La falaise
191 pages
Français

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La falaise , livre ebook

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Description

Originaire des falaises de Mohammedia, Thomas aura tout à prouver pour transcender sa condition première.ŠLola, réfugiée au Maroc, avait fui avec mère et frère la guerre d'Espagne. Bien qu'issue du petit peuple, elle avait côtoyé dans son enfance les fastes d'un milieu très éloigné du sien. Emerveillée, elle grandit avec au coeur l'ambition de pouvoir accéder un jour à ce monde.ŠPar son seul pouvoir l'amour parviendra-t-il à fusionner la vie de ces deux êtres ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 82
EAN13 9782296717091
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA FALAISE
 
DU MEME AUTEUR
 
À chacun son Riad, L’Harmattan, 2002.
Jeu, Set et Match ! , Editions SDE, 2004.
Nuit de Zagora, en cours d’édition, La Croisée des chemins.
 
 
Tous les noms cités dans cet ouvrage sont imaginaires. Tout rapprochement avec des personnes existantes ou ayant existé ne peut être que le fruit d’une pure coïncidence, qui ne saurait en aucun cas engager la responsabilité de l’auteur ou celle de l’éditeur.
 
Noël Castet
 
La Falaise
 
roman
 
 
L’Harmattan
 
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13950-3
EAN: 9782296139503
 
Fedala
 
 
Une fin de journée d’automne. De lourds nuages venus de l’océan obscurcirent soudain le ciel sur toute l’étendue du marais avoisinant le littoral côtier, à l’ouest de la cité balnéaire de Fedala. La chape sombre qui s’abattit, révéla aussitôt un paysage uniforme et triste que seules parsemaient, ça et là, quelques pauvres plantes maritimes rabougries. Au nord, à la limite de la zone, les têtes emplumées des roseaux bordant les rives de l’oued aux eaux paresseuses s’agitaient mollement sous le vent qui s’était mis à souffler.
Deux silhouettes d’enfants, courbées sous la bourrasque, avançaient, hâtant le pas, dans les maigres traces d’un sentier déployant ses méandres à travers le marécage. Échappant aux pièges que leur tendait le sol vaseux, ils atteignirent bientôt le terrain sec et se séparèrent.
L’un d’eux prit la direction de la mer. C’était Thomas. Empruntant une voie montante, il s’élança dans une course qu’il dut soutenir longtemps avant d’atteindre le promontoire où, dans le jour finissant, se détachait la masse que formaient des baraquements alignés sur la crête. Cabanes aux toitures de tôles ondulées, modestes demeures de pêcheurs, plantées là, face à l’océan. Quelques lueurs tremblotantes, filtrant à travers des rideaux tirés sur de petites fenêtres, témoignaient de la vie qui pouvait régner à l’intérieur de ces habitations, sans pour autant atténuer l’impression d’abandon que dégageait cet endroit dans sa sinistre solitude. Le calme qui régnait était rompu à intervalles réguliers par le roulement incessant des vagues frappant la falaise.
Miguel, le compagnon de Thomas, partit vers le centre ville rejoindre, près du marché, la camionnette de son oncle, le señor Carlos, qui exploitait une fermette sur la route d’Aïn Harrouda.
– D’où viens-tu à cette heure ? J’allais partir sans toi ! lui dit ce dernier, en prenant place dans la « Rosalie » dont il claqua bruyamment la portière.
Miguel s’installa aux côtés de son oncle, qui tira sur le bouton de contact et lança le démarreur. Un hoquet, suivi d’une sorte de longue plainte, se fit entendre ! La mécanique semblait vouloir exprimer ainsi un complet renoncement à toute coopération !
Miguel entre temps avait commencé à bredouiller quelques vagues explications qui se perdirent dans les préoccupations plus urgentes du moment car Carlos venait de se saisir de la manivelle placée sous son siège et, s’étant porté à l’avant de la Citroën, il en introduisait l’extrémité dans son logement situé sous le radiateur…
