J ai rêvé de Kos-City
291 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

J'ai rêvé de Kos-City , livre ebook

-

291 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Tamby, un jeune Indo-Antillais issu de la lie de la société, séduit Peggy, attachée culturelle au consulat américain. Il découvre le rêve américain et décide de devenir architecte pour bâtir une ville nouvelle: Kos-City. Il espère ainsi hâter la sortie de son pays du système de plantation. Mais ce que l'Amérique de Kennedy lui donne de conquérir, celle de Johnson le lui enlève.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2005
Nombre de lectures 274
EAN13 9782336267579
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres des Caraïbes
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
Sylvain Jean ZEBUS, Les gens de Matador. Chronique, 2005.
Marguerite FLORENTIN, Écriture de Griot , 2005.
Patrick SELBONNE, Cœur d ’ Acomat - Boucan , 2004.
Danielle GOBARDHAN VALLENET, Le secret du Maître rhumier , 2004.
Marie-Flore PELAGE, Le temps des alizés , 2004.
Pierre LIMA de JOINVILLE, Fetnat et le pistolet qui ne tue pas , 2004.
Christian PAVIOT, Les Amants de Saint-Pierre , 2004.
Henri MELON, Thélucia , 2004.
Max JEANNE, Un taxi pour Miss Butterfly, 2003
Eric PEZO, Passeurs de rives , 2003.
Jean-Pierre BALLANDRY, La vie à l’envers , 2003.
Jean-Claude JOSEPH, Rosie Moussa, esclave libre de Saint-Domingue , 2003.
Monique SEVERIN, Femme sept peaux, 2003.
Eric PEZO, Passeurs de rives , 2003.
Marcel NEREE, Le souffle d’Edith , 2002.
Josaphat LARGE, Les terres entourées de larmes , 2002.
Gabriel DARVOY, Les maîtres-à-manioc, 2002.
Timothée SCHNEIDER, Rue du Soleil Levant- Voyage dans le territoire de la Guyane , 2002.
Manuela MOSS, Sous le soleil caraïbe , 2002.
Victor-Georges DRU, Zack, Destin Caraïbe , 2002
Océane MONTMULIN, La fiancée du Roi , 2001.
Dieudonné ZELE, Marie Passoula , 2001.
Joscelyn ALCINDOR, Carrefour des utopies , 2000.
FRANKITO, Pointe-à-Pitre – Paris , 2000.
Françoise EGA, L’Alizé ne soufflait plus , 2000.
Sylvain-Jean ZEBUS, Crépuscule et solitude , 2000.
Max JEANNE, Tourbillon partenaire , 2000.
Marise FIDORE-PARICHON, Le figuier maudit , 2000.
Ernest BAVARIN, Le cercle des Mâles Nègres , 1999.
Danièlle DAMBREVILLE, Le Quimboiseur , 1999.
Eric PEZO, Marie-Noire, Paroles en veillées , 1999.
J'ai rêvé de Kos-City

