Entre Poésie et Philosophie : l oeuvre de Christian Bobin
154 pages
Français

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Entre Poésie et Philosophie : l'oeuvre de Christian Bobin , livre ebook

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Description

Cet ouvrage interroge la posture de Christian Bobin, auteur singulier, entre poète, ermite et philosophe, tout autant que ses pratiques d'écriture. Le choix de Christian Bobin, c'est le minimal, le moindre, le pauvre : son écriture élimine le superflu et se réalise dans l'essentiel, l'humilité, la concision. Il semble que Bobin veuille attirer notre attention sur le vrai, l'essentiel, le profond. Son oeuvre est une quête de vérité et d'authenticité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2015
Nombre de lectures 48
EAN13 9782336393032
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4ème de couverture
Approches littéraires : Collection dirigée par Maguy Albet
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Jean-Philippe PETTINOTTO, À Marguerite Duras : L’écriture comme un fleuve asiatique, Représentation narrative de la vie familiale dans les œuvres de l’auteur , 2015.
Petra KUBÍNYIOVÁ, À la recherche de l’identité dans l’œuvre de Frédérick Tristan , 2015.
Ramona MIELUSEL, Langue, espace et (re) composition identitaire dans les œuvres de Mehdi Charef, Tony Gatlif et Farid Boudjellal , 2015.
Rafik DARRAGI, Hédi Bouraoui. La parole autre. L’homme et l’œuvre , 2015.
Youssef ABOUALI, Yasmina Khadra ou la recherche de la vérite, 2013.
Zohir EL MOSTAFA, Hommages à Driss Chraibi, 2013.
Mokhtar ATALLAH, Études littéraires algériennes , 2012.
Sous la direction de Mokhtar ATALLAH , Le Culte du Moi dans la littérature francophone, 2012.
CALISTO, Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l’écriture de soi, 2012.
Florence CHARRIER, Le Procès de l’excès chez Queneau et Bataille , 2012.
Mansour DRAME, Poésie de la négritude , 2012.
Mamadou Abdoulaye LY, La Théâtralité dans les romans d’André Malraux , 2012.
Dominique VAL-ZIENTA, Les Misérables , l’Évangile selon “saint Hugo” ?, 2012.
Yannick TORLINI, Ghérasim Luca, le poète de la voix , 2011. Camille DAMÉGO-MANDEU, Le verbe et le discours politique dans Un fusil dans la main, un poème dans la poche d’Emmanuel Dongala , 2011.
Agnès AGUER, L’avocat dans la littérature de l’Ancien Régime, 2011.
Christian SCHOENAERS , Écriture et quête de soi chez Fatou Diome, Aïssatou Diamanka-Besland, Aminata Zaaria, 2011.
Titre


Claire Carlut






Entre Poésie et Philosophie :
L’œuvre de Christian Bobin
Copyright

























© L’H ARMATTAN , 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-74314-1
Citation


