Damki, neige sous les tropiques
213 pages
Français

Damki, neige sous les tropiques , livre ebook

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213 pages
Français

Description

Haruhiko, jeune médecin japonais, quitte son Tohoku natal pour exercer dans un pays du Sud afin d'y "aider les pauvres". Il se retrouve au contact d'improbables descendants de Japonais perpétuant des usages ancestraux et qui l'enrôlent dans un environnement mystérieux qu'il met du temps à décrypter. Ce "polar" sans policier déroule son action dans un pays imaginaire qui ressemble à une île indonnésienne, mais qui aurait des montagnes enneigées au-dessus de ses forêts pluviales. Mais que signifient le réel et le vraisemblable dans la cosmogonie bouddhiste ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2017
Nombre de lectures 11
EAN13 9782140053207
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EtsukoHOURCADEMURAKAMI
Damki, neige sous les tropiques
Japon
L’étonnante découverte d’un médecin japonais dans la jungle
Roman
Damki, neige sous les tropiques
Lettres asiatiques Collection fondée par Maguy Albet Déjà parus PHAN Patricia,Adieu à l’innocence, 2016. VO THI TRANG,Le prince du Mékong, 2014. BACH MAI,Rivages du Mékong, 2012.VO THI TRANG,Les maîtres de la cité pourpre, 2012. MA MA Lay, Adaptation Jean-Claude Augé,Thway, Le Sang, 2011. GUAN Jian,La clé de mes songes, 2011. VO THI TRANG,Entre les neuf bouches du dragon, 2010. TU TRI Jean,L'ombre du passé, 2010. BALAIZE Claude,Saigon ! Regard d’éternité…, 2010. PREMCHAMD,La Marche vers la liberté, trad. du hindi par Fernand OUELLET, 2008. LIYANARATNE Jinadasa,Les esclaves et autres nouvelles, 2007. TRAN Thi Hao,La jeune fille et la guerre, 2007. PREMCHAND,Godan. Le don d’une vache, 2006. HOURCADE Etsuko,Adieu Capitaine Kamimura, 2001. KIM Sok Bom,La mort du corbeau,2000. LARROCHE Christine de,Rencontres en Corée, 1999. POOPUT Wanee, D'HONT Annick,Le Bodhisattva Mahosot l'Intelligent, 1999. PREMCHAND,Délivrance, 1999. RIGAUDIS Marc,Japon, mépris... passion...,1998. SINGHASENI Anchalee,Bangkok - Rennes.Le chemin d’une vie, 1997. VOISSET Georges,Histoire du genre pantoun, 1997. PREMCHAND, Lettres asiatiques, trad. du hindi par Fernand Ouellet, 1996. WICKRAMA SINGHE Martin,Virogaya. Le non-attachement, trad. du cinghalais par M. Pannawansa, 1995. JOURNAL-GYAW MA MA LAY,La Mal-Aimée,trad. du birman par J.-C. Augé et Kh. L. Myint, 1994. PHAN HUY DUONG,Un amour métèque, 1994.
Etsuko HOURCADEMURAKAMI
Damki, neige sous les tropiquesL’étonnante découverte d’un médecin japonais dans la jungle Roman
Du même auteur, chez L’Harmattan
Adieu capitaine Kamimura(anagramme du patronyme de l’auteur), roman mettant en scène une jeune Japonaise, fille d’un ancien officier de l’armée impériale, partie à travers le monde à la recherche de son identité, 2001.© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12877-1 EAN : 9782343128771
En arrivant dans ce port du sud du Japon, pays de ses ancêtres, Yossa fut accueilli par une tempête rose pâle de fleurs de cerisiers. Les pétales dansaient dans l’air avec finesse et légèreté, avant de retomber à la surface de l’eau et de recouvrir les rues et les toits des maisons. Ils avaient exactement la beauté que Yossa avait imaginée et qu’il espérait voir depuis si longtemps. Il attendit la tombée de la nuit pour aller chez le maître. C’était une mission secrète. Dès le coucher du so-leil, la neige remplaça les pétales et apporta le froid. Maître, ça fait longtemps ! Comment vas-tu ?  — Bien, maître. Il neige.  — C'est la première fois que tu vois la neige, n'est-ce pas ?  — Oui, maître. Pareil pour les fleurs de cerisiers C'est la première fois.  — C'est dommage, si tu étais arrivé il y a trois jours, c'était encore plus beau. Tu m’attends ici. Je vais te montrer le trésor. L’homme, grand et beau avec sa moustache blanche, disparut et réapparut avec un bébé. Il poursuivit : — Voilà ma petite-fille, qui vient de naître. Il neigeait quand elle est née. Je l’ai nommée Yuki, la neige. La neige en avril, c’est rare. Elle aura une rare beauté et un destin exceptionnel. — Maître, je croyais qu’il s’agissait d’un garçon. — Un garçon ? Oui, ce n’est pas elle que tu dois mettre dans le bateau. C’est un garçon de cinq ans. Sa mère l’emmènera dans le jardin tout à l’heure. Bois d’abord du saké pour te réchauffer le corps.
