La part de l ombre
152 pages
Français

La part de l'ombre , livre ebook

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152 pages
Français

Description

Avez-vous déjà rêvé ou imaginé que vous pouviez connaître les pensées les plus secrètes des autres, ce qu'ils ressentent ? C'est ce qui arrive depuis l'enfance à cette jeune femme, étudiante en anglais à la Sorbonne et passionnée de photographie. Jusqu'au jour où, pensant prendre sur le Pont des Arts la photo du couple parfait, elle s'aperçoit au développement que derrière eux se tient un jeune homme désespéré, prêt à se jeter dans les eaux tumultueuses de la Seine. Comme alors une quête pour le retrouver, et par là même trouver qui elle est vraiment.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140043963
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait


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IGNAUX
JeanneFrance BIGNAUX
LAPARTJeanneFrance B DELOMBRE Roman DE L’OMBRE
LA PART
La part de l'ombre
Jeanne-France BIGNAUXLA PART DE L'OMBREROMANL’Harmattan
Du même auteur :
L’If de Moone,éditions L’Harmattan© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12166-6 EAN : 9782343121666
PROLOGUE
Je me souviens du jour où je suis née.
Cela m’est toujours apparu comme une évidence: on nedevient pas qui l’on est; on l’est dès le départ.C’est-à-dire, avant le premier jour.
Je me souviens de l’envie de vivre, dans le ventre de ma mère. Je me souviens du sentiment de victoire lors du Premier Éblouissement: j’avais réussi sans doute le plus dur, arriver au monde, et j’allais pouvoir réaliser ce pour quoi j’étais là.
Ce sentiment, avec lequel j’ai grandi, ainsi que mes premiers souvenirsla maison où j’ai vécu jusqu’à l’âge de trois mois, l’attente raisonnée d’une mère qui ne vient pas quand j’en ai besoin, ma propre conscience –m’ont toujours semblé naturels. Quelle stupéfaction de découvrir, plus tard, que j’étais la seule! Qui croira sans me croire folle que je me souviens de choses vues ou entendues à l’âge de deux mois?Il fallut s’habituer aux regards intrigués de ceux à qui je me confiai, en même temps que grandissait en moi la capacité de lire ces regards.
Ensuite, vîntl’empathie. Mes premiers jours d’école, les bleus, les coups; l’idée qu’être avec les autresétait insupportable. Le conseil d’une maîtresse, qui n’en pouvait plus de gérer la violence des autres enfants : « Tape-leur dessus aussi ! »Ce n’est pas possible, je vais leur faire mal. Il fallut s’habituer aussi à ressentir –aléatoirementce que les autres ressentaient, à l’occulter lorsque celam’aurait fait presque perdre la raison.Je détourne le regard, cette misère-là, cette douleur-là, si je la partage, j’explose…Je peux parfois capter les émotions
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des autres, comme une antenne. Je ne sais pas l’empêcherni le provoquer.
Enfin,à l’adolescence,vinrent les visions. Au début, je pensaisqu’il s’agissait d’untrouble de ma conscience, ou de projections imaginaires. Entre mes yeux et le spectacle de la vie s’intercalait une image qui m’apparaissait plus vraie que la vie elle-même. Un flash d’une seconde. Un accès inimaginable à un moment surl’axe du temps; toujours intempestif, involontaire, sans contrôle possible. Le sentiment que j’éprouvai la première fois que le flash se déroula dans la vie elle-même : une paralysie absolue, du corps et des sens. Comme si je m’étais extraite de la ligne du temps à ce moment précis, puisque je m’y étais déjà trouvée…
Et la prise de conscience indissociable : puisque les choses sont destinées à se produire, tout est donc écrit. Tout est donc inéluctable. À quoi sert-il de le savoir ?... sinon à se préparer ?
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Chapitre 1
Le dernier jour
Ce soir d’octobre, je quitte la fac un peu tard. Le cours surle Songe d’une Nuit d’Eté, dont est en charge un professeur sans doute aussi vieux que l’amphi lui-même, a été soporifique, et nous nous sommes tous attardés à discuter devant la Grande Bibliothèque pour organiser le week-end à venir ; le vent qui emporte les feuilles des arbres et de papier nous attend sitôt la grille de la Cour d’Honneur franchie, et en arrivant à la station de métro, tandis que nous nous apprêtons à nous dire au revoir, je décide de rentrer à pied.
Ma tante me loue une chambre de bonne au sixième ème étage d’un tout petit immeuble,le 6 dans arrondissement, à une bonne demi-heure de marche de l’université, et hormis quelques fois où je vais délibérément m’entasser avec les autres humains dans des rames bondées où, compressée, je suffoque, histoire de me rappeler ce qu’estl’humanité de nos jours,je préfère généralement rentrer à pied. C’est donc ce que je fais, ce soir-là, le sac chargé de cours, mon appareil photo en bandoulière sur l’autre épaule.
Tandis qu’au-dessus de ma tête, le ciel parisien, bordé par le sommet des immeubles,s’assombrit, je ne peux m’empêcher de revoir ce même ciel commeje l’aiconnu, à Gisors, oùj’ai grandi. Là-bas, il n’a jamais été limité, contraint, confiné à un morceau de paysage. Il peut s’étendre et lécher la campagne,embrasser les bois, englober le monde. Les plus belles photos de ciel, je les ai prises à Gisors. Le ciel peut y être entier. Un pincement au cœur,je songe au ciel sur la mer. Jen’ai jamais vu la mer.
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