Une science subtile de l’égarement illuminera les plus humbles choses.
André Dhôtel, Rhétorique fabuleuse .
Introduction
Qu’est-ce que l’essentiel ? Le vital, le fondamental ? Ce qui est indispensable ? Ce qui est d’une grande importance ? Une notion subjective, car chacun conçoit ses propres fondamentaux.
L’essentiel, ici, désignera une notion opposée au superficiel. Or, le potentiel de l’essentiel se dévoile à celui qui sait voir les choses, qui, comme le penseur et le philosophe, lève le voile de son regard pour apprécier et comprendre le vrai de ce qui nous entoure. Le fil conducteur de cet essai tient dans cette affirmation posée par le sage renard, destinée au Petit Prince : « Voici mon secret. Il est simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. 1 » Les enfants, eux, tout naturellement voient avec le cœur. L’essentiel, ils le perçoivent clairement. Le poète, quand il met sa plume au service de son cœur, non de son intellect et de son savoir, partage cette capacité à voir les choses dans leur essence, avec un peu de candeur, mais sans trop de naïveté.
Comme André Dhôtel, Christian Bobin est un écrivain et poète qui souligne par l’intermédiaire de ses écrits, sa différence, une humilité et une simplicité à toute épreuve, à l’antithèse des écrivains populaires et médiatisés de notre époque. Né au Creusot en 1951, c’est un poète retiré, et quasiment cloîtré dans sa ville natale, ayant besoin pour vivre et pour écrire d’une démarche solitaire et monacale, étrangère aux écoles à la mode…
En effet, il n’appartient à aucune tradition littéraire, à aucun mouvement poétique, il se défie des théories, des systèmes de pensées trop construits, il veut rester fidèle à son choix de vie et à ses refus. Il revendique son immobilité, sa solitude, simplement grâce à quelques livres, lettres offertes à qui voudra.
Lucide sur l’étonnement voire l’agacement que provoque sa foi en la vie, il reconnaît ne pas être indifférent aux critiques : « Je me souviens encore d’un article paru dans Le Monde sur La plus que vive , titré Bobin, le sucre et les petits oiseaux , où j’étais présenté comme un niais – mais ce serrement de cœur ne survit pas la journée. » 2 Il est vrai, nous le verrons par la suite, que lorsqu’on consulte les articles de certains critiques, la présentation qui est faite de l’auteur et de ses textes n’est pas des plus indulgentes.
Choix littéraire ou affectif, Bobin a fait de l’humilité et de la pauvreté sa ligne de conduite. La vie pour lui est simple par essence : il y a celle que l’on ne vit pas et qui masque la vraie vie, celle qui échappe. Il y a donc deux postures possibles, deux existences bien différentes : celles des adultes, des hommes débordant de culture et de suffisance, et l’autre, celle vécue par les êtres les plus sages, les plus humbles, les enfants, les saints ou les mères. Or, ces trois groupes sont au cœur des textes de Bobin.
Sa foi en l’inutile, en l’acte gratuit le conduit à faire des choix esthétiques et à opter pour l’innocence et l’abandon au rêve plutôt qu’au profit.
Autour de la question du potentiel poétique de l’essentiel, il est intéressant d’interroger l’œuvre de Christian Bobin, à travers trois grandes orientations. La première questionne la richesse de la simplicité, du minimal : la matière poétique de Bobin, c’est la simplicité déroutante, magique. Comme le moine franciscain, ou le sage bouddhiste, Bobin cultive l’art du peu, l’art du moindre.
Nous verrons de quelles manières les critiques littéraires, passionnés de complexité et de modernité, ont accueilli l’œuvre du poète, et la place qu’ils lui ont réservée.
Bobin n’est ni romancier, ni poète d’avant-garde : c’est un écrivain intimiste, habité par une vision poétique de la vie. Son œuvre est de nature confidentielle, comme s’il nous parlait d’âme à âme. 3 En effet, une des particularités de Bobin, c’est la connivence qu’il entretient avec son lecteur, un lecteur sans cesse interpellé ; il est le destinataire des confidences et confessions du poète. Car Christian Bobin ne se cache pas derrière le masque du narrateur : c’est le « je » de l’auteur qui parle. Les indices biographiques qui débordent de chacun de ses ouvrages se mêlent sans mal à une certaine dimension philosophique et éthique des textes. Ces lettres offertes, ces textes, décrivent un ethos en lien avec les actions de la vie quotidienne, simple ; le contenu de son discours s’ancre généralement dans la vie ordinaire, qui est celle de l’écrivain lui-même.
Ses phrases sont parfois une envolée de métaphores, parfois une réflexion, un questionnement profond, comme l’indiquent les nombreuses maximes qui animent les écrits de Bobin : par l’écriture, il développe sa propre méditation, qu’il partage avec le lecteur.
Ensuite, nous nous pencherons sur l’adéquation totale entre fond et forme dans les écrits de Bobin. L’écrivain est toujours loin de la banalité des sentiers battus de l’écriture : il se méfie de toute poésie mécaniste et facile ; pour lui, la littérature n’est pas seulement un divertissement, mais un engagement, par la parole donnée. Lire des textes de Christian Bobin, c’est être en face d’une poésie insatiable d’authenticité, de justesse, une poésie appelée au sacerdoce d’une inspiration, à la fois intuitive et travaillée.
Le choix de Bobin, qu’il soit dans sa vie ou dans son écriture, c’est le minimal, le pauvre, ce qui n’exclue la densité, la richesse : la poésie si singulière de Bobin élimine le superflu et se réalise dans l’essentiel, l’humilité et la concision. Les mots deviennent de l’air. La fulgurance se lie à l’économie des mots. Bobin restitue sa pauvreté originelle à la parole, d’où son regard d’enfant sur le monde. Il exalte le langage commun à tous, aux enfants, aux parents, et se refuse d’écrire des phrases alambiquées et maniérées. L’écriture de Bobin est au service de ses aptitudes ; il souhaite bouleverser notre façon de voir, et dans un même mouvement, empoigner notre imagination pour l’obliger à observer la sincérité de ce qui nous entoure.
Comme toute poésie ouverte sur le monde, ouverte à l’universel, celle de Christian Bobin nous parle de l’essentiel, de l’amour et de la mort, de la nuit et de la lumière, du désir et de l’absence, de l’abîme et du ciel. Peut-être le lecteur a-t-il perdu le goût et le sens de l’essentiel, pris par les rythmes d’une vie ax

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