Echo du corail perdu
172 pages
Français

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Echo du corail perdu , livre ebook

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172 pages
Français

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Description

Un jour, Marie Verneducci découvre que la bague, au corail verdoyant, legs de sa mère, est devenue une pierre noire et morte. Le récit prend l'allure d'un suspense écologique aux résonances philosophiques. Le flux et le reflux de ce premier roman dévoile le sens réel de la fiction : une intrigue parodique et virulente sur l'état du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 239
EAN13 9782296927513
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel Cohen éditeur
www.editionsorizons.com

Littératures, une collection dirigée par Daniel Cohen

Littératures est une collection ouverte, tout entière, à l’écrire , quelle qu’en soit la forme : roman, récit, nouvelles, autofiction, journal ; démarche éditoriale aussi vieille que l’édition elle-même. S’il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d’avoir eu le goût des genres qui lui ont rallié un large public, il reste que, prescripteurs ici, concepteurs de la forme romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un degré critique, asséché le vivier des talents.

L’approche de Littératures , chez Orizons, est simple – il eût été vain de l’indiquer en d’autres temps : publier des auteurs que leur force personnelle, leur attachement aux formes multiples du littéraire, ont conduits au désir de faire partager leur expérience intérieure. Du texte dépouillé à l’écrit porté par le souffle de l’aventure mentale et physique, nous vénérons, entre tous les critères supposant déterminer l’œuvre littéraire, le style. Flaubert écrivant : « J’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le vrai » ; plus tard, le philosophe Alain professant : « c’est toujours le goût qui éclaire le jugement », ils savaient avoir raison contre nos dépérissements. Nous en faisons notre credo. D. C.


ISBN 978-2-296-08728-6
© Orizons, Paris, 2009

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
L’ÉCHO DU CORAIL PERDU
DANS LA MÊME COLLECTION


Farid A DAFER, Jugement dernier, 2008
Jean-Pierre B ARBIER- J ARDET, Et Cætera , 2009
Bertrand du C HAMBON, Loin de V ā r ā nas ī , 2008
Monique Lise C OHEN, Le parchemin du désir, 2009
Maurice C OUTURIER, Ziama
Odette D AVID, Le Maître-Mot, 2008
Jacqueline D E C LERCQ, Le Dit d’Ariane, 2008
Toufic E L- K HOURY, Beyrouth pantomime, 2008
Maurice E LIA, Dernier tango à Beyrouth , 2008
Pierre F RÉHA, La conquête de l’oued, 2008
Gérard G ANTET, Les hauts cris , 2008
Gérard G LATT, Une poupée dans un fauteuil, 2008
Gérard G LATT, L’Impasse Héloïse , 2009
Charles G UERRIN, La cérémonie des aveux, 2009
Henri H EINEMANN, L’Éternité pliée, Journal, édition intégrale.
Gérard L APLACE, La Pierre à boire , 2008
Gérard M ANSUY, Le Merveilleux, 2009
Lucette M ouline, Faux et usage de faux, 2009
Anne M OUNIC, Quand on a marché plusieurs années…, 2008
Enza P ALAMARA, Rassembler les traits épars, 2008
Béatrix U LYSSE, L’écho du corail perdu, 2009
A NTOINE DE V IAL, Debout près de la mer , 2009


Nos autres collections : Profils d’un classique, Cardinales, Domaine littéraire se corrèlent au substrat littéraire. Les autres, Philosophie – La main d’Athéna, Homosexualités et même Témoins , ne peuvent pas y être étrangères. Voir notre site (décliné en page 2 de cet ouvrage).
BÉATRIX ULYSSE


L’écho du corail perdu
PROLOGUE
A u pied d’une montagne, le pin parasol s’affolait, le soleil agressait méchamment son aspect ; avec constance, il continuait de grandir.
Partout les arbres de Méditerranée se révoltaient contre le joug de ce roi diurne.
Seul, derrière un arbousier, l’arbre de corail jaillis – sait avec impudeur.
Comment se faisait-il que ce corail ait pu coloniser la terre verte ?
Comment se faisait-il que le maquis tout entier ne le rejetât pas ?
Comment se faisait-il que le passant ne le martyrisât pas ?
Comment se faisait-il que ses fluettes branches s’élançassent avec tant de grâce ?


Qui peut me dire d’où vient ce mystère ?


