L Étonnant destin de René Plourde
199 pages
Français

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L'Étonnant destin de René Plourde , livre ebook

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Description

« Plus rien ne l’arrêterait. Ni le noir, ni ce déluge, ni la fin du monde ! René dérapa sur le limon des pierres, trébucha dans les fossés. Dans la nuit close, il perdit souvent la trace et se heurta à des arbres d’où crachait une pluie d’encre. »
René Plourde, fils de paysans, décide, à dix-huit ans, de quitter la pauvreté de son Poitou natal et de s’embarquer pour la Nouvelle-France.
Après une traversée éprouvante, il aboutira à la Rivière-Ouelle, où il finira par obtenir sa propre terre qu’il défrichera seul, au rythme des saisons. C’est là qu’il fondera famille.
Entre imaginaire et réalité, cette reconstitution d’époque relate les aventures de ce pionnier hors du commun, le premier d’une grande lignée toujours vivante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782895972303
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ÉTONNANT DESTIN DE RENÉ PLOURDE
Pionnier de la Nouvelle-France
Anne-Marie Couturier
L'étonnant destin de René Plourde
Pionnier de la Nouvelle-France
Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa.
En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Les Éditions David remercient également le Cabinet juridique Emond Harnden.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Couturier, Anne-Marie, 1940-
L’étonnant destin de René Plourde : pionnier de la Nouvelle France / Anne-Marie Couturier.
(Voix narratives et oniriques)
ISBN 978-2-89597-101-6
I. Titre. II. Collection.
PS8605.O9219E86 2008 C843’.6 C2008-906394-5

Les Éditions David
265, rue St-Patrick, Bureau A
Ottawa (Ontario) K1N 5K4
www.editionsdavid.com

