Des papillons aux ailes de feu
88 pages
Français

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Des papillons aux ailes de feu , livre ebook

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88 pages
Français

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Description

Un homme et une femme se rencontrent. L'amour est pour eux révélation et libération. Ce roman offre au lecteur le miroir irradiant d'un amour immédiat et magnifique. Il y a là une voix, de la pudeur. Le style simple, concis, cristallise cette densité où l'amour est combustion, fil de feu. Au delà du récit, ce livre est un dialogue que l'auteur poursuit avec des auteurs qu'elle aime.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 65
EAN13 9782296807327
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des papillons aux ailes de feu
Isabelle Colmez
 
 
D es papillons
aux ailes de feu
 
 
ROMAN
 
 
L’Harmattan
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-54762-9
EAN : 9782296547629
 
Pour mon amie Danièle Arner
dont le souvenir m’a accompagnée
tout le long de l’écriture de ce livre.
 
Une rencontre, c’est quelque chose de décisif,
une porte, une fracture, un instant qui
marque le temps et crée un avant et un après.
 
E ric- E mmanuel SCHMITT
1 Quand la sagesse se pêche à la ligne
 
À la pêche à la ligne, tu vois les eaux se fondre
Avec le ciel, qu'anime l'envol d'une colombe,
Et dans cet arc-en-ciel, que l'instant crée sur l'onde,
Tu glisses une voyelle, pour y relier les mondes .
 
D anicool
I l se produit parfois, dans l’existence, une rencontre d’une telle intensité qu’elle infléchit la vie entière.
C’est hier seulement que j’ai remarqué, pour la première fois, ta silhouette d’adolescente, au bord du grand bassin. Tu observais, légèrement en retrait, debout et immobile, un pêcheur assis au bord de l’eau. Je me suis discrètement posé sur le banc le plus proche. J’ai observé et j’ai écouté.
Le pêcheur était un vieil homme d’origine asiatique. De tout son être émanaient une sagesse et une sérénité qui permettaient au temps d’être temps. Ses gestes étaient étudiés et effectués avec une attention soutenue, comme s’ils participaient au mouvement du monde et suivaient une chorégraphie séculaire. Entre le ciel et la terre, entre l’eau et l’air, il était ce point de rencontre des éléments où tout ne fait plus qu’un. Il semblait être lui-même devenu la ligne qu’il avait lancée.
Toi, tu étais en jean-baskets, les cheveux relevés. Ton corps était bandé, entièrement tendu vers ce pêcheur. Ton regard intense ne le quittait pas un seul instant. Tes lèvres serrées se relevaient à intervalles réguliers en un sourire extatique. C’était comme si tout ton être participait à cette pêche à la ligne et vivait, lui aussi, ce qui se jouait dans ce temps suspendu, où l’attente est respiration, dans ce face-à-face silencieux avec soi-même, dans cette appartenance sensible, vibrante au monde naturel.
Cela a duré longtemps.
Loin de l’agitation et des bruits du monde, je sentais mon être se pacifier. Plus de place pour les peurs et les angoisses vécues dans le quotidien. J’avais le sentiment d’exister, dans un ici et maintenant ré-enchantés. Réconcilié avec la vie, je me sentais bien, tout simplement.
Soudain la ligne s’est mise à bouger et le pêcheur, sans impatience, avec des gestes lents qui révélaient toute la maîtrise qu’il avait de lui-même et du temps, a commencé à ramener sa prise vers le bord du bassin. Elle ne se laissait pas faire : elle imprimait à la ligne de violentes tensions. Le pêcheur évitait tout geste impulsif qui aurait pu briser le fil. Après un long moment, un énorme poisson est apparu, tiré hors de l’eau et très vite mis dans un filet. C’était une carpe centenaire.
Il a délicatement décroché l’hameçon et t’a fait signe d’approcher. Il t’a tendu un appareil et t’a priée de le prendre en photo avec son trophée qu’il a saisi de ses mains vigoureuses.
La carpe tressautait et ouvrait désespérément ses branchies.
— Qu’est-ce que vous allez faire de la carpe ? lui as-tu demandé, inquiète.
— Je vais la remettre à l’eau. Cela t’a rassurée.
Dès que la photo a été prise, la carpe a bien été remise à l’eau, délicatement.
Tu es retournée vers le pêcheur et votre échange s’est poursuivi.
— Si vous remettez les poissons à l’eau, alors pourquoi pêchez-vous ?
Il a fermé les yeux quelques instants, son visage était concentré. Puis il t’a répondu longuement.
S’il pêchait, c’était pour vivre un rendez-vous avec lui-même et avec la nature, dans une solitude qui n’est pas isolement, dans la patience de cette double attente : que le poisson morde à l’appât et qu’il parvienne à le ramener jusqu’a lui sans que la ligne se brise. La pêche était l’occasion pour lui de mettre en pratique une sagesse du temps qui lui vient de ses ancêtres. À la pêche, le temps n’est plus course effrénée, mais pause et maîtrise, dans un espace où le ciel et la terre se mirent l’un dans l’autre.
Tu avais l’air satisfaite de cette réponse. Tu as hoché la tête en signe d’approbation. Tu es restée encore quelques secondes, pensive. Puis, tu as salué et remercié le pêcheur pour cette leçon de vie et tu t’es remise en route.
J’ai aimé la façon dont tu as su remercier ce pêcheur et ce que signifiait ce remerciement. Il voulait dire que toi aussi, comme moi, tu avais vécu une expérience particulière.
Notre premier partage a donc été celui d’un regard, d’une contemplation commune du spectacle parfois si intense de la vie. Et, en cet instant, j’ai pu voir ton vrai visage.
Hier, je n’ai osé ni t’aborder ni te suivre. Je suis rentré chez moi. Tu habitais mes pensées. Je me suis promis d’essayer de te retrouver.
Tu me confirmeras, plus tard, que je ne m’étais pas trompé. Pour toi la pêche, même dans la seule contemplation, est une expérience de vie, un apprentissage de la sagesse. La patience du pêcheur t’apprend qu’il faut du temps pour être. Le pêcheur est, pour toi, un peu comme ce sage, qui lance au monde ses pourquoi et qui attend, avec patience, de réussir à « pêcher » une réponse, pour ensuite accepter de restituer cette réponse au monde, en la transformant en nouvelle question. Car une réponse devient fausse dès lors qu’on s’en contente. Et entre la question et la réponse s’expérimente le déploiement du temps.
2 Quand le geste se fait caresse
 
