L explosion inévitable du volcan somnolent
151 pages
Français

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L'explosion inévitable du volcan somnolent , livre ebook

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Français

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Description

Le lit, la vitesse et le temps. Puisqu'il semble que la meilleure manière de s'échapper reste encore l'évasion des normes temporelles, lorsque la fuite dans l'espace n'est plus possible. Présent, passé, avenir. Un homme et ses souvenirs. Un homme et ses souvenirs. Plis complexes d'une nappe vieillissante, portée par les remous d'une herbe terre et apaisante. Sans véritable, grande et unique histoire. Un libre. Un fou. Et donc un homme vivant, puis mort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296678675
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’explosion inévitable
du volcan somnolent
Targa Kolikov


L’explosion inévitable
du volcan somnolent


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2009,
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09147-4
EAN : 9782296091474

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Ariette et François Perennez


À la scientologie, et à tous ces usurpateurs de la mendicité, qui trouvent dans la détresse humaine, une richesse illimitée.
« La photographie du réel vaut-elle mieux que la toile qui l’interprète ? »
« Le rêve humain est-il plus précieux qu’un langage informatique ? »
« Le voyage intérieur dans la tête d’un fou se résume t-il à un tour du monde en fermant les yeux ? »


« Regarde, regarde, je suis bercé par la fortune. L’anneau a été trouvé.
L’homme me tendait le bras, il arborait les yeux de la folie et le manteau du honteux.
Il a le poinçon, dix-huit carats, regarde !
Devant sa misérable insistance, je m’approchai de ce personnage. La grosse bague étincelante m’apparut.
Regarde ! Elle n’est pas pour moi, j’ai de trop petites mimines. Guarda cazzo ! Je te l’offre mon ami, je suis italien. Bonne journée. »
Et l’individu fuit. En cinq petites minutes, trois cents grosses secondes, j’étais devenu détenteur d’un objet en or à multiples carats, qu’un personnage fantôme m’avait offert. (La journée commençait bien, me disais-je). Je repartais vers mes joyeuses pensées. Mais le pauvre me rattrapa.
« Tu n’aurais pas un peu d’argent mon frère ? Amico mio !
Non, sec et grave.
Si. S’il te plaît. Regarde le cadeau que tu as reçu. Donnemoi du fric pour manger. Pour avaler un panino.
Je n’ai rien amigo, sec puis grave. »
Je sortis mon portefeuille touffu où les billets d’avions témoignant de mes derniers voyages (signes d’une échappatoire rêvée ?) côtoyaient les relevés de comptes et les cartes de restaurants que j’aimais à collectionner.
« Je n’ai rien je te dis !
Allez ! Regarde dans la dernière poche frère, j’y ai aperçu quelques centimes.
Non tu te trompes. Je peux t’offrir seulement une cigarette.
Et ta carte de crédit mon ami ? Le distributeur n’est pas loin. Il nous y appelle gentiment.
Non. Seulement quelques blondes…
Redonne-moi l’anneau ! »


Je le lui redonnai et il s’en alla. Cet épisode date de quatorze ans. Quatorze longues années que je me remémore ce passage lorsque je n’ai rien à faire. Cette histoire semble depuis peu réoccuper mes vieux rêves. Et si l’anneau avait valu plus de deux euros quarante-sept ? Pourquoi ne l’avais-je pas accepté moyennant une somme modique d’argent ? L’homme l’avait réellement trouvé ou n’était-ce qu’une manigance pour me soutirer de la monnaie ? N’était-ce pas de cette manière qu’un porte-bonheur s’immisçait dans votre vie ? La remarque qui me venait d’une amitié lointaine et fragile, fut de constater que je réagissais au sentiment de l’appropriation, synonyme de perdition. Cette sensation me hanta pendant un certain temps. La puissance de la richesse caractérisée par un cercle de métal doré. Cela pouvait rendre fou et triste. Je savais que le passé ne pouvait se traverser, mais j’espérais à nouveau pouvoir toucher cet anneau avant ma mort. Ce dernier trop gros que j’avais obtenu, en tout et pour tout, une minute dans ma main blanche. J’avais même souvent eu le sentiment qu’il m’avait laissé une trace indélébile, de la forme d’un bouchon d’eau minérale sur ma paume sensible. Comme ces tatouages éternels que vous laissent chacune de vos expériences bouleversantes, cicatrices d’un temps encaissé.
Cet instant fut peut-être le départ de ma dégénérescence mentale. Je voulais être riche, drôlement riche, à en vomir. Je voulais être riche, j’en étais devenu fou. Désormais, au moindre mot en trop, je me rendais compte que je ne possédais plus assez de larmes pour rire, ni de rames pour vivre…
Chapitre 1 : Calme globalisé (ou somnolent)
La lumière symbolise la vérité. La lumière éblouit

Toute cette vague impression que laissaient les couleurs de la vie me rendait gris sans pour autant en être enivré. Je rêvais de sexe, de cul féminin, de rondeur asiatique, de temps en temps. Trop souvent ! Je rêvais d’Internet, de journaux, mensuels. De ces ensembles d’artifices qui me ramenaient à ce réel problème. Je ne savais toujours pas communiquer. Alors je baragouinais, extirpant des mots compréhensibles à tous, mais aux conséquences impensables. Je rêvais.

