La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 24 juillet 2018 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782378772628 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Philippe Frot
L’optimiste triste
Roman
© Lys Bleu Éditions – Philippe Frot
ISBN : 9 782 378 772 628
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour mon jeune fils qui, sans le savoir, m’a aidé à m’en sortir. Ce livre est pour toi Alann, pour que tu saches que même dans les pires moments, il reste toujours de l’espoir.
Chapitre 1
(Moi)
Vingt — trois heures trente. Je suis allongé sur mon lit, encore tout habillé, les yeux levés vers le ciel. Je tiens une cigarette dans une main, un cendrier dans l’autre. J’ai pris cette mauvaise habitude depuis quelque temps. Je sais que fumer dans une chambre n’est pas une chose saine, mais maintenant je dois bien avouer que je m’en fiche un peu. Un peu est un faible mot, je m’en moque éperdument. S’il fut une époque où je m’inquiétais pour ma santé, aujourd’hui cette dernière est la cadette de mes soucis. Vivre pour vivre, quel intérêt ? Je n’ai d’autre existence que d’errer dans les rues et de rejoindre ma chambre de bonne lorsque mes jambes rappellent à mon esprit qu’elles sont fatiguées. Il y a quelques mois de cela j’avais ce que l’on pouvait appeler une vie heureuse, bien ancrée dans le moule des gens souriants à qui la vie vous tend les bras comme à un ami. Désormais, cette « » putain de vie » » s’est servie de ses bras pour me faire un superbe bras d’honneur.
J’avais une maison, une femme et une petite fille, et ensemble, nous coulions des jours heureux. Nous nous étions mariés il y a vingt ans de cela et notre amour ne décroissait pas. Il y avait toujours ce rayon de soleil qui illuminait nos visages. Jamais le mauvais temps ne venait perturber nos âmes.
Je travaillais comme commercial dans une grande entreprise d’informatique et je gagnais très bien ma vie. Mon épouse quant à elle, était éducatrice pour jeunes enfants et tout le monde admirait le travail qu’elle accomplissait.
Ma tête se tourne lentement vers la gauche de mon lit contemplant ainsi l’acte de mariage que j’ai, comme un abruti que je suis, accroché au mur à l’aide d’une punaise. Je ne sais pourquoi une telle idée m’était venue à l’esprit mais je ressentais au fond de moi comme une envie de me faire mal, de me meurtrir au plus profond de ma chair. Pourquoi m’infligeais-je une telle douleur alors que j’étais déjà victime de ma morne vie ? De temps en temps, je ressortais même les photos de Chantal, mon ex, comme pour mieux sentir le fer rouge sur ma peau. Je pleurais comme un gosse en regardant le joli petit minois de Clara, ma petite fille chérie, que je ne voyais plus depuis des mois, un salaud de juge ayant décidé qu’il était dangereux pour une petite fille de huit ans de côtoyer un père dépressif. Que savait cette soi-disant justice de ma souffrance ? Savait-elle que seule ma petite fille me redonnait la joie de vivre, chose que j’avais perdue depuis fort longtemps ? J’avais toujours eu des doutes sur l’humanité de la justice, aujourd’hui, j’en étais certain, elle n’avait pas de cœur, aucune sensibilité ! Comment pouvait-on séparer un père de son enfant ? Je n’avais jamais levé la main sur ma petite, je l’aimais si fort que j’aurais pu donner un bras pour elle, j’étais simplement un papa qui avait tout perdu, un papa malheureux. Mais qu’était le mot aimer pour tous ces juges, leurs cerveaux étant trop occupés à sévir, leur provoquant ainsi leur petite jouissance de magistrats ?!
Je coulais donc des jours heureux avec Chantal et la petite quand un soir de février tout bascula dans l’horreur.
De par mon métier, j’étais amené à effectuer des déplacements deux ou trois fois par semaine. Avant chacun de mes départs, nous faisions toujours l’amour comme des fous et les séparations qui s’ensuivaient étaient des moments très pénibles à vivre pour moi. Je dis cela car la suite allait malheureusement m’apprendre qu’il n’y avait pas de réciprocité.
Ce matin-là, après un tendre bisou à ma fille et un long baiser à Chantal, je m’installai à bord de ma voiture et, après avoir vérifié que j’avais bien mes cartes de visite siglées « » François VIANET » », commercial chez DBF, je démarrai tranquillement tout en faisant un signe de la main, l’œil rivé sur le rétroviseur intérieur pour voir mes deux amours jusqu’au bout du chemin.
Je me rendais ce jour-là à Clermont-Ferrand chez un gros industriel qui voulait changer la totalité de son matériel informatique. Autant dire qu’il s’agissait là d’une grosse affaire et qu’il ne fallait absolument pas que je me loupât ! J’avais rendez-vous en début d’après-midi mais je devais arriver le matin pour déposer toutes mes affaires à l’hôtel.
Une fois sur place, je descendis mes bagages et pris congé dans ma chambre. Comme j’en avais pris l’habitude, je révisais mes fiches afin de servir le meilleur discours à mon client pour ne pas risquer de louper ma vente. Il suffisait quelquefois d’un mot de trop pour que celle-ci s’éventât ! J’avais maintenant ce que l’on appelle du métier et je savais comment pratiquer selon la personne qui se trouvait en face de moi.
Une fois mes leçons révisées, j’en profitai pour prendre ma douche me présentant ainsi à mon rendez-vous au meilleur de ma forme.
J’arrivai devant l’entreprise sur le coup des quinze heures. Une fois à l’accueil, on m’indiqua que le monsieur avait dû s’absenter pour un problème familial. Je ravalai doucement ma colère car j’avais un portable et je n’omettais jamais de communiquer mon numéro à chaque client. Un petit coup de fil n’aurait pas été de trop, pensais-je !
La seule chose qui me satisfaisait dans cette histoire était que j’allais revoir ma femme et ma petite fille plus tôt que prévu ! Je me dépêchai donc de reprendre mes affaires et repris la route, direction la maison du bonheur. Afin d’égayer au mieux mon voyage, je me mis un CD de Dire-STRAITS. Le trajet sur l’autoroute me sembla beaucoup plus joyeux. Je décidai de ne pas prévenir ma femme pour lui faire la surprise. Sur le chemin, je m’arrêtai pour lui acheter un bouquet de tulipes. Elle était toujours tombée en pâmoison devant ces fleurs et je ne ratais jamais une occasion de lui en offrir. Faire plaisir à ma belle était une chose que je ne me refusais pas. Elle était toute ma vie, celle qui me faisait avancer, qui éclaircissait mes pensées obscures. Je l’aimais comme il était impossible d’aimer et la seule idée de vivre sans elle m’était insoutenable.
Lorsque j’arrivai devant la grille de la maison, une BMW dont je ne connaissais pas le propriétaire était garée là. Instinctivement et sans savoir pourquoi je regardai les volets de notre chambre qui étaient fermés. Je sentis ma gorge se nouer et j’avais du mal à avaler ma salive. Une espèce de nausée s’empara de moi et mon corps tout entier se mit à trembler. J’ava