La Femme de personne
154 pages
Français

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La Femme de personne , livre ebook

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Description

À l’avant-garde de son temps, une héroïne fascinante qui cherche à s’émanciper et à vivre comme elle l’entend.
Thérèse est une femme envoûtante. Mère et épouse, elle est également secrétaire d’un homme important qui lui fait une place enviable dans le monde des affaires, ce qui est peu courant dans le Montréal des années 1960. Cependant, ses choix apportent leur lot de déchirements car, pour trouver l’équilibre entre un travail accaparant dans lequel elle s’épanouit et sa famille qu’elle a heurtée en chemin, les modèles sont rares et les défis, immenses. Après tout, la petite Christine a besoin de sa mère, et Raoul, toujours fidèle et conciliant après treize ans de mariage, ne sait pas jusqu’où il est prêt à aller pour la soutenir.
Thérèse peut-elle se réaliser au sein d’une société encore régie par des règles strictes? Est-elle la mère ratée, l’épouse indigne que certains condamnent ou est-elle simplement trop en avance sur son époque? Quel est le prix à payer pour demeurer fidèle à ses convictions?

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782897587895
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guy Saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec), Canada, H7L 5Z6
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
saint-jeanediteur.com
……………………………..
Données de catalogage avant publication disponibles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada.
……………………………..
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2019
Révision : Isabelle Pauzé
Correction d’épreuves : Johanne Hamel
Conception graphique de la page couverture et intérieur : Olivier Lasser
Photos de la page couverture : © Ildiko Neer / Trevillion Images
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, septembre 2019
ISBN : 978-2-89758-788-8
ISBN EPUB : 978-2-89758-789-5
ISBN PDF : 978-2-89758-790-1
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Toute reproduction ou exploitation d’un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement légal constitue une infraction au droit d’auteur et est passible de poursuites pénales ou civiles pouvant entraîner des pénalités ou le paiement de dommages et intérêts. Guy Saint-Jean Éditeur est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

J’ai toujours su que je ne serai la femme de personne, même si parfois j’oublie.
G ABRIELLE (C OCO ) C HANEL
Vient le jour où la joie et la tourmente la grâce et la détresse, l’amour et l’absence font un. Vient le jour qui arrête l’attente.
H ÉLÉNE D ORION
Devenir qui on est ne devrait pas être une lutte.
Et pourtant.
Ce roman est dédié à toutes celles et tous ceux qui doivent en payer le prix.
DÉCEMBRE 1963 PROLOGUE
L a silhouette du garçon se découpe dans le halo du lampadaire. Sur le trottoir, les gens le contournent, pressés de retrouver la chaleur de leur foyer. Lui reste immobile, malgré la pluie verglaçante qui gifle ses joues, rougit ses poings serrés. Un nuage s’exhale de ses lèvres à chaque souffle, qui s’accélère au moment où il voit une fille sortir de l’immeuble, refermant derrière elle la porte vitrée qu’il surveille depuis des jours. Elle s’éloigne d’un pas rapide. Il l’a déjà aperçue, cette fille, probablement la secrétaire qui vient de terminer sa journée, laissant les bureaux vides, hormis la dernière occupante. À sa merci.
Au même instant, l’angélus sonne à l’église voisine. 18 heures. À sa mère, il a prétexté une sortie avec un ami du Collège et à ce même ami, il a raconté qu’il avait rendez-vous avec une quelconque beauté rencontrée à la danse du samedi. Son tête-à-tête est en réalité une rencontre avec son destin. Voici enfin venu le moment qu’il attend depuis des semaines, depuis ce jour où il a surpris une conversation entre sa mère et la voisine. Petit à petit, il a mené son enquête, il est doué pour trouver des réponses à ses questions, et a réussi à remonter jusqu’à ELLE.
Une lampe s’allume à la fenêtre du troisième étage. Il doit faire vite s’il ne veut pas laisser filer sa chance. Traversant la rue au pas de charge, il pénètre dans l’immeuble, grimpe silencieusement les deux volées de marches et parvient au seuil d’une porte en chêne portant une simple inscription :
M e Solange Laroche Me Françoise Turmel Avocates en droit familial
À la vue du nom qui danse devant ses yeux, la fureur s’engouffre dans ses veines, embrase son sang jusqu’à lui chauffer l’esprit. Dans quelques secondes, il l’aura enfin devant lui ! Prenant des inspirations profondes, il caresse le canif au fond de sa poche, touche du bout de l’index la pointe aiguisée. Pousse la porte et la referme doucement derrière lui, en prenant bien soin de verrouiller le loquet. L’entrée est plongée dans l’obscurité, mais il devine de la lumière au fond du couloir. Il hésite un instant. Doit-il signifier sa présence ? Ou la surprendre ? Un bruit de tiroir que l’on referme. Le claquement des talons sur le plancher de bois. Le son d’un classeur de métal qui glisse. À ses pieds, une flaque d’eau s’est formée. Toute cette pluie qui dégouline… Il rabat le capuchon de son imperméable, puis s’avance.

