Dans les bras de la musique
102 pages
Français

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Dans les bras de la musique , livre ebook

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Description

Et hop! Voilà un wolfgang Mozart de 17 ans, joyeux ou angoissé, serein ou agité en pleine création comme nous le montre Dans les bras de la musique avec tous les Salzbourgeois, sous la neige...ŠL'aimerez-vous, lui qui voulait tant être aimé?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 20
EAN13 9782296472693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANS LES BRAS DE LA MUSIQUE
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56658-3
EAN : 9782296566583

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Jocelyne Zacharezuk


DANS LES BRAS DE LA MUSIQUE


L’Harmattan
La bêtise domine le monde


Wolfgang Amadeus Mozart
À Pierre Rosenberg

Merci pour les tableaux
Petit matin glacé de décembre. Le ciel était blanc sur la cité frileuse. Comme d’habitude, les mouettes piaillaient et c’était rassurant.
Au loin, les collines douces, la multitude de sapins, les mines de sel et les lacs sombres. Un profond silence régnait partout.
Il avait longé les quais de la Salzach, voie commerciale e l’or blanc : le sel. Les quatre ponts au-dessus de l’eau tumultueuse. Tout au long de la rue en pente s’étageaient les façades colorées, joyeuses et amusantes des maison jaune tournesol, vert olive et rouge amarante.
Le jeune homme se sentait léger. Libre. De bonne humeur. Aussi léger que les flocons de neige qui tourbillonnaient autour de lui.
Ses lèvres étaient gercées. Ses mains rougies par le froid. La fièvre faisait briller ses yeux.
L’horloge au-dessus du porche de l’église était arrêtée à midi. Les deux aiguilles, la grosse et la petite, s’étaient rejointes. Il pirouetta sur lui-même et dit à voix haute comme pour défier l’hiver glacé : « il est midi ou peut-être minuit pour longtemps ! l’heure de manger, de dormir ou de composer »
Cette idée l’enchanta comme l’enchantaient les fleurs de givre. Il était au prélude de sa vie. tantôt avec de l’inquiétude et tantôt de la joie.
Il aimait les blagues incongrues. Il éclata d’un bref rire juvénile et ramassa un peu de neige. Malgré sa fièvre, tel un enfant déraisonnable, il s’en barbouilla les joues. La neige glacée brûla ses paumes.
Tout en marchant avec précaution sur les pavés humides et boueux, il songea qu’après être passé chez l’apothicaire, il faudrait qu’il aille acheter des bougies et des cahiers pour ses prochains travaux.
Il affectionnait ces petits cahiers reliés en cuir, à six portées par page qu’il achetait toujours dans une boutique à l’enseigne cliquetante.
Il lui fallait aussi un flacon d’encre noire. Pour un autre habit, on verrait plus tard. Le barbier, la blanchisseuse : encore des dépenses.
Elles étaient indispensables. Il faut avoir une garde-robe soignée quand on travaille pour une cour, même petite comme celle du prince archevêque Hiéronymus Colloredo, amateur éclairé de Voltaire et de Rousseau.
Son père se fâcherait sûrement puis, il oublierait.
Il marmonna quelques mots contre lui. Il l’obligeait à étudier le contrepoint. Il lui reprochait de trop jouer du violon. » Tout voir, tout entendre, tout retenir » telle était sa devise qu’il lui avait apprise dès l’enfance sur les routes d’Europe. Il eut un sourire plein de profondeur.
Sa mère était plus tendre. Elle répétait souvent : « Le bon Dieu t’aime quand tu chantes… et chanter, c’est prier deux fois. »
La danse virevoltante des flocons qui tombaient de plus en plus rapidement lui ramenèrent en mémoire le début de l’air de la promenade musicale en traîneau avec cinq carillons écrite par son auguste père.
La neige silencieuse, toute pure, tombait sur les rues et les places de Salzburg. Sur sa perruque. Sur son habit foncé. Sur son manteau. Le jabot de sa chemise blanche était de travers. Ses bas avaient des traces de boue. Les talons et les boucles de ses chaussures aussi.
Il jurait à qui mieux mieux contre le froid glacial et le vent furieux au moment où un lourd carrosse noir tiré par quatre magnifiques chevaux blancs traversait la place.
Le grincement des roues emplit le silence. Le carrosse ralentit en passant près de la fontaine ornée de tritons.
