George Sand - Marie Dorval - Jules Sandeau
178 pages
Français

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George Sand - Marie Dorval - Jules Sandeau , livre ebook

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Description

Le 4 janvier 1831, Aurore Dudevant quitte son époux, ses enfants et son domaine de Nohant pour rejoindre son amant Jules Sandeau à Paris. C'est le début d'une longue carrière littéraire, sous le pseudo de George Sand. Au cours de cette liaison, elle rencontre la comédienne Marie Dorval et lui voue une admiration sans borne. Les liens entre les deux femmes deviennent de plus en plus étroits. George Sand décide de rompre avec son jeune amant, qui devient ensuite celui de Marie. Se crée alors une sorte de triangle amoureux un peu trouble...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2015
Nombre de lectures 34
EAN13 9782336372754
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Brigitte Rastoueix-Guinot






George Sand
Marie Dorval
Jules Sandeau
Histoire intime
Copyright

Du même auteur
Jules Sandeau, le premier romancier académicien , Pulim, 2003.
George Sand et la Creuse ,
Lucien Souny/Puy du Fraud, 2004.
Magie, religion et spiritualité en Limousin ,
Lucien Souny/Puy du Fraud, 2008.
Balade en Limousin (collectif),
Alexandrines, coll. « Sur les pas des écrivains », 2009.
George Sand et Jules Sandeau, parcours littéraire et amoureux,
Lucien Souny/Puy du Fraud, 2012.








© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72286-3
Dédicace


Pour Eloan
Naissance d’une tragédienne
« Je suis venue au monde sur les grands chemins, j’ai été bercée aux durs cahots de la charrette de Ragotin. Je n’ai connu ni les jeux, ni les joies de l’enfance. » 1
Marie Dorval résume ainsi très laconiquement son enfance à son grand ami Henri Monnier.
Les débuts de Marie Dorval dans la vie sont placés sous le signe de la précarité. Cette instabilité qui semble présider à sa naissance ne sera sans doute pas sans influencer son caractère, son comportement et la manière dont elle va réagir plus tard face aux événements. Mais peut-être aussi sera-t-elle à l’origine de cette sensibilité frémissante qui donnera à son jeu cette dimension étonnante et tragique qui fera courir les foules.
Sa mère appartient à une troupe de comédiens ambulants. Au terme d’un voyage chaotique sous le vent et la pluie, ses futurs parents effectuent une halte dans un hôtel de Lorient, rue de la Comédie. Trois jours après avoir trouvé refuge dans cette pauvre auberge, Marie Bourdais accouche de la jeune Marie qui est déclarée le 7 janvier 1798 dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Lorient. Les lieux sont plutôt sinistres. Le monde semble se révéler bien peu accueillant pour la toute petite fille qui vient de naître. La troupe fait là une étape après avoir effectué un dur périple. Selon les termes de son extrait de naissance, Marie-Thomasse-Amélie est « née hors mariage » de l’union de Marie Bourdais et de Joseph-Charles Delaunay. Une naissance donc bien obscure pour une destinée pourtant hors du commun.
D’aucuns affirment qu’elle est née le jour des Rois… Si cela est vrai, c’est sans doute la seule lueur prometteuse qui vient éclairer ce jour ordinaire où une comédienne de seconde zone, encore fort jeune puisqu’elle n’a que dix-sept ans, accouche d’une enfant illégitime.
Poursuivant sa route, Marie Bourdais se retrouve à nouveau enceinte et le 18 août 1803, elle met au monde un garçon qui se prénomme Hippolyte-Jean-Désiré. Cet enfant, sans doute le fruit d’une liaison de passage, ne survivra pas à la rudesse de ses conditions de vie et s’éteint chez sa nourrice le 10 septembre.
En raison des difficultés qu’elle rencontre, Marie Bourdais se voit contrainte d’élever la jeune Marie au milieu des comédiens, dans les coulisses poussiéreuses des théâtres ambulants. Le père, quant à lui, ne s’intéresse pas à sa progéniture, comme il est fréquent en pareil cas. Il poursuit, de son côté, sa carrière de comédien nomade. Marie grandit sans influence paternelle.
Bien entendu, la mère de Marie souffre de cette situation. Elle sombre dans une dépression chronique et ne cesse de se lamenter d’avoir mis au monde cette enfant. La jeune Marie cherche donc inconsciemment à se faire pardonner sa naissance. Elle s’y emploie avec ardeur. Fort jeune, elle accepte toutes les besognes. Ménage, courses, rien ne la rebute et, tendre Cosette, elle supporte vaillamment le caractère acariâtre de sa mère.
Très tôt, aussi, elle se doit d’être rentable. Elle rencontre ses premiers succès dans des rôles d’enfant, tant elle est vive et enjouée. On raconte qu’en 1808, un peintre brosse le portrait du charmant minois de la petite Marie et le lui offre timidement, trente et un ans plus tard.
Pour l’heure, son enfance s’écoule sans grande lueur de gaieté. Elle sillonne la France en compagnie de sa mère, mais sa sensibilité s’aiguise cependant et cette vie nomade et précaire est très certainement un creuset qui lui permettra plus tard de puiser en elle les ressources nécessaires à l’expression d’un vrai tempérament.
Un de leurs déplacements, en janvier 1804, est à destination de Lausanne. Marie Bourdais ressent un sentiment d’isolement profond en arrivant dans cette ville. Pour échapper à cette tristesse, elle se rapproche d’un jeune comédien qui se nomme Chevalier. Cette relation est si intime que Marie Bourdais accouche le 20 octobre d’un garçon baptisé Charles-Henri Constant. Peut-être ce dernier prénom est-il le reflet d’un souhait secret de Marie de réussir à s’attacher le père de son enfant… Néanmoins ce vœu n’est pas exaucé, le père s’éclipse très rapidement et l’enfant mourra peu de temps après, sans que l’on sache exactement dans quelles circonstances.
Ces naissances et ces morts, au hasard des chemins, rendent compte de la précarité de l’existence de la jeune Marie et permettent de comprendre ce sentiment du tragique qui habitera profondément la comédienne et qu’elle saura si bien restituer aux foules qui l’acclameront.
On comprend mieux également le tempérament emporté de la mère, compte tenu de l’instabilité affective dans laquelle elle vivait. Elle invective très souvent sa fille par des formules outrancières : « Vous me tuez ! Vous me faites mourir de chagrin ! » censées réprimander des fautes vénielles. Ces reproches impressionnent au plus haut point la jeune Marie. Elle s’imagine avoir assassiné sa mère et passe ses nuits à prier Dieu de lui pardonner.
Après Lausanne, on retrouve la trace de Marie Bourdais et de sa fille à Lille en juillet 1806. C’est probablement à cette époque que la future Marie Dorval effectue ses débuts dans un théâtre. Nul ne sait s’il s’agit réellement du théâtre de Lille, mais on est quasiment certain que Marie devient comédienne entre 1806 et 1809. L’artiste, elle-même, s’emploiera à entretenir le flou, ne se rappelant que quelques anecdotes plaisantes ou tragiques sans jamais les localiser de manière précise. Le périple des deux femmes continue, au fil des années. De 1810 à 1813, elles jouent à Laval, au Mans, Alençon, Pau, Bagnères, Tarbes. Elles appartiennent d’ailleurs à des troupes diverses, mais le talent de la jeune Marie commence à s’affirmer.
Dans le même temps, la santé de Marie Bourdais mère s’altère très vite. La tuberculose l’anéantit en 1813 après six mois de maladie. Marie est très sincèrement peinée et c’est avec une vraie générosité qu’elle pardonne à sa mère tous les moments difficiles qu’elle a pu connaître lors de sa petite enfance.
Elle est alors très rapidement courtisée par Allan Dorval, un de ses camarades du théâtre de Strasbourg, qui occupe les fonctions de régisseur et de maître de ballet. Au printemps 1813, Marie lui est apparue dans toute la fraîcheur et l’éclat de ses quinze ans. Lui-même est lassé d’une compagne qui approche la trentaine et qui se révèle être finalement une comédienne de seconde zone. Quelques mois plus tard, secrètement flattée par l’intérêt qu’elle suscite, Marie devient son épouse. Elle n’éprouve nulle exaltation amoureuse à son égard, mais elle a un intense besoin de protection et Dorval est prêt à lui offrir cette sécurité matérielle et affective à laquelle elle aspire : « Orpheline à quinze ans, j’épousai le premier venu qui voulut bien se charger de mon sort » 2 confie-t-elle, bien plus tard, à Henri Monnier.
Le mariage a lieu le 12 février 1814 à Vannes. Quelques mois plus tard, le 19 juillet, une petite fille est présentée à l’officier de l’état civil. Il s’agit de Marie-Louise-Désirée fille légitime du couple.
L’année suivante, une autre petite fille, Catherine-Françoise-Sophie-Gabrielle, est déclarée et baptisée à Lorient le 30 octobre 1815.
1 Henri Monnier, Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme, Paris, Librairie nouvelle, 1857.
2 Ibid.
Naissance d’un écrivain
Au

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