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Quand Yossa sortit de la chambre du maître, il neigeait toujours. — Aujourd’hui, j’ai vu deux choses pour la première fois, la neige et les fleurs de cerisiers. La neige est encore plus belle que les fleurs, il me semble. Mais, si j’avais vu les fleurs sur les cerisiers… Un petit garçon l’attendait debout tout seul dans le jardin. — Il est beau et il a l’air intelligent, ce pauvre petit, pensa Yossa.  — Bonsoir, mon petit bonhomme, je m’appelle Yossa. Toi, comment tu t’appelles ? — Monji. — On y va, Monji ? Tu as dit au revoir à ta maman ? — Oui. — Tu sais où nous allons ? — Oui, maman m’a expliqué. Un pays lointain pour que je devienne fort. — Oui, mon petit bonhomme, aie du courage ! Chacun naît avec son propre destin. Sous les rayons d'un croissant de lune, les petits flocons de neige continuaient à voltiger, comme le coton que Yossa cultivait dans son pays d'adoption, loin là-bas, recouvrant tout doucement les traces de pas.
6
La mer, rouge au lever du soleil, ressemblait à un incendie. — Quelle horreur ! La voix de Natsuko était étouffée par les larmes. Moi-même je n’arrivais plus à parler, fixant la mer pour éviter, derrière nous, le spectacle des décombres de mon pays détruit. Je hurlais dans mon cœur. — Tu nous as abandonné ! poursuivit ma sœur. Méchant frère ! Pendant ton absence, notre pays a été détruit… Le tsunami a avalé tout le monde ! Katsuhiko, Naoko-san, Yu-chan, Toki-chan ! Tout le monde ! On entendait les vagues frapper la plage. Elles ondulaient, rouges. Je ne sus que répondre. — Pardon… dis-je. Nous restâmes un moment silencieux. La mer, lentement, virait du rouge au bleu profond. — Ça a du te faire bizarre, de ne plus reconnaître ni ta maison ni la clinique, poursuivit Natsuko un peu plus calmement. Mon frère Haru… Cela fait trois ans maintenant que mère est morte… En fin de compte, c’est tant mieux qu’elle soit morte avant ce drame. Elle disait souvent « Père et Haruhiko aimaient la mer ». Juste avant sa mort, elle a commencé à dire qu’elle s’en allait « chez Papa et Haru ». A ta place, Haru, c’est Katsu qu’elle a rencontré. — Je suis désolé. Quand je suis parti la dernière fois, je pensais revenir vite. — Tetsuya m’a dit que tu étais parti à la recherche de Yuki-san. Tu l’aimais ? — Ce n’est pas la question… On m’avait demandé de m’occuper d’elle…
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— Mon frère, pourquoi être parti pour cette île, aussitôt après l’internat ? Tout le monde t’attendait pour travailler chez le Docteur. Mère, bien-sûr, le Docteur et sa femme. Sanaé s’est mariée avec un autre homme, mais ce n’était pas une raison pour nous abandonner tous. — Je suis désolé. Mais à l’époque… Oui, j’étais trop jeune pour réfléchir à tout cela. On entendait le cri des hommes venus ramasser les débris sur la plage. Je voulais les aider à nettoyer la plage, mais ma blessure à la jambe rendait cela impossible. Natsuko et moi, nous éloignâmes du bruit et prîmes le chemin qui longeait la plage. En regardant l’horizon, je pensai à l’île de Yuki qui me hantait toujours.
8
J’étaissurlepetitpontenbétoncouvertdesablequejesentaisdansmeschaussures.Proximitédelamer. Au-delàduparapet,ungrandsoleilsedétachaitsurl’horizon.Penchéssurl’eau,desgenss’efforçaientdecrierquelquechose.Puis,onapercevait,encontrebas,desdizainesd’hommes,dansl’eaujusqu’auxgenoux,quiessayaientfurieusementd’attraperdespoissonsavecleursmains.Ilsavaienttousl’aird’enfantscandidesjouantavecl’eau.Lespassantsquejecroisaistenaientdansleurmain,toussansexception,laqueued’unpoissonenformedelosangedontladiagonalefaisaitaumoinstrentecentimètres.Jemesentaisétrangeràcettescèneparcequej'étaisleseul ànepastenircepoissongrotesqueàlamain,etqu’enplusj'étaisenpantalons,danscepaysleshommessonthabillésd’unesortedejupenouéeautourdelataille. Docteur !Docteur !C’étaitunvieux,assissurunepierreauboutdupontquim’appelait.Luiaussi,ilavaitsonmonstresurlesgenoux.Ilsortitunobjetdesonpanieretmeletendit. Puisilensortitunautreetsemitàlemangercommepourmemontrerl’exemple.C’étaitungâteauderizcouvertdenoixdecocorâpéeetsoigneusementenveloppédansunefeuilledebananier.Cemélangedenoixdecocoetdesucredepalmem'étaitnouveauetsavoureux.Jedismerciauvieuxdanslalanguedupays.C’étaitundesraresmotsquejeconnaissais.Levieuxsouriaitdesesdentsblanches.Illuimanquaitlesdeuxdentsdedevant. Cependant,cesouriremelibérademasolitude.Jen’avaisjamaisautantregrettédenepassavoircommuniquerdanslalanguelocale.J'auraisvoululuidemanderlenomdecepoissonbizarreetlaraisondesonabondancemais,jene
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