Camille Moutoussamy
www.libraitieharmattan.com
Harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747590754
EAN : 9782747590754
Sommaire
Lettres des Caraïbes - Collection dirigée par Maguy Albet Page de titre Page de Copyright Dedicace Remerciements CHAPITRE I - TOUJOURS PLUS BAS. L’INDIGENCE NE SE PEUT CACHER CHAPITRE II - TOUJOURS PLUS HAUT. MAIS LA LUNE PERD DE SON MYSTERE CHAPITRE III - LES TOURTEREAUX NE SE CACHENT PAS POUR S’AIMER CHAPITRE IV - COMME UN VOL DE MENSFENILS CHAPITRE V - DESTINS BRISES CHAPITRE VI - « IL FAUT OPTER POUR LE PLUS LARGE CONTRE LE PLUS ETROIT » CHAPITRE VII - ENTRE LA ROUTE DE LA SOIE ET LA ROUTE DU SUCRE, ALEXANDRE CHAPITRE VIII - PAROLES DE FEMMES CHAPITRE IX - TU ES ROCHE ET SUR CETTE ROCHE, JE BATIRAI KOS-CITY
À Olivier et Thierry, mes fils. À Juliana, ma compagne.
“L’homme n’est pas né libre, il est né pour se libérer”
Guru Nanak
Mes remerciements vont à Pierre PINALIE, pour la relecture appréciée de ce texte, ainsi qu’à Raphaël CONFIANT pour ses conseils précieux.
CHAPITRE I
TOUJOURS PLUS BAS. L’INDIGENCE NE SE PEUT CACHER
Le quartier indien Au-Béro n’était plus. Les eaux folles de la rivière Madame l’avaient emporté dans le ventre de la mer, laquelle, repue, ne venait plus lamper, de ses énormes tentacules, les proies tentantes de la jetée. La muraille de la honte qui abritait cet îlot insalubre, de l’œil indifférent, voire arrogant des passants, nous regardait, honteuse de piéger encore un grand bassin de boue au lieu et place de nos baraquements disparus. Nous n’avions plus pour toit que la voûte céleste ; pour nous couvrir le dos, des habits cédés par l’Institut Saint-Vincent-de-Paul. Nous empruntâmes la rue du Vieux-Chemin, qui jamais, pensai-je, n’eût autant mérité cet éponyme. L’avalasse, dans sa fureur, avait en effet, là, arraché des plaques entières d’asphalte ; ici les manguiers, les quénettiers, les lauriers roses et blancs qui la bordaient. Des libellules « zonzolaient », toutes zonzonnantes, d’une frayée à l’autre encore pleines d’eau ocre. Le bas-côté sur lequel nous marchions était un véritable bourbier. Nous étions tous les dix mètres au moins éclaboussés par des automobilistes peu soucieux des piétons. Certains d’entre eux se gaussaient même de nous. Les maisons bourgeoises, dont la plupart étalaient, la veille encore, leur orgueilleux cachet colonial caché derrière des haies de bougainvillées et d’hibiscus ; livraient nus leurs murs maculés, leurs façades sans balcon ouvragé d’encorbellements brodés, leurs fenêtres sans persiennes ou leurs encadrements sans fenêtre. Leurs occupants, occupés à clouer, à réparer, à laver toutes traces effaçables du sinistre, alimentaient la gadoue qui absorbait goulûment nos chaussures en plastique tressé, à semelle pourtant réputée anti-dérapante. Par deux fois, je me retrouvai sur les fesses et mon blue-jeans ressemblait à celui d’un travailleur de l’entreprise la Colas, affecté précisément à goudronner les routes. Nous parvînmes au Pont-de-Chaînes, par lequel arriva le malheur. Des hommes de la Direction départementale de l’équipement y étaient encore à l’œuvre, mais les arbres qui en obstruaient les buses avaient été complètement évacués. Deux pelleteuses reprofilaient le lit de la rivière en amassant les roches blanchies, du même éclat que le tablier du pont, par l’eau torrentielle. Des badauds encore choqués étaient là à regarder sans voix. Nous ne nous y attardâmes pas et gagnâmes vite un canal qui ceinturait la falaise, pour s’en aller arroser d’autres quartiers de l’En-Ville. Nous le longeâmes en file indienne sur bien un kilomètre en contemplant en contrebas les hystériques dégâts de la Madame en furie. Nous arrivâmes enfin à une grande cascade — nos Chutes du Niagara à nous — où se dérivait le canal sur la marge duquel nous marchions. Là, nous nous attaquâmes à un petit chemin raide rendu encore plus difficilement domptable par la boue qui le tapissait. Les mimosas généralement très sensibles au passage des êtres avaient perdu leurs réflexes de politesse. Leurs feuilles gainées de boue étaient étalées comme des ailes de papillons morts. Nous grimpâmes encore pendant vingt bonnes minutes, laissant derrière nous, des baraquements épars en construction, accrochés à la croupe du morne, la plupart sur pilotis. Au plus accusé de la montée, mon père s’arrêta et me dit, embarrassé :
— C’est ici ! »
— C’est ici quoi ? » fis-je.
Il s’accroupit et, m’invitant à l’imiter, me prit par les épaules pour me rassurer.
— C’est ici que nous allons construire notre maison, nous n’avons pas le choix. Les meilleurs emplacements ont été attribués par la mairie, ou carrément accaparés par des familles. Et puis, Ti-Bway, — comme il aimait à m’appeler affectueusement — ces terrains ne sont pas constructibles, c’est pourquoi la mairie a des scrupules à les affecter à des gens. Ici c’est la zone des déshérités, des sans droit, comme Au-Béro, sauf que nous construirons de nos mains nues nos maisons ; dans un premier temps, de bric et de broc ; plus tard en fibrociment, et qui sait ? Un jour, en brique et en roche. Ne pleure pas, Ti-Bway, nous ne dormirons pas à la belle étoile ! Nous sommes des éclats de l’Inde éternelle, et tu vois, Ti-Bway, la rivière ne nous a pas emportés, parce que là-bas, nos ancêtres, notre famille que nous ne connaîtrons jamais, ont toujours divinisé et vénéré les rivières. »
— « Que tu ne connaîtras pas ! » ai-je eu envie de répliquer.
— J’irai travailler comme docker à la Compagnie. Je te donnerai les deux francs-quatre sous que je gagnerai, et je veux qu’ils soient entièrement utilisés à la construction de notre case, pardon, de notre maison ! » préférai-je plutôt l’encourager, en cherchant le sourire. Je veux aussi qu’elle soit bâtie sur pilotis, comme celles que nous avons vues en montant ici. »
— Sur pilotis ? Je ne crois pas. Parce que tu n’iras pas travailler tant que tu n’auras pas tes deux bachots. Et puis, je n’aime pas les pilotis. Ça ressemble aux rhizomes des palétuviers de la mangrove. La mangrove, c’est pour les crabes. Je ne suis pas un crabe, et je ne le serai jamais ! »
— Comment ferons-nous alors ? Nous ne disposons pas là d’un véritable emplacement. Ce terrain est trop incliné, trop « âpre », c’est carrément une falaise. Regarde, la rivière passe à cent mètres en contrebas. »
— J’ai déjà mon idée, me dit-il, en m’entourant affectueusement les épaules. Demain, je me ferai envoyer par le taxi-pays d’Hector, ma barre à mine, ma pioche, ma pelle, ma houe restées chez ta mère sur l’Habitation Eyma. Il ne me restera plus qu’à acheter deux marteaux et une masse dans une quincaillerie de l’En-Ville. Ainsi, creuserons-nous les roches, jusqu’à en obtenir une plate-forme constructible. Les grosses roches, nous les ferons rouler jusqu’aux

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents