Embûches
130 pages
Français
130 pages
Français

Description

Zia et Nouka vivaient paisiblement dans leur village avec leur unique fils, Poty. Mais Nouka tombe malade et toutes les médecines de la communautés, fétichuers et guérisseurs restent sans effet. Zia décide alors de sauver la vie de sa bien-aimée en l'évacuant vers le plus grand centre hospitalier du pays. C'est un véritable voyage initiatique qui commence.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782336334714
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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TOLA Tiégnon Gabriel
EMBÛCHES Roman
EMBÛCHES
© L’Harmattan, 20145-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29331-8 EAN : 9782336293318
TOLATiegnon Gabriel EMBÛCHES Roman
-I-Le soleil venait de disparaître, laissant à l’horizon une énorme couche rosâtre dont la clarté semblait voler la vedette aux rayons de l’astre. Zia, en compagnie de son fils, donnait encore quelques coups de machette à l’immense forêt étendue devant lui. Il ne semblait pas se préoccuper de la nuit qui tombait, tant les efforts déployés et les coups tombaient dru sur cette forêt sauvage. D’ailleurs, la fraîcheur des premiers moments de la nuit tombante devait être complice de la volonté de l’homme qui s’acharnait davantage sur sa besogne… Le fils, tout harassé et assis sur un monticule de terre, regardait paresseusement le va- et- vient du coupe-coupe de son brave père. Il trouvait la journée interminable et sa mine semblait dire à son géniteur de mettre un terme à son supplice. Comme par solidarité à son fils, on entendit des hou- hou- hou de Nouka qui appelait les travailleurs. De sa main gauche, Zia s’essuya le visage et prit la direction de la hutte où son épouse les attendait. Nous sommes en début de saison sèche qui marque le démarrage des travaux champêtres. C’est la période où laforêt est sollicitée. De grandes portions sont défrichées et brûlées pour les prochaines semailles dès que les premières pluies tomberont. Zia, suivi de son fils, entrèrent tous deux dans la case de fortune où Nouka attisait le feu pour chasser l’obscurité qui s’installait. Dehors, la lune toute ronde relayait le soleil qui avait disparu. Zia et son fils s’assirent sur des troncs d’arbre faisant office de tabourets. Nouka déposa devant eux une cuvette pleine de riz qu’accompagnait une sauce fumante. Poty se chargea d’arroser le riz avec la sauce sous le regard intéressé de son père. Les deux mangèrent pendant que Nouka curait le fond des marmites qui ont servi à la
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cuisson de la nourriture. Le repas achevé, ils prirent la route pour le village. Il y a vingt- cinq ans que Zia et Nouka unissaient leur destin. Cela ne fut pas facile pour l’homme qui, pendant les cinq ans que durèrent les fiançailles, dut travailler dans les champs pour sa belle famille. Mais, en brave homme, Zia s'est montré à la hauteur des tâches à lui imposées, en échange de Nouka. Ces travaux étaient pour la famille de Nouka un test à l'endroit de Zia. Car chez nous, le paresseux ou le vaurien trouve difficilement une compagne. On sonde même l’entourage du futur gendre sur les capacités physiques de celui-ci et de son ascendance. Travailleur infatigable, Zia fut un bel exemple. Nouka et ses parents furent convaincus par le courage du prétendant. De leur union naquit Poty, l’unique fils. Les parents de Zia qui n’appréciaient pas cette sécheresse abdominale de leur bru, invitaient le père de Poty à la pratique de la polygamie. Parfois, l’interpellation prenait l’allure de véritables menaces. Nouka absorba tous les breuvages pour fertiliser son ventre mais rien n’y fit. Poussée par les railleries, elle dut se réfugier dans son village un moment ; mais Zia lui fut solidaire et la ramena. Ce couple paisible fut longtemps la risée de la communauté villageoise avant d’être oublié, car dans notre société, la femme est une machine à faire des enfants. C’est ainsi que la polygamie était vénérée. Nouka y encouragea Zia mais celui-ci rejetait toujours la proposition, prétextant son amour pour elle. - Si tu m’aimes vraiment, prends-toi une seconde épouse qui sera capable de te faire plusieurs enfants, alors les gens me laisseront en paix, disait souvent Nouka à Zia. Ce propos était toujours accompagné de reniflements et de larmes.
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- Nous aurons des enfants comme les étoiles dans le ciel, aimait répliquer Zia. - Quand et comment ? s’interrogeait Nouka, qui dans l’énervement écrasait parfois avec l’index des larmes qui trottaient sur ses joues. Le problème d’enfant a longtemps été au centre de la vie du couple. Mais chaque fois, Zia concluait ses propos par cette expression : ´ notre fils Poty nous vengera´. Ils arrivèrent au village sous la clarté de la lune. Déjà, plusieurs familles avaient partagé le repas du soir. Des bandes joyeuses d’enfants se formaient, qui pour des jeux, qui pour des danses sur la grande place du village afin de jouir des bienfaits de la lumière naturelle offerte gracieusement par la lune. Des appels, des cris, des sons de tam-tams envahirent Kuidjé, le village. On aurait pensé à un carnaval tant la cacophonie était indescriptible. L’ambiance avait l’allure d’une fête populaire. Tous les soirs et pendant les périodes lunaires, l’atmosphère était surchauffée, elle l’était davantage pendant les moments de récolte et de traite, c’est-à-dire la vente des produits agricoles : le café et le cacao. La récolte du riz s’étendait sur le dernier trimestre de l’année. Partout, dans tous les villages de la région, les mortiers ne connaissaient plus de répit. Dès les premiers chants des coqs jusqu’à la tombée de la nuit, les pilons tombaient lourdement dans des mortiers parfois mal façonnés ou que de longues années d’existence avaient marqués, offrant l’aspect des roches aux prises avec des eaux. Les pileuses, par bandes d’âge, occupaient des espaces, surtout à la lisière du village. Les moments de décorticage semblaient être ceux de vives concurrences entre les groupes de femmes. De vieilles femmes aux seins flasques laissaient échapper un bruit lorsque ceux-ci retombaient sur leur poitrine froissée par le poids des ans. Les efforts qu’elles fournissaient pour blanchir la céréale
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