À travers le parebrise, Miguel pouvait apercevoir le haut du crâne dégarni de son oncle qui, encadré par les puissantes épaules prises dans la veste de cuir élimée, montait et descendait au rythme des efforts déployés pour lancer le moteur. Ce ne fut qu’après quelques tours à vide que ce dernier consentit à émettre les premiers toussotements, puis il partit brusquement sur une note aiguë. Dans le même temps, les codes jaune pâle léchant le trottoir retrouvaient soudain leur pleine intensité d’éclairage ! Recroquevillé dans son coin, Miguel se tenait coi ! Une attitude qu’il comptait conserver jusqu’à l’arrivée, espérant que l’oncle tout à sa conduite renoncerait à l’interroger davantage.
On traversa la ville par des rues désertes, seuls quelques rares vélos se hâtaient. Ce n’était pas tant l’heure tardive qui en était la cause, que la pénurie générale qui sévissait en ces temps de guerre. Le rationnement touchait tous les domaines, les carburants dont les voies d’approvisionnement se trouvaient coupées, n’y échappaient pas.
Bien qu’absorbé par sa conduite, le maraîcher Carlos réfléchissait à cette situation, conscient d’épuiser actuellement les dernières gouttes d’une dotation d’essence qui, il le savait, ne serait pas renouvelée. Comment, dans ces conditions, envisager de faire fonctionner dans l’avenir son exploitation ! Déjà certains colons du voisinage avaient opté pour le retour à la traction animale ! D’autres fondaient sans enthousiasme leurs espoirs sur le gazogène, un procédé nouveau présenté comme un pis aller, qui soulevait de nombreuses interrogations. On commençait à en équiper les cars assurant la liaison avec Casablanca, mais gare aux pannes et aux caprices des démarrages !
Peut-être, pensa Carlos, fataliste, la brave Citroën effectuait-elle à présent son ultime voyage avant d’être définitivement remisée au garage.
Sur cette interrogation, il quitta la route pour prendre, entre deux rangées d’amandiers, un chemin qui s’enfonçait à angle droit dans les terres. La camionnette brinquebala une centaine de mètres à travers les fondrières avant de venir stopper aux abords d’une fermette. À l’entour, dans le large périmètre balayé un instant par les phares, ce n’était que gravats, tas de sable, monceaux de briques et de tuiles, des restes de mortier séché, des sacs déchiquetés portant les traces de l’inscription Portland, des planches de coffrages maculées de ciment ou de chaux. Lorsque Carlos coupa le contact, le noir se fit. C’est alors qu’apparut un trait de lumière, sourdant du bas de la porte qui flanquait la petite maison.
Le seuil d’entrée franchi, Miguel retrouva sa mère Maria et Lola sa sœur. Toutes deux, autour de la table centrale, semblaient absorbées dans leurs tâches. Maria consolidait les poches d’un tablier d’écolier qui avait dû souffrir, Lola était plongée dans ses devoirs. La lampe à pétrole disposée près d’elles diffusait un éclairage qui laissait dans l’ombre le fond de la pièce. Dans un recoin on pouvait distinguer une femme âgée qui, assise dans un fauteuil de rotin, venait de laisser retomber sur ses genoux un ouvrage de tricot qu’elle tenait dans ses mains avant l’intrusion de Miguel.
Le visage émacié d’Angela, la mère de Carlos, prenait dans la pénombre une teinte bistre de vieil ivoire, qu’accentuaient les deux mèches de cheveux gris échappées du fichu qu’elle portait noué sur la tête. Dans la profondeur des orbites, les yeux aux larges cernes scrutèrent l’arrivant, puis sans mot dire, après un léger hochement de tête, l’aïeule reprit ses aiguilles !
Dehors Ali, l’homme à tout faire, avait rejoint Carlos. Il lui rapportait les derniers événements du jour. Le fermier n’échappa pas à la longue litanie des problèmes qui s’abattaient sur son exploitation. Au premier chef, dès demain, les ouvriers cesseraient le travail pour retourner dans leurs douars où, disait-ils, les attendaient les tâches saisonnières, indispensables à la survie des familles restées au bled. De son côté, le puisatier se décourageait à creuser dans une pierre toujours aussi résistante, sans avoir pu déceler la moindre trace d’humidité, annonciatrice d’une approche de la nappe phréatique ! Fallait-il s’entêter à descendre encore plus bas ? Dans ce cas, le maalem réclamait une nouvelle avance d’argent ! Enfin, du côté de la porcherie, les pertes continuaient. La dernière épidémie, malgré le traitement appliqué, emportait les plus belles bêtes ! Carlos écoutait l’es

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