.
André Nahum Écrivain, chroniqueur à Radio Judaïques FM (Paris)
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