Présentation : Armand, âge oublié, cadre moyen. Même si cela perdait de son sens devant ce phénomène de cadralisation sociale. J’étais l’exemple typique du gars qui avait subi la pression de la demande. L’archétype de l’être humain désirant vivre à une autre époque. Croyant que vingt années en arrière, l’inacceptable l’était moins.
I.
La vie est belle, le monde ne l’est pas. Phrase simpliste qui permettait d’exclure la culpabilité du divin dans l’affaire de la misère mondiale, ce masque naturel de l’homme. Cadre bien pensant, l’image que me renvoyait la vie était cette chambre d’enfant dotée de charme et de malice. Mais confronté devant tant de mauvaises raisons, de fois qui construisaient le monde, je restais chien. J’évacuais tout sentiment de culpabilité possible. La Terre pouvait continuer de souffrir cela ne m’atteignait plus. Je priais Dieu. Ce grand individu qui n’avait pas reçu suffisamment de matériel pour offrir un toit à la majorité de son peuple (cela impliquerait-il qu’il existe une chose plus grandiose que le cachalot ? La baleine bleue…). Ce grand-père que les historiens idéologues avaient jugé bon de représenter comme un individu de race blanche avec une longue barbe lui servant de canne. Toutes ressemblances avec les intégristes islamistes étaient évidemment à exclure.
Enfin je priais le seul objet neutre, ou je me priais. L’important c’était de ne pas être vu seul. Brave solitude accompagnante.

Je n’ai pas connu beaucoup de femmes dans ma vie. Voire comprises aucune mais possédées plusieurs. Un petit groupe de princesses déchues me laissèrent entrer dans leur corps, au grand bonheur de mes recherches insatiables du savoir. D’ailleurs, que de mémoire d’homme, je ne connaissais rien de plus existant que le point de conquête d’un rayon de soleil féminin. Dans les sociétés occidentales, malgré le masque des parfums, le jeu circulait par les mots et les yeux, la communication implicite du corps faisait le reste. Avec les mains en chef d’orchestre. Tout restait sans fin. Conquérir une femme ne résidait pas dans le fait de communiquer au sens bilatéral que cette parole pouvait engendrer. Mais tout bonnement la laisser parler d’elle, jusqu’à l’épuisement des mots, autour d’un dialogue unilatéral, sans échange. La laisser nous narrer ses problèmes familiaux sous un air de romantisme, tout en hochant la tête, en contemplant ses lèvres prometteuses d’orgasmes. L’homme se définissait par nature comme égoïste. Interrogez-le, soumettez-le aux demandes inquisitrices, il vous aimera du fait de votre intérêt pour lui. Le grand génie avait osé le dire. Plus de doute. L’amour n’existait plus. Il ne devenait plus d’actualité, il était mort. Depuis trop longtemps il s’était transformé en araignée agonisante dans le coin du mur. Il restait à tout jamais cette montre sans aiguilles. Cela promettait. Dans mon bureau, le décor se permettait de sentir bon le désespoir, cette odeur de sueur capturée que même les courants d’airs ne pouvaient en rien modifier. Tout me rapprochait du sexe. Le cadre familial, moi avec mes parents, la photo du chien de mes dix ans (qui répondait au beau nom de Roccoco), celle de mes diplômes. Mon téléphone gris métallique, lui rappelant son rôle robotique et mon travail mécanique, m’offrait la possibilité de joindre la secrétaire que je pouvais prendre à chaque instant. Et pourtant, devant tant de banalité, tant de certitude, la vie n’avait plus que pour moi un goût de déjà-vu. En somme une vie de rêves pour un quadragénaire. Une vie de rêve rêvée pour un mâle mal.
Des fois il est vrai, j’avais honte de me plaindre, ou du moins d’essayer. J’osais alors m’imaginer ornant une jambe arrachée par cette folie meurtrière (où derrière se cachait des plus grandes sources d’instabilité : l’eau, la maîtrise de l’énergie et la guerre de l’image), avec une gueule de poilu reflétant toutes les merdes que les pays riches, au nom d’un patriotisme pervers, avaient déclench&#

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