Un promeneur attentif a su dévoiler cette énigme. Venu des temps futurs, il a entendu les battements immémoriaux de son cœur.
Même au soir de la désolation, quand la pluie de l’espace s’est abattue le long de la montagne, quand l’homme a pulvérisé ses molécules nucléaires sur la menthe sauvage, quand le cosmos a insulté les pentes douces des monts de la Corse, quand la faux de l’apocalypse a pointé son fer, le corail inondait d’une lumière rosée les matins de ce quartier céleste.
Des passants négligents, il y a pourtant quelques centaines d’années, avaient vu un défilé singulier se répandre au milieu du torrent. Ils n’y prêtèrent guère d’attention. Peut-être était-ce mieux ainsi.


À quel cérémonial se livraient-ils, tous ces gens bizarres ?


Une éponge à la main, un récipient rempli d’eau douce, ils s’empressaient autour de l’arbre.
Était-ce le rituel d’une secte ?
Assurément non car les villageois s’étaient dépêchés d’enquêter sur ces hordes pacifiques.
Chaque année, chaque siècle, les mêmes gestes se perpétuaient avec la même précision.
Le père, le fils, la fille, la nièce et les autres se relayaient pour assainir de ses impuretés l’arbre de corail.
Les bergers se souvenaient de la première visite. C’était un jeune homme, brun, nous étions en 2006, et la mer au fond de l’horizon renvoyait à cet arbre sa fraîcheur insoumise.
Placé près d’un torrent, d’un moulin, le corail bénéficiait de cette enceinte naturelle pour préserver l’éclat de son reflet.
Il semblait que le pied du corail fut plus large ; comme une aorte, il plongeait dans l’humus ses multiples veines enluminées de soleil.
Une année, un journaliste en vacances dans le village voisin s’était enflammé en surprenant la colonne des personnes se hissant vers le lieu. Il avait décidé d’écrire un article pour son journal. Mais la place était si préservée que la sentinelle veillait et, sans user de violence, bien au contraire, le dissuada de rédiger son papier.
Elle lui conta l’histoire de ce corail, tous les cœurs tremblant au regard de cette splendeur.
Et l’homme qui n’était pas un mauvais bougre se rallia à la règle.
Personne ne se risqua à violer la quiétude du corail trônant en terre humide.
Des jeunes enfants du village s’aventuraient souvent autour de ses courbes colorées sans jamais tenter de les toucher.
Une tradition muette, noble, se poursuivait dans la chaleur de ce site.
Mais la simplicité des gestes effectués près du corail démentit leurs prétentions.
Et la filiation anonyme des nettoyeurs de l’arbre se continua dans le couloir du temps.
Comme un don de vie, le corps de l’arbre souriait parmi la végétation luxuriante de cette terre haute.
La Corse sublime a enroulé dans son manteau imaginaire de beauté ces branches légères, leur épargnant la dureté des saisons, la décrépitude d’une vieillesse imméritée ; triomphante dans son enthousiasme inné, elle a soulevé son voile d’indicible et le souvenir de la mer a emprunté le sentier qui murmure en coulée douce l’écho des fonds.
La nature insulaire a fait un rêve, parcourir ses monts et ses plaines d’un écho merveilleux : la mer et la terre se sont unies pour l’éternité.
Des hommes et des femmes de toutes les générations ont construit cette histoire, pour ériger une citadelle de splendeur contre les tempêtes du néant cosmique.
Laissons à présent se découvrir un fragment de cette longue aventure humaine.
La terre appartient à l’habitant conscient, gare aux trous noirs.
Le vide guette l’insouciant, alors écoutons l’écho enchanteur : il a le regard d’un corail.
Portrait d’une découverte
E lle avançait dans le soleil silencieux de la chaussée chaude du Cours Grandval, riche d’une lumière vermillon cintrant son index droit : le corail avait la douceur du don reçu.
Personne ne pouvait imaginer l’origine de cette pierre. Pourtant, dans la pénombre de cette fin de jour, Marie glissait le long de la rue avec désinvolture, charmeuse : « Voici, ma fille, pour te récompenser des longues années passées dans l’austère tristesse des attentes de vie. »
Sa mère lui avait offert cette petite bague qui semblait si commune au regard de chacun mais qui pour elle avait la rondeur de la beauté merveilleuse du cadeau de l’être aimé, non pas parce qu’elle était sa génitrice mais plutôt en raison de sa grande bonté et de sa forte intelligence.
Ce présent concluait une alliance, celle d’une femme qui toute sa vie avait peiné dans le labeur et qui dans un laps de temps ultime avait réussi à convertir l’effort par un geste, conjuration de toutes les misères d’une quotidienneté déroulée dans la torpeur des jours : « Souviens-toi, ma fille, au-del

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