La Désobéissance
260 pages
Français

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La Désobéissance , livre ebook

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260 pages
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Description

Cela commence comme une histoire d'amour d'abord banale, un peu sensuelle. Puis elle se transforme en crise existentielle insolite. Trois personnages et un moteur distant, absent, dont l'existence est la question toujours posée. Dan, en quête de bonheur, parviendra-t-il à vaincre ses démons et les traverses de la vie morale ? En proie à la lâcheté des sentiments, il cède à l'héroïsme. La désobéissance à quoi ? C'est au lecteur de le deviner. La liberté, l'amour, la faute, le remords, la responsabilité sont les thèmes majeurs. C'est aussi, surtout, un hymne à la femme aimée, éternelle et toujours inacessible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 223
EAN13 9782296682924
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, Paris, 2009.
La Désobéissance
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris


http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-09833-6
EAN : 9782296098336


Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Hugues Thouand


La Désobéissance
ou la Symphonie inachevée


roman


L’Harmattan
C’est l’Eternel qui dirige les pas de l’homme,
mais l’homme peut-il comprendre sa voie ?


Proverbes 20,24
D an n’est pas heureux, je le sais. Son âme est tourmentée. Il a soif d’absolu. Une ambition muette et un orgueil grand ouvert lui ont laissé croire qu’il était appelé à de grandes choses. Il s’est vu aigri par la vie, alors qu’il n’était que la déception de soi. Les hommes peuvent-ils être heureux malgré eux ? La vie d’un homme est la somme de ses actes qui ne sont pas que leurs désirs appliqués mais également leurs faiblesses asservies. La Providence ou le hasard, comme il la nomme, y joue un rôle moindre qu’il ne le croit. La déception est le produit de son insuffisance et des illusions sur soi-même.
Dan n’a été heureux que par élans. Il s’est laissé aller à savourer sa misère faute d’un caractère assez trempé. Il s’est trop souvent abandonné à lui-même, bien que quelquefois des sursauts inattendus d’énergie aient redonné un sens à sa vie qu’il croyait perdue et dont il réclamait le terme.
L’enfance de Dan n’a pas été heureuse. Les temps étaient durs ; les hommes les avaient faits ainsi. Son extrême sensibilité et un sentiment trop aigu de soi l’ont replié en une introspection qu’il a cultivée trop assidûment. Il ne s’est pas ouvert aux autres. Sa sensualité trop vive, faculté première de la relation à autrui, s’est retournée sur elle-même quand elle ne s’est pas égarée. Les épreuves l’ont abattu au lieu de l’endurcir.
Quand il a fini sur le tard par aimer profondément et qu’il s’est engagé pour la vie, il s’est vu rédimé. Il a bravement pris en charge le couple qu’il fondait. Dan n’avait pas été reconnu par sa mère comme son amour-propre le réclamait. Donc il posa la singularité comme assise à sa nature. Reconnu par Judith dont il prisait la valeur en fondant sur elle les accomplissements dont il rêvait pour eux deux, il se prit à croire trop aveuglément en lui. Il mena son couple comme un projet d’entreprise. Judith en souffrit. Elle exprima ses mécomptes avec une vivacité qui laissa Dan interdit. Il ne la comprit pas et retourna à son isolement en chien de fusil. Leurs deux égoïsmes entrèrent en conflit. Judith était ouverte sur le monde. Elle exigeait de Dan un amour exclusif et dévot. Il en était peu capable. Il avait élargi le repliement sur soi au renfermement sur eux deux. L’établissement d’une famille et la fondation d’une demeure s’opposaient à la mondanité bien séculière que se proposait Judith. Judith était sensuelle par besoin. Dan s’en défendait et s’en effraya. Le désaccord s’aggrava. Les méprises altérèrent leur union qui ne fut plus qu’une mutuelle incompréhension permanente, plus souvent patente, quelquefois dissimulée sous des apparences de réparation. Dan obtint à l’arraché les objectifs qu’il s’était assignés. Ils eurent un fils. Ils eurent une maison. Ils furent au désert. Il eut une situation professionnelle convenable. Judith n’avait rien obtenu. Son insatisfaction devint rancœur. La véhémence de ses sentiments laissait Dan de plus en plus impuissant à les comprendre. Il était sensible au chagrin mais timoré devant la colère. Or la peine de Judith était un courroux violent. Retombé dans son mal-être d’adolescent, Dan subit les mêmes tentations. Il en devint plus inapte à répondre aux besoins existentiels de Judith. L’amour s’était amenuisé. Pour Dan, ce n’était plus qu’une affection inquiète mêlée d’une résignation à l’inévitable. Judith était moins lucide. Elle sollicitait toujours attentions et effusions qui ne pouvaient plus être spontanées. Elle remontrait et admonestait avec une constance à laquelle ne répondait que la longanimité silencieuse de Dan, parfois exténuée jusqu’à l’emportement. Judith se jugeait assurée de sa personne. Le commerce aisé qu’elle entretenait volubilement avec son entourage l’en persuadait. Elle n’était précaire qu’à son insu. Dan n’avait plus ni d’estime ni de désir pour elle, mais il se sentait le devoir de se charger d’elle. Confusément il percevait qu’il était cause de la rancidité de Judith. Son impuissance était-elle de son fait ou Judith l’y avait-elle réduit ? Dan doutait de lui-même. Il se confiait peu. En lui étaient trop d’avanies. Les désillusions l’avaient rendu amer et distant.

