Frog
243 pages
Français

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Description

Octobre 1936 : l'enfant de troupe Jean Clariou, douze ans, entre à l'Ecole militaire préparatoire d'Epinal. Le changement s'avère brutal et douloureux : il passe ainsi du latin-grec à l'algèbre et à la chimie de l'Enseignement primaire supérieur, de la tendresse des siens à la discipline martiale, de la douceur méridionale à la rudesse des marches de l'Est. Cet ouvrage est le récit d'une initiation à la dureté de l'existence et d'une quête perpétuelle de solutions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 199
EAN13 9782336261744
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole potytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296037243
EAN : 9782296037243
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Dedicace FAUX DÉPART SURSIS CAP À L’EST ENTRÉE EN SCÈNE PREMIERS CONTACTS INSTALLATION LA CLASSE NUIT L’ENTRETIEN L’INTRONISATION AU RÉFECTOIRE À LA DOUCHE! L’ÉCOLE-CASERNE SOLDAT - ÉCOLIER AU TRAVAIL LE VOL LETTRE AUX PARENTS CAROTTEUR ? PREMIERS RÉSULTATS RÉVEILS PARMI TANT D’AUTRES PARADE INCONTESTABLE ? ALERTE ! L’ENTREVUE RÉSOLUTIONS TRAME DES JOURS... ET DES NUITS CONSEIL DE FAMILLE SEMONCE BAGARRE TENTATIVE CORVÉE DIMANCHES LE CHIEN DE JEAN DIPLOMATIE SECRÈTE L’INVITATION RETOUR A LA NORMALE TRACAS LA TÊTE ET LES JAMBES NUAGES SUR L’AVENIR SUSPENS PHILOSOPHIE ET RÉALITÉ RÉSULTATS DES COURSES VIGILES PROFANES INTERLUDE
Frog
Histoire(s) du petit soldat