Téléphone : (613) 830-3336
Télécopieur : (613) 830-2819
info@editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2008
À ma mère, Félicité Plourde
Remerciements
Pour leurs savantes annotations ou leurs judicieux conseils, je désire exprimer toute ma reconnaissance à Jacques Lacoursière, historien, Diane Bellemare, Gaëtane Blouin, Micheline Bourgault, Rosaire Couturier, Gilberte Couturier-LeBlanc, Manon Debigaré, Maria-Amélia Dockery, Julie Hubert, Jean Laprise, Amédée LeBlanc, André Lemieux, Jeanne Morin, Jeanine G.-Roy et Éric Simard.
Merci à mes filles et à ma grande famille pour leur soutien attentif.
PARTIE I
Les chemins du sang
CHAPITRE 1
Profil d’albâtre
René Plourde possédait l’étoffe des forts, des bâtisseurs. De ceux qui accomplissent toutes les tâches de la subsistance, qui ont peu, mais ne relâchent jamais. Des mains toutes d’une venue, larges comme des palmes, répétaient leur rengaine. Des doigts, longs et mobiles, habitués à grappiller, à défricher, à arracher à la vie des fragments de liberté. Mains de pionniers, sales à cœur de jour.
Haillons du paysan, pas une pelure de rechange. De même, sobriété de l’esprit. La recherche seule du pain quotidien. Nul détail, que des motifs de survie. Mais du cœur à l’ouvrage.
Cette assiduité inspirait. Ses pairs se référaient souvent à ce jeune Plourde. Ses gestes observés au fond de sa prairie aidaient, leur musique entraînait.
De même, les jeunes filles le regardaient au loin. Portée vers lui, l’une après l’autre venait le soir faire les cent pas devant sa demeure. Mine de rien, elle passait la tête par la porte laissée entrouverte à dessein, lui adressait quelque bonjour puis entrait machinalement. D’un geste large, il lui désignait le siège où prendre place. Il parlait peu, répondait par un sourire, mais écoutait avec grande attention. Lorsqu’il se dépliait pour reconduire à la porte la demoiselle, elle retenait un souffle réjoui. Ce long corps robuste surmonté d’un carré d’épaules imposant, cette façon de se tenir très droit malgré son état d’assujettissement séculaire, l’attirait.
— Un homme, un vrai!
Elle se promettait de l’attendre le temps qu’il faudrait. Pourtant, elle demeurait intriguée par cette fausse allure de « pas de problèmes », mais qui lui donnait un air hautain. Venait-il d’un autre monde? Était-il vraiment des leurs?
Une fois la jeune fille sur le chemin du retour, le jeune homme la regardait s’éloigner lentement. Ses yeux pâles l’examinaient, la soupesaient de l’épaule à la hanche, contemplaient la taille où l’encercleraient ses mains, jusqu’à sa disparition dans la brunante. Alors seulement, il se hâtait de retourner à l’ouvrage et travaillait deux fois plus fort.
— Comment faire vivre une famille avec si peu?
Payer ses redevances au roi, au seigneur et à l’église épuisait les moyens de tout paysan. Trois fois rien pour sa propre chair.
La mort de son père adoptif lui porta un coup dur. Il n’avait plus le sourire aussi facile. Même s’il continuait de se fendre à l’ouvrage, il se désintéressait de ses petits besoins personnels. Malgré tout, son attention à ses semblables demeurait. Il compatissait à leurs peines, et, à longueur d’année, se sentait comme eux, le garrot autour de la gorge à force de répondre aux besoins des plus nobles.
CHAPITRE 2
La hantise
Un impitoyable automne s’abattit sur l’ouest de la France. Depuis des semaines, il pleuvait à seaux. Un soir, après le souper, le forgeron de la commune de La Plourderie rapporta de la ville une nouvelle qui sema la consternation. Une tragédie pour ces pauvres paysans, la pire de toute leur existence.
— Bonnes gens de La Plourderie! Oyez! Oyez! Not’ cim’tière va céder.
Toutes les portes, malmenées par cette pluie diluvienne, s’entrebâillèrent autour de la place publique.
— Quoi? hurla une voix.
— Qu’est-ce que tu dis? s’exclama une autre, puis une autre et une autre.
— Ça va glisser! J’vous l’dis que ça va glisser! s’époumona Gadoys, les mains placées en cornet.
Tous se turent, paralysés par l’annonce. Les portes se refermèrent l’une après l’autre sur l’impuissance la plus totale. Malheureux depuis des siècles, ils iraient encore sur leurs grabats se débattre avec leurs fantômes pour le reste de la nuit.
— Pas avant que…, rétorqua étrangement le jeune Plourde plutôt tranquille dans l’existence jusqu’à ce jour.
— Qu’est-ce qui te prend tout à coup, le manant, le semonça une « petite voix ». Crois-tu détenir des pouvoirs sur cet événement? Tu n’es ici mieux que personne.
Et vlan!
— Voilà pour toi, René Plourde!
René rentra la tête dans les épaules pour se garantir contre la dégelée de ses gravats intérieurs qui, à chaque écart, pour la moindre peccadille, lui poivraient l’esprit.
Il attrapa son pourpoint en lambeaux et, dans la grisaille du crépuscule, se lança sur la route menant au vieil enclos funèbre où dormait son ancêtre. Depuis sa petite enfance, il n’y avait jamais remis les pieds. Un manant n’avait jamais une minute à perdre. Plus rien ne l’arrêterait. Ni le noir, ni ce déluge, ni la fin du monde! René dérapa sur le limon des pierres, trébucha dans les fossés. Dans la nuit close, il perdit souvent la trace et se heurta à des arbres d’où crachait une pluie d’encre. Piètre ramassis de boue, il gagna le cimetière au petit matin. Il ralentit, chercha à s’emplir les poumons, mais toussota plutôt. Il étouffait. Cet air se liquéfiait. Quel exécrable automne! La pluie cinglait son regard. Il plaça sa main en visière. Pendant que ses doigts tentaient de balayer le malaise de ses yeux, sa tête pivota franc nord. Par-là.
La direction à prendre, celle qui changerait sa vie. Il accéléra. Jetée à l’extérieur des lignes de cet enclos funèbre menacé de glissement se trouvait, depuis une centaine d’années, la dépouille de son aïeul, patriarche d’une lignée trop fière. Ce site ancestral évoquait tout ce qui restait de ces pauvres paysans, de leur passage sur la terre. De ces manants, soumis à l’extrême. Ce coin de leur dernier repos sis à Poitiers même, chef-lieu du Poitou, n’avait plus aucune chance par ce mauvais temps. Assis en hauteur sur les berges du Clain, il ne pourrait plus résister longtemps aux cataractes du ciel. René marcha de plus en plus vite.
— Faut que je voie une dernière fois, le faut…
Oui, revoir avec des yeux de chair l’endroit du dernier repos de son ancêtre, d’où partait sa propre vie. Se remémorer ceux qui portaient son nom, qui l’entretiendraient de lui. Fol espoir, peut-être y retrouver ses propres parents disparus sans laisser de traces, là, au bord de la tombe de leur ancêtre commun. Accourus comme lui avant l’ultime trépas du premier de la descendance des Plourde.
— Mes jambes vont me lâcher.
Fâcheuse impression qu’elles pourraient, ici même, se vider de leur propre sang s’il n’arrivait pas à temps.
Tout à ce pèlerinage nocturne, René n’avait jamais ralenti. Une dizaine d’heures à courir comme une bête après son appât; un orphelin après l’auteur de ses jours.
René ne respirait plus. Tout à coup, ses mains se portèrent à sa figure. D’impossibles images foudroyaient son esprit. Des chevaux imaginaires sortirent de sa tête et vinrent se dresser sur l’écran de pluie en face, son seul horizon. Il entrouvrit deux doigts et les aperçut. Effaré, il recula d’un pas. Pif! Paf! Les chevaux avancèrent d’un pas dans sa direction. Avant que sa tête n’ait pu les éviter, les bêtes se pr

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