Contes et mythes de Birmanie
225 pages
Français

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Contes et mythes de Birmanie , livre ebook

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Description

L’imagination débordante des conteurs birmans ne manque pas de nous fasciner : ainsi, nous apprenons avec stupéfaction que les lianes se transforment avec allegresse en arc-en-ciel ou encore qu’une marmite de soupe peut poursuivre un pauvre bonhomme en exigeant qu’il la mange ou encore que les Chinoises ont des petits pieds parce qu’une certaine Mademoiselle Crocodile a un jour survolé leur pays.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782373800081
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La leçon donnée au corbeau
Le corbeau fait roi, devint de plus en plus insup-portable et prétentieux. Les oiseaux ne toléraient plus sa morgue. L’un d’entre eux dit : – Votre Altesse corbillarde ! Il est connu de tous que vous avez des plumes admirables. Donnez-nous au moins une plume à chacun. Nous en ferons une greffe, afin d’améliorer notre plumage. Le corbeau se rengorgea affreusement et dit : – Tu parles d’or. En ma grande sollicitude, je vous accorderai des plumes afin que vous opériez des greffes. Et le corbeau, sur ces bonnes paroles, entreprit de s’arracher des plumes, les offrant en présent à ses sujets. Le corbeau ne tarda pas à se trouver nu. Il ne put éviter de devenir la risée de ses sujets. Ceux-ci s’envolèrent dans un brûlis de forêt, en rappor-tèrent des cendres, dont ils oignirent le corbeau de patte en bec. Couvert de suie noire et de honte, le corbeau ne savait où se mettre. C’est depuis ce temps-là que les corbeaux ont le plumage noir com-me charbon.
L’auteur de ces traductions, Maurice Coyaud, di-recteur de recherche au CNRS, a publié quatre an-thologies bilingues de poésies (thaï, japonaise, chi-noise, coréenne) et cinquante autres ouvrages.
ISBN 2-910272-13-3
20 euros
Aux origines du monde Contes et Birmanie mythes de Birmanie
Aux origines du monde Flies France
Du même auteur : Aux éditions P.A.F. (Pour l’analyse du folklore) Fêtes au Japon, Haiku, 1978 Contes, devinettes et proverbes du Japon, 1984 L’ambiguïté en japonais écrit, 1985 Adieux au Japon (roman), 1988 Adieux à la Chine (contes, calligraphies, poésies), 1989 Grammaire du japonais standard, et textes de Kyushu, 1989 Faune et flore dans la poésie russe, 1991 Poésies et contes du Japon, 1993 Graphies et phonies, tome 1, 1995 ; tome 2, 1997 Les langues dans le monde chinois, tome 1, 1987 ; tome 2, 1992 ; tome 3, 1994 Poésie thaï, bilingue, 1997 Poésie coréenne, bilingue, 1998 Théâtre chinois des Yuan, 1998 Vietnam, anthologie, 1998 Véga et Altaïr (essais), 1999 En collaboration avec Jin-Mieung Li (aux P.A.F.) : Contes populaires de Corée, 1978 Aubergines magiques (contes érotiques et légendes de Corée), 1980 e Initiation au coréen (écrit et parlé)édition, 1990, 2 Erables rougis (poésie sijo et contes de Corée), 1982 Contes et légendes de Corée, 1990 Chez d’autres éditeurs : Etudes sur le lexique japonais de l’histoire naturelle et de la biologie, P.U.F., 1974 Fourmis sans ombre : le livre du haiku, Phébus, 1978 L’empire du regard : mille ans de peinture japonaise,Phébus, 1981 Tigre et kaki (contes coréens), Gallimard, 1995 Tanka, haiku, renga, le triangle magique (anthologie bilingue de poé-sie japonaise), Belles Lettres, 1996 Anthologie bilingue de la poésie classique chinoise, Belles Lettres, 1997 Contes et légendes du Japon, Flies France, 1999 Contes des peuples de la Chine, Flies France, 2000
Aux origines du monde Contes et mythes de Birmanie
et d’autres États du Myanmar Textes réunis et traduits par Maurice Coyaud
Illustrations de Susanne Strassmann
Flies France
Collection dirigée par Galina Kabakova