Si tu ne sais pas quoi faire de tes
mains, transforme-les en caresses.
 
J acques SALOMÉ
L a nuit dernière, je n’ai pas pu dormir. Je m’en voulais de ma timidité. J’aurais dû aller vers toi. J’aurais dû oser te parler. J’aurais dû te confier l’émotion que j’avais ressentie, devant le spectacle partagé de cette partie de pêche, qui m’a d’emblée lié à toi d’une étrange façon.
Aussi, aujourd’hui, dès huit heures, me suis-je précipité au parc. J’avais un manuscrit à terminer, mais tant pis. Samantha et Fuego pouvaient attendre. Mon éditeur aussi.
Je me suis retrouvé au bord du canal, au même endroit que la veille. Le pêcheur était déjà là. Mais aucune trace de toi. J’ai demandé au pêcheur s’il t’avait vue. Il m’a dit que tu ne venais généralement pas avant dix heures.
Je ne suis pas rentré chez moi. J’étais incapable de faire quoi que ce soit, si ce n’est t’attendre et te guetter. Je me suis assis. Mon regard suivait distraitement le vol sonore des mouettes qui planaient et tourbillonnaient dans l’air, au-dessus du canal. Dans la contemplation de ce ballet, entre le ciel et l’eau, je me préparais à ta venue et à notre rencontre.
Tu étais devenue le poisson que je voulais à tout prix pêcher. Et, pour cela, j’avais tout mon temps. La leçon du pêcheur était encore fraîche en moi. J’étais prêt à revenir t’attendre ainsi, chaque jour, entre immobilité et espoir.
Tu es apparue un peu avant dix heures. Un bref salut au pêcheur. Tu ne t’es pas attardée.
Je ne t’ai pas tout de suite abordée, de peur que tu ne t’enfuies. Je me suis contenté de te suivre, en laissant une distance raisonnable entre nous, pour ne pas risquer de t’effrayer. Le fil qui me reliait à toi était le fil de nos pas.
Tu t’es dirigée vers les cerisiers du Japon. Nous étions en avril et ils étaient en fleurs. Dans le parterre odorant, une femme &#

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