Ainsi était Dan.
H éloïse n’est pas heureuse, je le sais. Sa force d’âme est telle qu’elle ne paraît pas comme elle est. Elle croit si peu en elle qu’elle s’est fait une règle que de servir la société humaine dans le respect des lois. Elle s’applique à s’y conformer. Autrui passe avant elle. L’usage et l’efficience sont sa manière d’être. Son ambition est à la mesure de sa modestie. Ses mérites ont été insuffisamment reconnus, mais Héloïse n’attend pas qu’on l’apprécie à une valeur qu’elle ne s’estime pas. L’incertitude sur elle-même dont elle se ternit est la condition de sa réussite et la raison de son désarroi.
Héloïse est de nature anxieuse mais volontaire. L’obstacle la fait pugnace. Le devoir accompli la satisfait pleinement parce que son exigence fait qu’on se déprend de soi. Héloïse a plus donné qu’elle n’a reçu. Les hommes ne savent pas trop donner ; ils s’aiment trop. Ce sont ceux qui ne s’aiment pas qui donnent par humilité et souci de ceux qui leur paraissent encore plus démunis. Insatiables sont les hommes qui s’aiment. Ils sont aveugles et se perdent.
Héloïse est limpide et simple. Elle fut une enfant paisible. Elle sut taire le chagrin brutal que lui causait l’inconduite de son père. Elle plaignit sa mère sans en comprendre la résignation ni, plus tard, le dévouement dont elle accompagna son mari aux dernières heures. Elle souffrit l’injure faite à sa mère comme une souillure dont elle devait se garder. Les événements de l’enfance façonnent le visage de l’homme. C’est une empreinte indélébile qui marque le caractère. De ce qu’Héloïse détesta et aima en même temps et qu’elle jugea et souffrit tout à la fois, elle se fit une règle de vie. Elle rendrait heureux l’homme qu’elle aimerait et ne serait comblée que par lui.
Sage adolescente, Héloïse aima pour la première fois et s’engagea pour la vie. Héloïse et Ruprecht prirent courageusement la vie à bras-le-corps. Héloïse a aimé une fois et s’est donnée tout entière. Elle a accompagné Ruprecht avec ferveur et abnégation. Son engagement se voulait infaillible. L’amour qu’elle portait à Ruprecht serait leur force. Héloïse a sur les hommes un jugement prompt et juste. Elle savait Ruprecht faillible. Il adora le Veau d’Or. Héloïse l’en dissuada car elle était droite. Son esprit n’était pas enclin à la dissipation. Ruprecht ne comprit pas que l’amour d’Héloïse pouvait l’élever et le construire. Il s’adonna au péché de l’adultère. La douleur d’Héloïse fut inexprimable. Elle pensa se tuer. Mais elle se livra pour faire honte à son mari. Elle en conquit sa liberté. La petite fille docile s’était transformée en une femme résolue.
L’affront que lui faisait Ruprecht lui parut injuste. Cependant elle n’avait pas un sentiment suffisant de soi pour ne pas s’en estimer indigne. Alors elle mena sa vie avec constance et fermeté, taisant les chagrins. La conduite de Ruprecht était un désordre qu’Héloïse soutenait par une application encore plus zélée. Elle supporta les affronts en se consacrant à ses enfants qui ne reconnaissaient plus leur père. Elle entra en résignation comme on entre au couvent. Elle se maintint par devoir. Le servic

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