Figure-toi un danseur de corde
258 pages
Français

Figure-toi un danseur de corde , livre ebook

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258 pages
Français

Description

« Je n'ai jamais su être ici et maintenant. Il me fallait une urgence pour vivre le présent, sans quoi l'avenir et passé semblaient toujours plus beaux… Il me fallait une catastrophe, je l'ai eue ». Nina a trente ans, et sur l'épaule un gros oiseau de malheur accroché de toutes ses griffes. Nina a trente ans et ne sait plus si la suite de l'histoire vaut la peine d'être vécue. Alors elle remonte lentement le cours de son passé depuis l'enfance en écrivant à Max, l'ami d'autrefois, pour comprendre, réapprendre, pour guérir et pour rire.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336396262
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PatriciaAPICELLA
Figuretoi un danseur de corde Roman
/ Littérature
Rue des Écoles
FIGURE-TOIUN DANSEUR DE CORDE
Rue des Écoles Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus De Montmollin (Danièle), Mocumbi (Adelina),Mozambique, destins croisés d’une femme et d’un pays, récit, 2015. Leroux (Martial),Devant, derrière, roman, 2015. Pannequin (Martine),Églantine, roman, 2015. Demirdjian (Véronique),Une voix si douce,récit, 2015. Le Goaziou (Véronique),Les nuages à nos pieds, roman, 2015. Daubercies (Claude),Les histoires d’amour de Monsieur Spongexstrate, roman, 2015. Boullet (Victor),Le trou de la renverse, roman, 2015. Khalil (Yasmina),Le mariage, récit, 2015. Javeau (Claude),Une vie illustre, roman, 2015. Échard-Fournier (Anne-Marie),L’été en ce jardin, roman, 2015. Mirallès (Pierre),Hystérésis, récits, 2015. Aufan-Benazeth (Nicole),Les crapauds-buffles, nouvelles, 2015. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Patricia ApicellaFigure-toi un danseur de corde Roman
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07652-2 EAN : 9782343076522
À Alain L., mon tout premier lecteur.
"On ne fait pas pousser les fleurs en tirant dessus." (anonyme de bon aloi)
1.
Max, Maxou, Maxime,
Je t'ai écrit voici six ou sept ans, peut-être moins. Juste une carte postale, t'en souviens-tu ? Et puis une lettre, terriblement plus lourde de conséquences, voici à peu près six mois. Tu ne m'as pas répondu. Cela m'aurait étonnée, à vrai dire, ce qui me permet de t'écrire à nouveau. Qui ne dit mot consent, et un "rien" n'égale pas un "non", en tout cas. Je crois que je n'aurais pas aimé recevoir la réponse que tu aurais pu me faire, finalement, ton silence me la laissait assez présager. Ce matin, j'ai cherché ton adresse par acquit de conscience, je pensais que tu n'en aurais pas changé ; tu n'as jamais été un pigeon voyageur. Et pourtant, tu as déménagé. J'ai ri en compulsant mon plan de Paris : tu as fait un gigantesque saut de puce, au moins 500 mètres à l'ouest du Boulevard Saint-Germain… Lire ton nom sur l'écran m'a rassurée, et un peu émue. Tu es toujours vivant. Il peut arriver tellement de choses en si peu de temps... Tu aurais pu mourir. On n'a pas forcément besoin de longtemps pour mourir. C'est une idée qui ne me serait pas venue avant, l'idée que tu puisses être mort, je veux dire. Je n'ai jamais vraiment cru à la mort, au fond, jusqu'à ces dernières années. Je t'écris parce que tu ne me réponds pas.
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Autrefois, nous nous écrivions peu, nous ne nous parlions que très rarement au téléphone, juste quelques mots pour se donner rendez-vous dans un café. Nous avions l'habitude de nous retrouver après des mois d'absence, et de reprendre nos conversations comme si nous les avions interrompues la veille. J'étais jeune, tu me semblais sage, en quelque sorte, bien que drôle. Je me suis beaucoup interrogée depuis sur le pourquoi de nos relations. Que pouvais-je bien être pour toi ? Je ne dégageais plus cette grâce presque enfantine que l'on peut parfois trouver aux préadolescents, je ne t'acceptais pas pour mentor, je n'avais même pas l'impression d'être un tant soit peu intéressante. À quatorze ans, j'en paraissais dix-sept, à dix-sept ans, je jouais à l'adulte sans savoir que je ne le serais même pas à trente. Quelques années plus tard, mes changements d'adresse remplissaient deux pages de ton répertoire tant j'avais la bougeotte. Tu me suivais à la trace sur la carte de France, et moi j'étais toujours sûre de te retrouver à Paris, dans ton quartier, dans ton appartement, celui où tu vivais encore voici quelques mois, presque vingt ans après notre première rencontre. J'ai à présent, à une queue de cerise près, l'âge que tu avais à ce moment-là. La trentaine. Cependant, je ne comprends pas mieux celui que tu étais alors. Je croyais gagner avec l'âge je ne sais quelle maturité, je ne sais quelle plénitude qui m'aurait rapprochée de toi. N'aurais-je pas grandi ? Serais-je donc restée l'adolescente désordonnée et explosive dont les excès te faisaient rire et lever les bras au ciel ? Ou bien étais-tu plus proche de moi alors que je ne le suis de toi à présent ? Tu vois, si j'ai bien, trop bien compris ton silence, il y a toujours entre nous de ces plages d'ombre qui auraient
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mérité d'être éclaircies, quand il n'était pas encore trop tard. Il m'arrive quelquefois de ne pas penser à toi. Cela dure au moins un jour ou deux. Tu es présent comme j'imagine que le sont toujours les êtres que l'on a aimés et qui sont morts ou disparus. Sauf que les morts sont inéluctables dans leur absence. Je ne sais pas encore m'y résigner. Je me demande quand même ce que tu as fait de ma toute dernière lettre... L'as-tu jetée, ou l'as-tu rangée dans un de tes livres, te laissant une chance de retomber dessus par hasard ? Elle était si maladroite… Pourtant, je croyais que je saurais t'écrire, comme j'écrivais les histoires... Mais pour la vie réelle, finalement, l'adresse n'est pas mon fort. Allez, il est tard. Il faut dormir. Je t'embrasse, Max, un max.
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