Déjà parus :
Contes et légendes de France
Contes et légendes d’Ukraine
Contes et légendes du Japon
Contes des peuples de la Chine
Contes et légendes de Flandre
Contes et légendes de Centre-Asie
Contes et récits des Mayas
Contes et légendes du Maroc
Relecture : Anna Stroeva
© Flies France, Paris, 2002 ISBN 2-910272-13-3
Avant-propos
Le Myanmar est le nouveau nom, depuis une vingtaine d’années, de la fédération d’États gouvernée sous la houlette fort rude de l’État birman. Les Birmans vivent dans les plaines. Les autres États sont peuplés d’ethnies vivant surtout dans les montagnes, à l’ouest par les Chin et les Arakanais (à la frontière avec l’Inde), au nord, par les Kachin (à la frontière chinoise), à l’est par les Shan (peuple de langue thaï, proche du thaï du nord), au sud, par les Mon (peuple de langue mon-khmer) et les Karen (parlant une langue apparentée à la famille ti-béto-birmane). L’ensemble des contes kachin forme un tout homogène. Même si leur interprétation me reste un mystère, je trouve que ce délire imaginatif a un charme fascinant. Avec un côté qui peut pa-raître surréaliste : ainsi, le voyage de Mademoi-selle Crocodile en Chine, aux conséquences im-prévisibles : « Voilà pourquoi les Chinoises ont des petits pieds ! » Me plaisent la finesse de l’observation et la recherche d’explications plus ou moins vrai-semblables ou farfelues à des phénomènes na-turels. Comment expliquer le fait que les yeux des faisans (conte II-13) sont entourés d’une peau rouge ? C’est qu’ils se sont frotté très rude-ment les yeux après que ceux-ci aient été piqués par la balle d’une céréale vannée, que le vent leur avait projeté, tout cela à cause d’un malen-contreux écureuil. Les Kachin, qui vivent au nord de la Fédéra-tion birmane, et les Jingpo, qui vivent au Yun-nan, en Chine, ne forment qu’un seul peuple, parlant la même langue, le chin (prononcer
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tchinne), une langue à tons. Le missionnaire français Charles Gilhodes (né en France en 1870, et mort en 1945 à Mandalay) a récolté de nombreux contes et mythes auprès des Kachin e au début du XX siècle. Deux articles ont d’a-bord paru, dans la revueAnthropos, en 1908 et 1909. Une première édition en anglais, d’après ses notes rédigées en français, a paru en 1922, The Kachin, Religion and customs, Calcutta, Orphan Catholic Press. Une seconde édition en anglais a paru en 1996 à Bangkok, White Lotus, bourrée de coquilles et erreurs diverses. Les ter-mes chin (noms propres, et communs) étaient notés sans leurs tons. L’informateur principal de Gilhodes était unjaiwa, sorte de prêtre-barde de la religion ani-miste locale. On verra que lesnat « esprits », comme en Birmanie (où ils sont, dit-on, trente-sept) jouent un rôle considérable dans la société kachin. C’est le roi Anawratha (1044-1077), qui e fixa, soi-disant, au XII siècle, le nombre officiel desnatbirmans à trente-sept, afin de contenir un culte que le bouddhisme n’avait pas réussi à éliminer. En réalité, on trouve dans cette liste desnat ayant vécu ultérieurement, même au e XVII siècle, ce qui affaiblit quelque peu le com-put du roi Anawratha ! On trouve également, dans ces contes et mythes, lespiouphyi« fan-tômes » connus dans la tradition shan, lao et thaï. Mais, selon Yves Rodrigue*, auteur de beaux films (CNRS) sur les séances de posses-sion par desnat, « lesnattrès différents sont
*Rodrigue, Yves,Nat-pwe, Burma’s supernatural subculture, Strachan, Kiscadale, 1992. Voir aussi Bernot, Denise, « Les nat de Birmanie »,Sources orientales, Paris, Seuil, 1971, p. 297-340, et la thèse de Brac de la Perrière, Bénédicte,Les rituels de possessi-on en Birmanie, observations sur les médiumsnat-kadaw et les nat-pwede trois jours, Paris, CNRS, 1990.
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desphidu Laos ou du Cambodge ». Sur les Kachin, on peut lire deux livres publiés à Rangoon : Hanson, Olaf,The Kachin : their cus-toms and traditions,1913,etCarrapiet W.J.S., The Kachin Tribes of Burma,1929. Avec le livre de Gilhodes, ces ouvrages servi-rent de documentation de base à Edmund Leach, pour son livre célèbre de 1954Political Systems of Highland Burma. La transcription par Gilhodes des termes kachin, langue à trois tons, était très défectueuse. Le lexique de Han-son ne note pas plus les tons que le livre de Gil-hodes. On note les trois tons par deux chiffres situés en exposant après la syllabe : ton haut 55, ton descendant bas 31 et ton moyen 33. Nous avons tenté ici, en nous aidant du diction-naire jingpo-chinois,Jinghpo Miwa ga ginsi chyum, publié à Pékin en 1983, de préciser, dans la mesure où les correspondants jingpo étaient repérables, la transcription correcte des termes cités ici, avec l’indication des tons. Comme les notes de Gilhodes étaient rédigées en français, et qu’il a dû les traduire en anglais pour publier son livre à Calcutta, nous n’avons eu aucune difficulté à retraduire en français son anglais approximatif. Le présent recueil ne reprend qu’environ un tiers du livre de Gil-hodes, le reste de son livre concernant les insti-tutions et la culture matérielle. Nous n’avons repris que les mythes et légendes ou contes. Nous ne tentons pas ici d’analyse ethnologique ou religieuse de ces textes. On peut consulter à ce propos un article publié en 1953 par le père Marc Jordan sur « L’animisme des Chin » (Bulle-tin des Missions étrangères). Dans une annexe, je tente de résumer la cosmographie des Birmans d’après les indica-tions du missionnaire italien Vincenzo Sanger-
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mano, relatées en 1833 (première édition) et dans la troisième édition du livreThe burmese empire a hundred years ago, Westminster, 1893 (réimprimé dansBibliotheca orientalis, Bang-kok, White orchid, 1995). Le bouddhisme, vu par les informateurs de Sangermano, est quel-que peu rapetissé, témoin ce passage : « Go-dama, qui était un simple citoyen de Zabudiba, avec trente-deux personnes d’un certain village, avait accompli de bonnes actions, comme ba-layer les rues ». Mais il est intarissable sur les nat. Le dictionnaire de Judson,Burmese-Eng-lish dictionary, Rangoon, 1853, donne de pré-cieuses indications sur ces mythes. De l’ensem-ble des contes de Birmanie, rassemblés par Ludu U Hla (Mandalay, 41 vol.) les éditions Nauka de Moscou ont tiré une anthologie assez compacte, mais dont les notes ne permettent pas au lecteur de comprendre exactement les détails folkloriques. Nous avons cependant tiré de cet ouvrage quelques contes birmans, karen et intha... Les Intha vivent sur les bords du lac Inle, et sont célèbres pour mouvoir leurs bar-ques en pagayant avec une jambe.
Astres, ciel, terre
1. Ningkong forge la terre
À peine né, Ningkong se démena pour ren-dre le monde habitable. Il réunit en une seule masse les trois cieux et les terres. Il les divisa par le milieu d’un seul coup du grand coutelas panang kauka. Il plaça le ciel en haut et la terre en bas. Il soutint le ciel à l’aide de quatre gran-des colonnes, à savoir Punbang Manjawn, Kaba Dawkong, Mu Madi Kabran, et Ka Madi Tokang. Alors, il mit la terre dans un cylindre (punkrong) et la fit bouillir dans un grand chaudron (Ma au) pour un bain de vapeur. Il versa ensuite. Alors, il saisit enclume, marteau, pinces, et, avec ses trois frères, il forgea la terre. Mauda Lana portait l’arbalète et les balles. Il marchait en tête comme porte-torche. Ningyiu Lawa était chargé des aliments, et cuisinait. Mauda Lan-gut conduisait le cheval, tenant le rôle de pale-frenier. Mauda Lana tira du côté gauche avec son arbalète, puis à droite. Les balles qu’il envoyait produisirent les montagnes. En partant du mi-lieu de la terre (Ka-ang ka), que lejaiwanarra-
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