Ce carrosse inconnu dans le petit matin avait quelque chose de solennel et de funèbre à la fois. Appartenait-il aux gens de l’archevêque ? Cet homme si élégant, poudré et frisé, si pointilleux sur le protocole et qui voulait imposer à tous son seul goût.
Il en avait les moyens et l’autorité. Le jeune homme qui devait se plier
Pour cent cinquante florins par mois à cette tutelle de fer comme un simple valet, se prit à le détester une fois de plus. Il se sentait harcelé.
C’était sa bête noire.
Il avait envie avec une frénésie proche de la rage que son archevêque tout puissant, perde de sa superbe, ait la gorge irritée, la tête enflammée à sa place. Il prenait un réel plaisir à humilier ses serviteurs.
Wolfgang Amadeus Mozart rêvait aux occupants de l’impressionnant carrosse lorsqu’un passant très élégamment vêtu lui demanda entre deux rafales de vent, le chemin de la place du Dom.
La place ornée d’une colonne dédiée à la Sainte Vierge. À moins que ce ne fût à saint Rupert de Worms tenant une salière.
Sans doute… sans doute… vous y êtes presque dit-il en touchant le bord de son chapeau pour faire assaut de politesse.
Wolfgang rit.
Comment vous ne le savez pas ? Écoutez les oiseaux gazouiller !
L’inconnu recula de trois pas, effrayé par l’autorité surprenante qui émanait du jeune musicien qui le trouvait nigaud et balourd.
Je suis un provincial. J’habite Sankt Polken.
Où donc ?
Pas très loin de Wiener Stadt.
Ils échangèrent quelques phrases banales sur la dureté de la saison. Le provincial semblait content de tout.
Mozart, Dieu soit loué, n’était pas un contempteur du monde, il voulait aider ses semblables. Il enleva vivement la neige qui couvrait son manteau avant de lui demander à brûle-pourpoint :
Quel est le serpent de la Cabbale qui vole dans les airs avec une fourmi tranquillement entre ses dents ?
L’étranger, déconcerté, mit les mains contre ses joues pour les réchauffer et répondit :
J’avoue mon ignorance.
Wolfgang fit alors force gestes énervés.
Sot… triple buse… Vous n’aimez pas mes devinettes ?
Le provincial n’en croyait pas ses oreilles.
Je ne trouve jamais la solution à ce genre de jeux.
Mais encore…
L’inconnu lui murmura quelques mots à l’oreille. Wolfgang sourit finement et étendit le bras vers les recoins de la place.
Allez pisser là-bas !
Le provincial grimaça.
Non. Non. C’est plus sérieux.
À voix basse, se tenant le ventre, il demanda à Wolfgang de monter dans sa maison pour se soulager.
Impossible ! Pas maintenant… Je suis pressé moi aussi, monsieur, je…
Wolfgang n’acheva pas sa phrase. Il se mit à rire. Un rire tonique. Libérateur. Irrésistible. Il retrouvait son enfance innocente quand il ne savait rien du mal.
C’était très amusant ces histoires d’intestin dérangé. Jamais depuis le jour de Pâques passé avec sa cousine, l’impertinente Maria Anna, il n’avait autant ri. Cet étranger allait lui porter bonheur…
Cette conversation inattendue le ravissait. Il oubliait son existence laborieuse.
Qu’ai-je donc dit de si comique ? Je souffre, monsieur, dit l’étranger blessé par les éclats de rire de Wolfgang.
Le jeune musicien savourait toujours le moment où il allait vider ses entrailles. Il aimait en parler sans vergogne avant d’aller se soulager. Le dire redoublait son contentement.
Possédé par la joie, il courut se rouler dans la neige fraîche au grand étonnement du provincial qui lui tendit la main pour l’aider à se relever.
Mozart se moquait éperdument de l’effet que sa conduite avait produit. Sur l’inconnu. Entre deux hoquets d’un rire qui ne s’apaisait pas, il lui conseilla l’auberge la plus proche. Il le remercia pour ce plaisir imprévu
qu’il lui avait donné d’une façon si innocente.
Ils se saluèrent avec cérémonie sur les pavés gluants et enneigés.
Le provincial s’éloigna en courant, serrant contre lui les pans de son habit vert. Wolfgang lui cria :
Vous serez de bien meilleure humeur après !
La neige saupoudrait les pavés inégaux. Elle donnait des contours inhabituels à la rue. Par plaques irrégulières, elle s’était accrochée aux troncs des arbres. Wolfgang grelottait.
Il se pencha pour contempler et admirer de fines traces de pattes d’oiseaux. Émouvantes petites fourches bient

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