Histoire de fous
216 pages
Français

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Histoire de fous , livre ebook

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Description

Donigo lutte contre la mort pendant de longues heures, sous les regards inquiets de ses parents et de Sosthène qui lui tient la main. Elle murmure en regardant fixement. celui-ci : « Le système est omnipotent, t’en souviens-tu ? Il ne connaît ni foi, ni loi, car les hommes, à quelque obédience ou confession qu’ils appartiennent, ramassent têtes et queues de poisson au pied de sa table. Sous le système se couche fatalement la loi comme s’y prend une femme vénale… ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2016
Nombre de lectures 236
EAN13 9782369970286
Langue Français
Poids de l'ouvrage 128 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0295€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire de fous
Couverture :ARE / KOUASSI K. Marc Maquette :ARE / KOUASSI K. Marc Mise en page :ARE / KOUASSI K. Marc Suivi éditorial :OZÉ G. Roger
e © Africa Reflets Éditions, 3 trimestre 2016 ISBN : 978-2-36997-028-6 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
CAMARA Nangala
Histoire de fous
Africa Reflets Éditions 01 BP 3648 Abidjan 01 E-mail : areflets.editions@yahoo.fr
Du même auteur
Romans Le printemps de la liberté L’autre versant La ronde des hyènes Tourbillon La Nouvelle Conscience Dévoilement
Recueils de nouvelles Révélation Symphonies de l’enfer
Recueils de poésie Mélancolie Monotonie Chants incantatoires Amarres rompues
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N ahognou tente, depuis un moment, de s’échapper de la concession de ses parents. Elle marche sur la pointe des pieds, à pas feutrés. Elle rase les murs. Ne surtout pas attirer l’attention sur sa personne, se répète-t-elle. Ça y est, elle a réussi son coup ! Elle vient de franchir la grande porte. L’air tiède et vicié fouette le visage de Nahognou. La pénombre habille le spectacle de la rue d’un voile triste. Des odeurs nauséabondes et suffocantes lui montent au nez et à la gorge. Des flaques d’eaux usées croupissent et débordent de nids de poule. Les poubelles cabossées et mangées par la rouille – quand elles ne sont pas carrément éventrées – étalent leur trop-plein d’ordures ménagères : grains de riz turgescents, arêtes de poisson, os aux extrémités tranchantes et menaçantes, côtelettes de quelque animal, rondelles de gombo, tranches de foutou en décomposition,
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morceaux de kabato putrescents, confettis de feuilles d’épinard. Éclats de voix. Des jeunes gens fagotés à la diable, éternels désœuvrés, discutent avec animation du dernier derby de football. Il a opposé les deux équipes les plus en vue, depuis trois décennies, au plan national. Ont-ils une autre occupation, ces jeunes gens ? Assurément non ! Gavés, on dirait des oies, de promesses fallacieuses et de mythes absurdes, ils n’ont conscience de rien. Même pas de leur propre condition. Pas davantage du drame qui se joue au quotidien sous nos cieux. Ce sont des zombis ! Du fond de leurs forteresses qui puent le marbre et le luxe insolent, les princes désespérément accrochés au pouvoir déclenchent, attisent, récupèrent et régentent ces passions puériles. Ils procèdent ainsi pour écon-duire et étouffer la conscience de la majorité silencieuse prise en otage et soumise à une terreur sans nom. Ils ont du cynisme à revendre, les braves petits princes ! Même Machiavel ferait piètre figure devant eux ! Les éternels désœuvrés s’en iront ensuite s’entasser et s’extasier dans l’exigu salon de quelque privilégié qui a la fortune de posséder un téléviseur couleur – excusez du peu ! – dans un quartier aussi mal famé et déshérité. Arrêt sur images : poignées de mains inter-minables, sourires benêts, salamalecs qui frisent l’obséquiosité, militantisme rampant et alimentaire,
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applaudissements à tout rompre à propos de tout et de rien, discours verbeux et dithyrambiques, chants et louanges à la gloire du grand manitou chevillé au pouvoir depuis tant d’années, cacophonie orchestrée par la meute des thuriféraires et autres stipendiés. Tous rivalisent d’ardeur pour porter au pinacle le grincheux gourou. En fin de soirée, les plus veinards d’entre ces jeunes gens trousseront, embusqués dans quelque cachette, des filles fanées dans la fleur de l’âge, des filles aux regards couleur de résignation et de désespoir. Viendra ensuite l’heure du sommeil réparateur. Ils s’en iront se recroqueviller, la conscience – si tant est qu’elle existe encore ! – tranquille, qui sur une natte en lambeaux, qui sur un pouilleux matelas mousse. Et demain, le cycle se reproduira identique à lui-même, immuable. La même rengaine, les mêmes images. Immobilisme déconcertant, démoralisant, pour tout dire, révoltant. Et passe le temps… Nahognou freine soudain son élan. Elle aurait tout donné pour ne pas rencontrer la clique de jeunes gens. Elle hésite quelque moment puis se résout à rebrousser chemin. Au même moment, une voix railleuse la cloue sur place : « Dis, là-bas, comme ça on se tire sans la permission de papa Pénangnamban ? ». Force éclats de rire saluent le coup de gueule rageur. Le cœur de Nahognou se serre puis s’emballe. Au point où elle
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en est, pense-t-elle, elle n’a plus le choix. Elle décide donc d’ignorer ces jeunes désœuvrés qui n’ont que le bagou, l’insolence et l’insulte à la bouche. La plupart de ces jeunes gens ont déclaré leur flamme à Nahognou, en vain. Elle a refusé de s’engager dans une aventure sans lendemain. Les malheureux galants la tiennent, pour cette raison, en mince estime. Ils la traitent de hautaine, de prétentieuse, d’imbue de sa personne. Ils passent le plus clair de leur temps à échafauder manigances et stratagèmes dans le but de lui attirer les pires ennuis. Du reste, Nahognou traverse une période difficile depuis qu’une rumeur persistante court à propos de la liaison qu’elle entretiendrait avec le « Cinglé » de Derrière-Rails. Elle marche comme un automate, le regard projeté loin devant elle. Son cœur bat de plus en plus fort. Elle parvient à hauteur du groupe de jeunes gens. ― Je serais vraiment curieux de savoir ce que pense papa Pénangnamban des fréquentations et escapades nocturnes de sa chère fille ! lance une voix. Comment peut-on se refuser à des mecs aussicoolque nous et se précipiter dans les bras d’un fou ? ― Ne dit-on pas que le cœur a ses raisons que la raison ignore ? interroge doctement une deuxième voix. ― Je veux bien admettre que l’amour est aveugle. De là à voir une perle si rare, qui plus est de bonne famille, se livrer à un fou…, objecte une troisième. 10
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