Elle a cru entendre des pas.
— Maryvonne ? T’as oublié quèque chose ?
Se levant pour vérifier si la secrétaire n’est pas revenue, Françoise quitte le chaleureux éclairage de sa lampe de travail et s’aventure dans le couloir sombre. Subitement, une ombre se dresse devant elle, menaçante. Elle réprime un cri quand elle se rend compte qu’il s’agit d’un garçon, pas très grand, pas tout à fait un homme encore, portant des vêtements complètement trempés. Elle soupire de soulagement. Un jeune, inquiet sans doute, qui aura eu besoin de lui parler avant de comparaître à la Cour du bien-être social, ou en quête de conseils, ce ne serait pas la première fois. Il doit s’agir du fils d’une des mères qu’elle représente ou d’une des clientes de sa collègue.
Le garçon la dévore des yeux, tandis que la colère lui grignote le cœur : grande, bien en chair, yeux gris lumineux, traits forts, bouche mince. Il cherche sur ce visage la confirmation de ce qu’il est. En vain. Et pour emplir le vide dans lequel il se noie de seconde en seconde, cette béance qui l’entraîne au fond de lui-même, il empoigne le canif au fond de sa poche et le plante entre les côtes de la femme, fouillant les chairs de la pointe acérée. Françoise n’a que le temps de voir les yeux d’océan du garçon – les yeux de Léopold ! – de retrouver les traits de son propre père, Armand, dans le nez aquilin, les pommettes saillantes et le menton pointu, avant de sombrer dans une nuit d’encre, indifférente à tout ce sang qui s’écoule de son flanc.

Thérèse n’a aucun souvenir du trajet en voiture qui l’a menée jusqu’à l’hôpital Notre-Dame. Elle se souvient seulement qu’elle a quitté en catastrophe la fête qu’elle donne chez elle. À peine arrivée, elle se rue vers le poste des infirmières, trébuchant du haut de ses talons. À son passage, des gens se retournent sur cette beauté rousse qui, dans ses vêtements pailletés et son étole de fourrure, détonne dans le fade environnement hospitalier.
— Je cherche Françoise Turmel. Chuis sa parente… Je viens retrouver Jean-Louis Turmel, son mari.
— Oui, elle a été admise un peu plus tôt en soirée, puis transférée en salle d’opération.
— Oh ! Jésus-Christ ! C’est grave ? RÉPONDEZ !
Les yeux agrandis par l’angoisse, Thérèse se retient de secouer l’infirmière qui la regarde, imperturbable, habituée, sans doute, aux crises en tous genres. L’éblouissante jeune femme a perdu toute sa superbe, pour une rare fois. La peur qui gruge son ventre s’est enroulée autour de son cœur, étrangle sa gorge comme le mouvement constricteur d’un boa autour de sa proie. Elle ouvre la bouche pour avaler l’air, soutenue par l’infirmière.
— Ça va aller, calmez-vous. On s’en occupe bien. Le docteur va venir vous donner de ses nouvelles bientôt. Venez, on va aller vous chercher de l’eau…
— Un café, ça se peut ?
Même si le choc de la nouvelle de l’agression qu’a subie sa cousine lui a fait l’effet d’une douche froide, Thérèse a besoin de faire se diluer les dernières vapeurs d’alcool avant d’affronter les prochaines heures, dont l’issue incertaine la glace de terreur. S’il fallait qu’il arrive quelque chose à Françoise… Serrant les mâchoires, Thérèse repousse violemment cette pensée et concentre son indomptable énergie à rejeter cette hypothèse. Tant qu’elle vivra, sa cousine vivra aussi. L’infirmière l’amène vers une petite s

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