Edmond Reboul
Du même auteur
Poèmes
Mosaïques, (Regain), 1963.
Escale, (Nouvelle Pléiade), 1966.
Opus incertum, (Maison rhodanienne de Poésie), 1968.
Au jour la nuit, (dito), 1972, (couronné par l’Académie française).
Il neige, Don Juan, (Paragraphes Littéraires de Paris), 1979.
Polska, (chez l’auteur), 1982
Surgi du Sable, (La Valésoune, Génolhac), 1986.
Mémoire d’écume, (Lacour), 1988.
Résurrections de Faus; (Lacour), 1989.
Saison d’Amour, dessins de Benn, (Lacour), 1991.
Mythe d’Ehtym, (Lacour), 1992.
Au pays revenant, (Lacour), 1995.
Tenter de vivre, (Lacour), 1997.
À ciel ouvert, illustrations de Jean-Marie Granier (Les Presses du Midi), 2000.
Palingénésie, poèmes, (Les Presses du Midi), 2004.
Faust à Staufen, poèmes, (Les Presses du Midi) 2005.
Romans
Si toubib, (Julliard), grand prix Vérité, 1958
L’interne des lépreux, (France-Empire), 1970.
Ile en péril, (L’Hermès), 1978.
Les mirages du désert, (L’Hermès), 1981, (couronné par l’Académie française) Si toubib, grand prix Vérité, rééd.., (Lacour), 1997.
Amours de Constance, et autres, roman (Les Presses du Midi), 2004.
Ki et Wou, roman, (Les Presses du Midi) 2005.
Essais et divers
Le Gourara, étude historique, géographique et médicale, (Inst. Pasteur, Alger), 1953, (Prix Larrey de l’Académie de Médecine).
Eloge de l’Académie, (Lacour), 1988.
Index des Mémoires de l’Académie de Lyon, (Lacour), 1989, (avec C. de Clavières).
Hier, Pont-Saint-Esprit, (Lacour), 1990.
Réflexions d’un académicien rustique, (Lacour), 1990.
Des jardins de la poésie au jardin secret du poète, (Lacour), 1990.
Le Je paré des plumes de Pan, (Lacour), 1991.
Regards sur l’Acad. des Sciences, B.- Lettres et Arts de Lyon, (Lacour), 1991.
Dans l’aura d’André Chamson, (Lacour), 1993.
Musique et poésie, quelques réflexions, (Lacour), 1996.
Un soir l’âme du vin... suivi d’ Oenomancies, (Lacour), 1997.
Paul Eluard scintillements d’une étoile morte, (Lacour), 1997.
Le désert, Phomme et la poésie, essai et poèmes (Les Presses du Midi, 2002).
Feuillets de route, essai, (Les Presses du Midi 2005).
Ecrire des poèmes, essai, manuel (Les Presses du Midi).2006.
Pour Elisabeth et Emmanuel I.M. Janine et Roselyne.
« La discipline faisant la force principale des Armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants. Les ordres donnés doivent être exécutés immédiatement sans hésitation ni murmure. L’autorité qui les donne en est responsable et la réclamation n’est permise au subordonné que lorsqu’il a obéi. Si l’intérêt du service que la discipline soit ferme, il veut en même temps qu’elle soit paternelle.... »
(Règlement de discipline générale, 1 ère partie)
« Je veux n’oublier rien, et tout mettre en place. Tâche immense, et qui semble au dessus de n’importe quelle puissance ; c’est pourquoi je la considère par parties, ajoutant une page après l’autre. »
(Alain, « Les passions et la sagesse » )
FAUX DÉPART
Cela commençait plutôt mal : voyage long, pas vraiment joyeux, ville sombre et glaciale, hôtel vieillot et bon marché, dîner spartiate. Les ressorts du matelas, sur le lit marqué de griffures, imposaient leur présence et les grincements des boiseries achevaient de perturber un sommeil hanté à la fois de rêves de gloire et d’inquiétudes devant l’inconnu. Emmanuel, simple et modeste, était capable de tout percevoir à travers des riens : un regard, le frémissement d’une menotte dans sa poigne de dur à cuire, un toussotement gêné suivi d’une déglutition trop visible et son cœur ardent se trouvait aussitôt en alerte. « Ça va, petit ? » Une distraction s’imposait entre le débarquement dans cette horrible gare et le retour à l’Hôtel sans joie : « Tu sais, je suis déjà venu ici, quand j’étais soldat, après ma première blessure en 1916. L’hôpital complémentaire qui m’avait reçu convalescent n’était pas loin du centre : alors j’ai bien visité la ville. Il faudrait voir trois endroits dont je me souviens encore : la place de Jaude, la cathédrale et la fontaine Sainte Allyre ». Et à peine eurent-ils pris possession de l’humble chambrette, qu’ils repartaient, bien couverts, arpenter les rues de la ville, sans trop s’attarder devant ces magasins pleins de tentations, avant d’aller faire une prière et humecter leurs doigts d’eau bénite dans cette grande église sombre où, près du chœur se dressait, somptueuse, la cathèdre de monseigneur l’évêque. On y respirait plus une odeur de moisi que d’encens, et la lourde tristesse des lieux incitait l’enfant à haler son père, un peu comme un chiot qui tire à longueur de temps sur sa laisse pour avancer plus vite vers la station suivante. « Ça sera fermé, papa, dépêchons-nous. » Ouf, le porche fut franchi sans regret, semblait-il. Et par un chemin compliqué, dans le dédale des rues, avec l’aide successive de quelques passants, fut atteint ce lieu magique où les dieux gaulois semblaient avoir rejoint la sainte éponyme. Un prospectus mal imprimé remis avec le billet d’entrée (demi-place pour le fiston) apprit aux visiteurs que la sainte en question était en fait un saint homme, qui avait été évêque de Clermont il y a bien longtemps ; mais le rédacteur n’établissait pas de cause à effet entre le prélat canonisé et la fontaine miraculeuse. Rien de miraculeux, d’ailleurs, dans cette source, bien mise en valeur pour impressionner le visiteur, avec ses cascades successives où mijotaient, dans de faibles plans d’eau, de petits objets variés qui recevaient le baptême permanent d’eaux auvergnates fortement chargées de calcium, déposant sur le support, par touches infinitésimales, une fine couche calcaire transfigurant objets et moulages. Le résultat n’était d’ailleurs pas laid et l’enfant, manifestement excité, l’œil avide, examinait les résultats dans la vitrine de vente : « C’est comme les stalactites, dis, papa ? » Et papa d’opiner en se disant que la comparaison n’était pas si bête. Car il était fier de son petit, Emmanuel, sa deuxième grande joie au terme des horribles quatre années de guerre et après son mariage avec une jolie fille du littoral, lui, l’homme des montagnes et des vallées...
La nuit avait paru longue dans ce mauvais lit, entre les ronflements d’un voisin et les éclats de lumière qui provenaient d’une enseigne extérieure. Et la crainte du lendemain, d’un avenir non imaginé et d’ailleurs inimaginable. Réveil morose, temps gris, café au lait au goût bizarre, et attente prolongée d’un car brinquebalant qui emportait ses passagers dans un tintamarre de bruits divers. La campagne était aussi grise que le ciel : on se serait cru au cœur de l’hiver, et les corbeaux avaient pris possession du territoire. Emmanuel aurait bien donné quelques explications sur le pays et sa richesse, enfin, ce qu’on en disait dans les livres, mais il préféra respecter le silence quelque peu renfrogné de son fils. Enfin apparut le village, ou plutôt le bourg, aussi peu reluisant que la morne plaine qui venait d’être traversée. Descendus du car, tête à droite, tête à gauche, quelques pas hésitants et

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